Sons d'hiver (4 février 2022)
Sommaire
Oberbaum : We Yearn
Après avoir officié en tant que claviériste et choriste chez Condore, Fabiola ou encore les Juliens, Lucie Rezsöhazy se lance en solo avec le projet Oberbaum (« Arbre supérieur » dans la langue de Goethe), nommé ainsi en hommage à l’ « Oberbaumbrücke » le plus beau pont de Berlin, sa ville de cœur. Lucie crée avec ses chansons piano-pop une musique sensible et lumineuse saupoudrée d’un soupçon de mélancolie, évoquant par moments Cat Power ou encore les Dresden Dolls. Très bien entourée aussi bien en studio qu’en Live par Aurélien Auchain ( Montain Bike, June Moan) à la basse et Antoine Pasqualini (Monolithe Noir) à la batterie elle défend ses jours-ci son album à venir The Absence Of Misery. À noter que le clip bucolique et estival de "We Yearn" tourné dans les Ardennes belges et en Flandre et réalisé par Gilles de Voghel n’en finit pas d’être nommé et de remporter des prix dans de nombreux festivals ("Best Music Video" au Europe Film Festival…). (IK)
Le 05.02 à Bruxelles
Le 12.02 au Piano Bar à Namur
Le 18.02 au Centre Culturel de Jodoigne
Le 26.02 au Hangar (+ Gros Cœur) à Liège
à suivre ici
Hills of Belgium : Hills of Mexico (autoproduction)
Les Appalaches en Belgique, version 1905 ? Le groupe Hills of Belgium propose un dépaysement et un voyage dans l’histoire avec un mini album composé de cinq titres. Jérémie Fraboni et Lorcan Fahy associent leurs voix mais surtout le banjo et le violon dans des airs traditionnels de musique old time américaine. C’est une musique simple et acoustique mais puissante, comme celle qui était jouée par les « hillbillies » sur les porches de leurs maisons pour divertir leur famille et leur communauté. On y sent le mélange des traditions, l’amalgame des airs européens, irlandais, anglais, emportés aux États-Unis par les immigrants (Fahy connaît bien les musiques irlandaises) mais on y retrouve aussi un instrument, le banjo, qui a des origines africaines, arrivé dans la région par l’intermédiaire des esclaves qui ont transformé les luths d’Afrique de l’Ouest. Cette musique ne manque cependant pas modernité ; elle est en constante évolution et a toujours le pouvoir de créer une atmosphère très particulière. (ASDS)
Cere : Endless Days (Black Basset)
Dans la catégorie du boucan multi-chapelles noise rock/punk/post-hardcore 90’s/post punk larsenisé, Cere se « pose » plus qu’un peu là ! Genre mini tsunami sonique (en durée) ravageant contentieusement les esgourdes sans pour autant abrutir la structure neuronale qui doit gérer le choc retour. Triangulaire (la formule rock qu’on sait parfaite depuis Hüsker Dü/Nirvana/Metz) basée à Bruxelles, composée de Pierre Toussaint à la basse (Mont-Doré, All Caps) et devant le micro, Quentin Szuwarski à la guitare (et à l’artwork de l’EP) et de David Temprano aux futs, Cere envoie ses brûlots du côté d’un USA Nails qui aurait troqué son batteur originel contre le James Plotkin de l’époque Phantomsmasher (les rythmes caractériels traversés de lézardes bruitistes). Un premier EP de 6 titres vicieusement prémonitoire nommé Endless Days (tu m’étonnes !) est sorti en numérique chez les Carolos qui ont toujours du chien de Black Basset Records (La Jungle, Quadrupède, Billions Of Comrades…) en septembre 2021. Une demi-douzaine de missiles sonores qui s’aventurent rarement au-delà des 3 minutes, entre sprints au milieu d’une mêlée de Maoris furieux (l’ouverture « Uncanny Valley »), hymnes à l’étouffée façon Dazzling Killmen revu et corrigé par Blacklisters (« Roses »), et pop menée au bord de l’apoplexie hardcore (« Exit Road », comme du Cloud Nothing soigné à l’EPO). (YH / photo : Maxime Demière)
Pour les amateurs d’acouphènes et de bruit qui tache, Cere est en mini-tournée le 4 février prochain au Barboteur (Bruxelles) et le 30 avril au Canal 10 (Hautrage).
Carate Urio Orchestra : Cosmos (autoproduction)
On avait découvert le clarinettiste et saxophoniste anversois Joachim Badenhorst à la fois sur scène lors de plusieurs concerts organisés dans la capitale belge des musiques improvisées, via les sorties de son très inspiré (et bien nommé) label Klein et via une très belle cassette sortie sur le label bruxellois santé Loisirs et enregistrée in situ à Kitakata au Japon (dont une jam session avec des une chorale d’oiseaux). Carate Urio Orchestra est le groupe de Joachim Badenhorst – par ailleurs bassiste de rock à un moment de son adolescence – avec lequel il se fait plaisir à enregistrer des chansons. Avant ce tout nouvel album le groupe avait déjà sorti quatre disques entre 2013 et 2017. Pour celui-ci, qui sort à la fois en LP et en CD, en écho à son titre, le septet international (cuivres, instruments acoustiques et amplifiés, jazz et rock et jazz – Belgique, Irlande, France, États-Unis) propose une sorte de musique en apesanteur, à la fois facile d’écoute et inventive dans ses formes, jamais « plan-plan » ou banale. Ponctuellement des voix – chantées ou parlées, en néerlandais ou en anglais – se frayent un passage au milieu des nappes de sons, des beats et viennent s’accrocher aux mélodies pour nous raconter l’histoire de Doug, un homme flottant avec quelques batraciens dans l’espace dans une mini biosphère ayant sauvé de l’écocide le dernier marais d’une Terre agonisante. (PD)
Oren Ambarchi : Live Hubris (Black Truffle)
En mai 2019, le Café Oto, à Londres, a célébré les 10 ans du label Black Truffle, et les 50 ans de son fondateur Oren Ambarchi, avec une relecture de son album Hubris, de 2016, par un « supergroupe » constitué d’amis et collaborateurs réguliers. Bouclé en trois jours de répétition, le résultat de cette entreprise, pourtant un exercice souvent risqué, s’est révélé tellement impressionnant de cohésion et d’énergie, que le label s’est décidé à éditer aujourd’hui ce concert en disque. Plutôt qu’une description de l’album, une simple liste des intervenants est déjà un argument suffisant pour vous donner envie de jeter une oreille à ce Live Hubris, et à regretter d’avoir manqué l’événement. Outre Oren Ambarchi, on trouve six guitaristes : Adam Scheflan, Francis Plagne, François Bonnet, James Rushford, Joe Talia, Julia Reidy, trois batteurs : Andrea Werliin, Joe Talia, Will Guthrie, à la basse Johan Berthling, Mats Gustafsson au saxophone, Konrad Sprenger à l’électronique, Crys Cole à la voix, Eiko Ishibashi à la flûte et électronique, et Jim O’Rourke à la guitare synthétiseur. Le défi pour cet orchestre a été de construire une pièce évoluant progressivement, sans sombrer dans le chaos et sans que toutes ces individualités ne s’annulent, vers un final extatique d’une grande intensité. (BD)
Julie Normal et Aymeric de Tapol : VOLT 245 (autoproduction, 2009)
C’est l’histoire d’un duo entre Ondes Martenot et Korg MS10 (et l’intervention du mini clavier sampleur Casio SK100). Julie Normal a joué de la basse et des claviers dans plusieurs groupes avant de se consacrer à cet instrument rare inventé en 1928 par Maurice Martenot, qu’elle a étudié auprès de Christine Ott et Thomas Bloch. En plus de ces récitals en solo, elle collabore avec de nombreux musiciens, occasionnellement comme avec Phil Minton, Cascadeur, Rodolphe Burger ou encore Winter Family, ou plus régulièrement, avec Olivier 2Mo dans le groupe Accident du Travail (publié chez Vlek en 2019), avec les John Merricks dans le groupe psyché-rock Draïek, ou bien encore ici avec Aymeric de Tapol dans le duo VOLT 245. Un Cd-R du projet avait été publié il y a longtemps (en 2009 pour être précis), enregistré à Strasbourg (au Soylent Green studio pour être précis) mais l’objet n’a pas survécu aux dommages du temps. Voici donc une nouvelle édition de ce duo du Grand Est, via Rome et Bruxelles, mélangeant deux langages électroniques hétérogènes, aux sonorités distantes mais complémentaires. (BD)
Secte : Secte (La Face cachée)
Après un mini-album en 2018 chez FF HHH, le duo Secte publie en ce mois de janvier son premier album sur le label La Face cachée. Composé du guitariste Grégory Duby (Jesus is my son, Solah) et du batteur David Costenaro (Vitas Guerulaitis / Tat2Noisact), le groupe brouille les pistes en accumulant styles et influences, musicales et géographiques. Un orientalisme diffus croise des chevauchées teutoniques, le jazz se met au surf et des balades abyssines annoncent des transes de sorcières. On est toutefois loin du simple patchwork exotique et toutes ces influences ont été mûrement mâchonnées avant d’être recomposées. La formule du power-duo rend les morceaux extrêmement directs ; leur ampleur, comme leur audace, est sans fard. (BD)
Une sélection d'Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Benoit Deuxant, Yannick Hustache et Igor Karagozian.
Illustration de bannière : Secte