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Sons de printemps - avril 2022

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Le printemps est en zone tempérée la saison des giboulées. Il est caractérisé par une alternance de pluies et de journées ensoleillées et par la fonte des neiges. Cette fonte survient plus rapidement en plaine qu'en montagne. Aussi il est fréquent que les habitations et les champs situés près des cours d'eau soient inondés durant la nouvelle saison en raison du sol gorgé d'eau. Les quelques propositions sonores qui suivent correspondent à cette alternance de précipitations, de luminosité et de calme intempestif.

Sommaire

Juanita Euka – Mabanzo (2022)

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Donner une image de Juanita Euka est comme assembler un puzzle.

Née en RD Congo, elle a été élevée en Argentine et a vécu longtemps au Royaume-Uni. Les trois premières pièces placées, plaise à nous d’en rajouter trois autres : sa participation au collectif libérateur Animanz, énergique et dansant (funk, rumba, cumbia, afro), sa collaboration avec le London Afrobeat Collective et avec la musique afro-cubaine de Wara. Trois autres encore : elle chante en lingala, en espagnol et en anglais.

Ça fait neuf, nouveau comme Mabanzo (« Pensées »), son premier solo, pensé à partir d’histoires d’amour, de peines, de liberté et de spiritualité.

Dans ce patchwork musical, Juanita passe promptement d’un style à l’autre, de la milonga campera (1) ("Sueños de Libertad") à la salsa pop (« For all it’s Worth »), de la rumba cubaine (« Baño de oro ») au funk chic (« Blood »).

Épinglons encore deux morceaux à notre assemblage. Avec ses cuivres afro-beats, sa guitare congolaise, la cadencée « Nalingi Mobali Te » est parfaite pour la piste de danse, joyeux malgré les paroles qui parlent de rupture amoureuse et de tromperie. Ensuite, la superbe « Alma Seca » (« Âme sèche »), nous pousse étonnamment à la lascivité grâce à ses claviers soyeux et son atmosphère sensuelle.

Zut ! Il nous manque une pièce pour terminer notre puzzle qui doit en compter douze. Douce « Irresolute » est d’un romantisme trop sirupeux. Ou alors « Camarades », qui est le seul morceau chanté en français ?

Non, lecteur, ton choix de la dernière pièce sera le tien !

[Daniel Mousquet]

(1) La milonga campera est un style de musique argentine jouée et dansée dans les campagnes et les montagnes.

Saturno 2000 – La Rebajada de Los Sonideros 1962-1983 (Analog Africa)

Insatiable explorateur des musiques africaines et latino-américaines, Samy Ben Redjeb sort en ce mois d’avril sur son label Analog Africa une compilation de rebajada. Ce style qui s’est diffusé du Pérou au Mexique est basé sur la cumbia colombienne, mais sa caractéristique principale est le ralentissement des rythmes. Les sonideros mexicains, les dj des sound systems, se sont rendus compte que la cumbia s’adaptait bien aux pas de danse locaux mais qu’elle était trop rapide. Ils ont alors expérimenté avec leur équipement, et le nouveau courant, nommé rebajada (« réduit ») était né. Il en résulte une musique très psychédélique, mêlant le son des synthétiseurs à des airs plus traditionnels, avec parfois une touche de guitare électrique morriconienne. (ASDS)

Plus d’informations sur la cumbia mexicaine sur mondorama : https://mondorama.pointculture.be/amerique-centrale/le-mexique/cumbia-une-multitude-de-formes-locales-et-meconnues/

Chicha Popular: Love & Social Political Songs from Discos Horoscopo 1977​-​1987 (Rebel Up !)

Le label bruxellois Rebel Up ! explore depuis une dizaine d’années les musiques électroniques et traditionnelles du monde, ainsi que celles de la diaspora basée en Belgique. Cet album s’intéresse à la chicha, un autre style dérivé de la cumbia colombienne, mais aussi des huaynos péruviens. Née dans les barrios bajos (les bidonvilles) de Lima et des cités au pied des Andes, la chicha (un nom qui renvoie à l’alcool local) a vu le jour au milieu des années 1970 et est devenue très populaire durant les années 1980. Musique des classes populaires, elle aborde souvent des textes liés à la vie quotidienne, racontant des histoires d’amour mais parlant aussi de politique. Cet album présente une sélection de chansons issues du label Horoscopo. Les rythmes sont enlevés et les sonorités psychédéliques, tout particulièrement quand il y a de la distorsion. (ASDS)

Thot - Méandres (2022)

5 ans déjà séparent Méandres, EP 3 titres qui vient de paraître ces jours-ci (le 19/03/2022) de Fleuve, denier long format en date sorti en 2017 ! Un silence radio seulement rompu par leur reprise de "What Shall We Do Now?" des Flamants Roses (ou Pink Floyd). Comme le suggère l’intitulé des deux dernières sorties, le grand changement vient sans aucun doute de l’adoption ou du passage au français pour Grégoire Fray et ses fidèles acolytes, fondateur, le compositeur, vocaliste principal et cheville ouvrière de Thot, en activité maintenant depuis au moins 2005 !

Au départ projet quasi solo du seul, Fray inscrit dans la longue traine du Nine Inch Nails/Filter des débuts mâtiné d’effluves electro-industrielles, de souvenirs darkwave poisseux et de réminiscences post & art rock, Thot est aujourd’hui un véritable collectif mixte au chant partagé. Méandres, écrit juste avant la « grande paralysie de 2020 », se compose de trois morceaux qui ondulent entre calme avant la tempête et retenue dans l’œil d’un cyclone toujours sous contrôle. Le son a gagné en massivité, la basse se fait plus serpentine que jamais, mais les mélodies, régulièrement à deux voix tentent de malgré tout de s’échapper vers des cieux plus dégagés bien que toujours incertains. En entrée « Euphrate » joue de cette complémentarité M/F (chant de Juliette Mauduit) et monte progressivement en tension pour se terminer dans une quasi épiphanie post-metal et épique. À la suite, l’emporté « Batteleur » (inspiré de la carte tarot du même nom), enfonce le clou tout en lacérant sa langue maternelle et lui infliger quelques stigmates théâtraux (qui se souvient des Tétines Noires ?) et de terminer la charge en mode duo masculin féminin. Enfin « « Sleep Oddity » (…) conclut Méandre à la façon d’un conte (chanté) de Grimm. Une mélopée à deux voix au centre d’un brouillard de guitares lestes et de lignes de synthés crades mêlés qui semblent chercher la sortie…en vain ! (YH)

https://www.facebook.com/groups/1422013841459937

Kinex Kinex - Artefact (2022)

Second album pour Kinex Kinex (après « Polytheistic Christmas » une cassette 7 titres en 2015 et Neon Park, uniquement en digital en 2020), groupe d’un seul homme, Raphaël Haubourdin, pas tout à fait inconnu puisque responsable de deux albums avec son autre (véritable) groupe Organic (deux disques parus, Under Your Carbon Constellation en 2012 et Empty Century en 2015). Encrées dans une veine post-punk option darkwave les compositions de Kinex Kinex ne cherchent en rien à masquer leur empreinte ‘80s dans l’âme, leur couleur noir anthracite de fond et le filet de textures synthétiques glacées et industrielles qui les habillent.

Mais jamais Neon Park ne vire à l’exercice de style purement revivaliste (très présent en Belgique) et charrie bel et bien une inquiétude typiquement contemporaine. Probablement écrit et composé durant l’éclipse culturelle 2020-2021, le disque frôle la schizophrénie dans ses (quasi) monologues chantés en anglais ou en français et emprunte quelque fois les accents distanciés et sardoniques du Michael Gira (Swans) des disques solo ou « apaisés ». Une langue française traitée ici comme un idiome purement musical, de façon presque machinique. Et c’est bien.

Autre caractéristique de ce disque à jouer de préférence dans un noir quasi complet, sa dimension rythmique affirmée qui rappelle dans sa patine obstinée le second album, Alliance des (toujours) merveilleux K-Branding.

Replié sur ses abîmes synthétiques obscurs et urbains, Neon Park brasse aussi un imaginaire cinématographie musical expansif. Des odyssées spatiales et politiques en quête d’origine façon Battelstar Galactica (le remake des années 2000) à la suite inespérée de Blade Runner, située en 2049. Les futurs dystopiques n’ont jamais paru aussi insidieusement séduisants. (YH)

https://www.youtube.com/channel/UC2Q3hLGDUfdYw6YCYd77VcA

Whatever the weather - Whatever the weather (2022)

Annoncé comme le side-project ambient de Loraine James, Whatever the weather échappe pourtant très rapidement à toute classification simpliste. Loraine James a réussi en quelques années à s’imposer comme un élément incontournable de la scène électronique de Londres, produisant deux albums et un EP pour le label Hyperdub, qui remettaient en question le son du label. Il est tentant de voir ce nouveau projet comme un album de confinement, ce qu’il est sans doute en partie, mais il fonctionne surtout comme une pause contemplative et rêveuse, hors de la musique à finalité dansante qu’elle produit habituellement. Cela ne veut toutefois pas dire qu’on ait à faire à un album uniforme d’électronique reposante. Au contraire, si la construction du disque évoque avant tout des ambiances, il s’agit d’atmosphères très contrastées, intitulées selon leur température, leur ensoleillement ou leur pluviosité moyenne. Ici la chaleur est synonyme de langueur, presque de somnolence, tandis que les chutes de température encourage l’activité. On passe donc de plages de claviers irisés à des déferlements de percussions frénétiques avant de revenir à des expérimentations associant rythmiques irrégulières et vocaux trafiqués. Comme son nom l’indique, Whatever the weather est une réponse musicale à une alternance capricieuse et imprévisible d’émotions, de climats, aussi saisonniers qu’arbitraires. (BD)

Ensemble Kheops - Brahms, Berg, Zemlinsky

Fondé en 2006, l’Ensemble Kheops doit son existence à l’initiative de quatre musiciens et musiciennes belge de renommée internationale : le clarinettiste Ronald Van Spaendonck, la violoncelliste Marie Hallynck, le pianiste Muhiddin Dürrüoğlu et la harpiste Sophie Hallynck. A ce socle de base viennent s’ajouter des artistes invités qui permettent d’accéder à un vaste choix de répertoires de musique de chambre ainsi qu’occasionnellement à la musique traditionnelle ou au jazz. Cet enregistrement réalisé au Studio 1 de Flagey nous transporte à Vienne, au tournant des XIXème et XXème siècle. Y sont conviés Johannes Brahms, Alexander von Zemlinsky et Alban Berg, dans des œuvres avec clarinette. Le Trio op.114 de Brahms, considéré comme une étude préparant au Quintette pour clarinette et quatuor à cordes op.115 est remarquable dans son équilibre entre instruments pourtant si différents, et particulièrement poignant lors ses dialogues entre le violoncelle et la clarinette. Presque contemporain, le Trio op.3 de Zemlinsky dont la composition fut entreprise peu de temps après une rencontre entre les deux compositeurs, offre beaucoup de similitude avec celui de Brahms. Encadrées par ces deux trios, les Quatre pièces pour clarinette et piano de Berg annonce déjà la révolution musicale de la Seconde Ecole de Vienne, avec ses traits musicaux à peine esquissés et chargés de mystère. Le programme compte aussi l’Adagio du Kammerkonzert de Berg arrangé par lui-même pour violon, clarinette et piano et écrit sur le principe de la série dodécaphonique. Un très beau disque, stylistiquement cohérent et servi par des musiciens talentueux. (NR)

Park Jiha – The Gleam (2022)

The Gleam est le troisième album de la multi-instrumentiste coréenne Park Jiha. Comme sur les précédents elle compose des pièces dont elle joue seule tous les éléments, associant les sonorités particulières des instruments de la musique classique coréenne : le hautbois piri, la cithare yanggeum ou encore l’orgue à bouche saenghwang, parent du Sheng chinois et du shô japonais, qui orne la pochette du disque. L’album s’est construit autour d’une thématique dérivée de l’une des pièces : « Temporary Inertia », concue à l’origine pour une performance destinée à un bâtiment de l’architecte Tadao Ando (le musée San à Wonju, en Corée), dont l’atmosphère change radicalement en fonction de l’ensoleillement, au cours de la journée, au fil des saisons, grâce aux installations de James Turrell. De cette expérience est née l’idée de concevoir une série de compositions évoquant la lumière et ses différentes variations, depuis les premières lueurs de l’aube jusqu’au crépuscule, saisissant au vol les oscillations de sensations, les fluctuations d’émotions, que la luminosité impartit dans l’esprit de l’observateur. (BD)

Une sélection d'Anne-Sophie De Sutter, Nathalie Ronvaux, Yannick Hustache, Benoit Deuxant et Daniel Mousquet.

Illustration extraite de la video accompagnant le morceau 17°C de Whatever the weather.

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