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Pointculture_cms | playlist

Sons de printemps - Mai 2022

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Vous vous demandez quoi écouter en ce moi de mai. Vous vous demandez ce qu'on écoute en ce printemps. Vous vous demandez ce qu'on a à vous recommander. Voici quelques suggestions, en tous genres, en tous sens, dans le désordre le plus complet, et nous l'espérons, le plus réjouissant.

Sommaire

MiRA CÉTii – 11 Cailloux & 1 Météore

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À l’aube, certaines étoiles prolongent la nuit. MiRA CÉTii est l’une d’elles, et la lumière qu’elle diffuse lors de ses concerts se poursuit à l’aurore jusqu’au jour ensoleillé. Aurore Reichert a choisi ce nom pour illuminer la scène en solo.

Étoile filante passée à Verviers il y a quelques jours, elle continue de tourner en France pour faire scintiller sa trilogie d’EP et ses Cailloux & Météores, son album de 2020.

Il fallait, après deux révolutions de la Terre autour du Soleil, dépoussiérer ces cailloux et météores musicaux. Passée l’éclipse, croît un nouveau disque de remixes, un suffixe au précédent.

À la fin de chaque mois de 2022, une version inédite des onze titres descendra du ciel sur Bandcamp (téléchargeable gratuitement), et le douzième sera un cadeau surprise de fin d’année, soit 11 Cailloux & 1 météore (Céti pas beau tout ça, dis ?).

La voix de Mira Cétii est aérienne et douce. La musique est atmosphérique : tribale, féérique, électro ou pop intelligente et raffinée. Les paroles ont pour thématiques, la peur, le voyage, l’émerveillement et le rapport à la nature. Et toujours la poésie comme ligne d’horizon, toujours éclatante. (DM)

Ben Pritchard - Up in Air

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Dernière parution en date du label bruxellois Okraïna, ce double 10-inch, illustré comme à l’accoutumée par Gwénola Carrère, est consacré à Ben Pritchard. Le musicien londonien était déjà responsable d’un album, A Drawn Out Line, publié en 2015, pré-bandcamp, sur le label Wagtail, dirigé par Ashley Paul, et de contributions sporadiques à des compilations (comme celle de No-Audience Underground Tapes, où figuraient également Delphine Dora et Mocke, également responsables d’un album sur Okraïna). Enregistré quelque part entre Vilnius et Londres, ce nouveau disque met en avant les chansons fragiles et la voix lancinante de Ben Pritchard sur un fond musical qui tangue, qui vacille, qui clopine cahin-caha. Ben Pritchard y joue guitare et percussions et est accompagné pour l’occasion par Otto Willberg à la contrebasse et Sholto Dobie avec un orgue portatif de sa conception. Encore une fois le jeu des comparaisons ne rend pas forcément hommage à l’originalité du musicien, on peut penser à Bill Callahan ou Will Oldham pour la voix, à Loren Mazzacane Connors ou Richard Youngs pour la guitare, mais Ben Pritchard produit ici avant tout une série de pièces instrumentales et de chansons éminemment personnelles. Les cordes de sa guitare qui bourdonne et sonnaille s’y mêle aux drones raclés et soufflés de ses deux acolytes et creusent un lit sur lequel il dépose ses textes où le banal côtoie le fantastique et où l’intime coudoie l’universel. (BD)

Lucia Nimcová & Sholto Dobie – Dilo

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On retrouve Sholto Dobie, non plus comme musicien [cf. disque ci-dessus] mais comme preneur de son, dans le très beau LP (contenu sonore et pochette se répondent particulièrement bien) de collectage qu’il a réalisé avec l’artiste et photographe Lucia Nimcová. Résultat de deux ans d’enregistrements de terrain, Dilo permet d’entendre une sélection de khroniky, chansons folk (parfois dures, souvent drôles dont une importante sous-catégorie de chansons se moquant du mariage et de chansons consacrées aux organes sexuels féminins, nommées potka) de la communauté rusyn (population des Carpates vivant à cheval sur la Slovaquie, la Serbie, l’Ukraine, etc.). Les enregistrements par Nimcová (elle-même issue de la branche slovaque de la communauté rusyn, même si elle vit désormais à Addis Abeba !) et Dobie de ces chansons souvent dénigrées voire occultées pour la crudité de leurs textes, les donne à entendre dans une version brute, parfois rêche, bien loin du son irréprochable d’un hypothétique studio, captées in situ là où elles sont nées et se sont perpétuées, au milieu de field recordings des sons d’une vie quotidienne rurale (bassecour, chiens, machines agricoles, etc.) qui suit son cours autour des chanteuses et chanteurs amateurs. [PD]

compilation Santé Loisirs Music Club

Non seulement amateur-défricheur-diffuseur de country music et musicien lui-même Eric Kinny est aussi graveur et cheville ouvrière du microlabel Santé Loisirs. Au croisement de ces deux dernières pratiques (graver le bois et partager ses coups de cœur musicaux), le jeune Bruxellois a sorti une quinzaine de références d’artistes locaux et internationaux (français, nord-américains) surtout sous la forme de cassettes lovées dans de belles pochettes imprimées à la main. Pour cette seizième sortie, Santé Loisirs propose une compilation numérique présentant en vint-et-un morceaux et une soixantaine de minutes sa famille musicale élargie. Entre chanson, pop électronique ou francophone, musique en chambre, douces expérimentations on y croise les habitués de la maison (le schaerbeekois Le Ton mité, le saxophoniste flamand Joachim Badenhorst, Eric Kinny lui-même, l’Américain Zach Philips, etc.) et quelques nouveaux correspondants étrangers. Un menu de dégustation et une source de découvertes de premier choix ! [PD]

Slamino - Ego Trip

Repéré dès la seconde moitié des années 2010 avec le trio Rince-Doigts (aux côtés du batteur Martin Grégoire, à présent dans Glass Museum) et son math-pop souple et inspiré (un LP, Croisière Annulée, paru chez Luik Records en 2017), Pablo Fleury revient aux affaires strictement musicales à compte d’auteur, sous le pseudonyme de Slamino. Ce guitariste et producteur, par ailleurs cheville ouvrière (dans le jargon : chargé de projets !) inlassable de la plateforme Court-Circuit, aujourd’hui délocalisé du côté de la Cité ardente après quelques années passées dans la capitale belge, revient le temps d’un 6 titres numérique (et K7) qui s’aventure du côté d’un post-rock rêveur mâtiné d’electronica. On pense parfois à David Pajo et à ses déclinaisons Aerial M et Papa M, ou encore à Noveller dans cette semblable façon de créer une musique électronique de poche à partir de boucles de guitares (loop) dérivantes, de beats synthétiques alanguis et de quelques nappes de synthé oscillantes, entre lesquelles son auteur glisse l’un ou l’autre sample vocaux insolites mais surtout évocateurs (« Ego Trip » et ses injonctions radiophoniques venues du passé). Une bande-son idéale pour rêvasser autant à des expéditions, tant spatiales et fictionnesques (« Patterns » et son appel du cosmos) qu’à des aventures intérieures au long cours, depuis le confort d’un transat (les papillonnements de guitares shoegaze de « Reality ») ou pour tous les précieux moments de solitude recherchée. On en redemande ! (YH)

Slamino sur bandcamp et sur FB

Partikul - Related memories

Duo à la ville comme sur scène basé à Bruxelles, Partikul, réunit Stef (chant et guitare) et Aly (chant, boite à rythme, synthés) étonne à première écoute, tant cette musique, hivernale, minimaliste et synthétique (re)prend instantanément ses quartiers sonores au sein une décennie aux occurrences musicales cold ou dark wave sombres - les années ‘80 - qu’ils n’ont forcément pas connues, et qui fit et fait encore tant d’émules au sein du plat pays (celles de Klinik, Snowy Red ou encore Poésie Noire). Chant(s) blafard(s) en alternance ou discrètement mêlés (« My Heart Beats »), pulsation rythmiques mécaniques EBM (comme on disait à l’époque) ou proto-electro, un son qui charrie toujours son lot de scories industrielles tirées par une basse qui fait le gros dos.

Et pourtant, si à l’écoute de Related Memories, premier LP paru en juillet 2021 après un premier EP (Venus Virus) paru en 2019, on pense immédiatement à la programmation très orientée de quelques tourneurs et festivals (Fantastique.Nights, W-Festival …) spécialisés dans le revival et la nostalgie des noires années « new wave », mais on s’incline rapidement devant le réel magnétisme sombre et inspiré de ces 10 titres qu’on fredonne et retient rapidement et qui, en sus provoquent d’irrépressibles envies de déhanchements dansants en solitaire . On songe autant à Xmal Deutschland (l’orientalisant « My Love ») où à Trisomie 21 pour le canal historique, qu’à quelques poulains de l’écurie Sacred Bones (The Soft Moon en tête) pour la touche salvatrice post-2010, et on se dit que franchement, Lebanon Hanover ou Boy Harsher, c’est quand même un (fameux) poil surfait ! (YH)

À suivre ! (sur bandcamp et FB)

César Franck – Complete orchestral Works – Orchestre Philharmonique Royal de Liège – Fuga Libera 2022

Dans le cadre de l’anniversaire du bicentenaire de la naissance de César Franck, le label Fuga Libera édite l’intégrale de sa musique symphonique, interprétée par l’OPRL. Si quelques œuvres sont reprises d’enregistrements précédents, la plupart sont récents et s’inscrivent dans les célébrations que la ville de Liège offre à la mémoire du compositeur. Le coffret – dont le programme est présenté en ordre chronologique – ouvre le bal avec ses toutes premières compositions pour piano et orchestre, à peu près inconnues jusqu’alors : deux variations brillantes et un « second » concerto (personne n’a trouvé trace d’un premier : coup de pub ?), écrits lorsque le jeune pianiste avait onze ans. S’ensuit Ce qu’on entend sur la montagne, qui serait LE premier poème symphonique de l’histoire. Ses accents wagnériens annoncent ceux qui suivront et qui ont conquis leur public de longue date : Le Chasseur maudit, Les Eolides, Les Djinns et Psyché. Le programme se clôture avec l’une de ses pièces maîtresses : la Symphonie pour orchestre. Comme à leur habitudes, l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège est excellent. Un bonheur ! (NR)

El Khat – Albat Alawi Op​.​99

L’album Albat Alawi Op.99 est une ouverture sur les musiques traditionnelles yéménites, dans un esprit contemporain et rétrofuturiste. Le leader du groupe, Eyal el Wahab, vit aujourd’hui à Tel Aviv où il a appris à jouer du violoncelle en autodidacte, rejoignant l’Orchestre Andalou de Jérusalem, qu’il a quitté par la suite pour monter le projet El Khat. Il avait en effet été marqué par l’écoute du disque Qat, Coffee & Qambus : Raw 45s from Yemen (édité par Dust to Digital en 2013) rassemblant des disques yéménites des années 1960. Il a alors commencé à fabriquer des instruments à partir de matières recyclées (roues de vélo, bidons d’essence ou d’huile d’olive) et à composer des chansons qui rendent hommage au chanteur yéménite Faisal Alawi, décédé en 2010. Les mélodies sont souvent simples, aux accents arabes, aussi prenantes que l’éthiojazz (l’Ethiopie n’est pas très éloignée du Yémen). Les émotions qu’elles expriment sont très intenses, et le sentiment qui découle de l’album est celui d’une douce euphorie, analogue à l’état induit par les feuilles de qat qui sont mâchonnées dans toute la région. (ASDS)

L’album Albat Alawi Op.99 est disponible ici.

Le premier album de El Khat à PointCulture est disponible ici.

Lucho Bermudez y su Orquesta – The Coastal Invasion

Lucho Bermudez (1912-1994) est un musicien et compositeur colombien connu pour avoir transformé les sons traditionnels du porro, de la gaita et de la cumbia en une musique de danse tropicale moderne, jouée dans toute l’Amérique Latine par des orchestres de type big band. Cette compilation éditée par le label gantois Radio Martiko propose une belle sélection de morceaux datant de 1946 à 1961 et nous plonge dans les sonorités afro-colombiennes de la côte caraïbe du pays. C’est en effet une musique métissée et hybride qui mélange des influences indigènes, africaines et européennes. Avec ses arrangements, Bermudez a rendu le style plus dansant, plus urbain, mettant l’accent sur les mélodies à la clarinette mais gardant cependant des éléments ruraux comme les rythmes ressemblant au galop des chevaux et les cris des cowboys qui s’apparentent au yodel. (ASDS)

L’album est disponible ici.

Glass Museum – Reflet

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Après avoir été lauréat des Octaves de la Musique en 2021, dans la catégorie Spectacle - Concert de l'année, le duo tournaisien Glass Museum réussit à nouveau un album instrumental tout en finesse qui allie le jazz-rock électro à la musique néo-classique.

Antoine Flipo au piano et Martin Grégoire à la batterie ont paré leur album de beaux sons de synthé, de rythmes et de sonorités électroniques délicats. Le piano plane, la cadence scande les pulsations jusqu’à l’envi, mais l’équilibre est de mise entre les morceaux qui reflètent une musique très visuelle, quasi cinématographique, qui résonne, joue sur la répétition, le son et ses échos.

Le piano sonne comme une cithare sur « Opal Sequence » et « Kendama » alors que c’est plutôt un cymbalum nerveux qui est évoqué après une minute et demi de « Shiitake ». « Auburn » nous ouvre la voix, utilisée ici comme un instrument tandis que « Caillebotis » souffle le chaud le froid avec ses changements de rythme.

« Reflet » palpite avec frénésie, les sons se renvoyant les uns aux autres mais c’est un vrai voyage émouvant varié et puissant. Il fallait bien un morceau comme « Swimming Trees » pour nous tempérer un peu.

J’ai oublié un morceau, sans doute une « Ellipse »…

Glass Museum peut se regarder dans le miroir, Reflet est à l’image de leur talent : brillant ! (DM)

(Les deux albums précédents sont disponible à PointCulture: ici et ici)

Apulati Bien - Azone

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Publié en collaboration par le label français Promesses et le label belge Kraak, Azone est le premier vinyle d’Apulati Bien, après une série de sorties en cassette ou en numérique. Apulati Bien est le nom de scène de Baptiste Outreglot, français de Bruxelles qui opère dans le genre hybride d’une musique électronique aux influences éclectiques. Important dans son shaker des bribes de juke, de footwork, de jungle, de hip hop, il produit une musique déconstruite mais lisible et dansable. Peuplé de sons fragmentés, d’éclats de tonalités et de percussions, le disque poursuit les deux chemins contradictoires d’une logique linéaire toute en vagues synthétiques chatoyantes et de déferlantes rythmiques contrariées. Apulati Bien brouille encore les pistes en se déplaçant sur le terrain vocal avec l’intervention d’invitées comme Mimi (sur « Blé noir »), Radio Hito (sur «Non riesco ») ou encore Vica Pacheco (sur « Lobo 2 »), avec qui il partage le projet Xolot, déjà responsable d’un maxi sur le label Promesses. (BD)

‘t Geruis – Bain d’étoiles

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On ne sait pas grand-chose de ce musicien belge, si ce n’est un éventuel prénom, Daniel, et quelques disques sur divers labels : Lost Tribe Sounds aux États-Unis, Laaps en France ainsi que plusieurs traces numériques sur sa page bandcamp. Ce Bain d’étoiles a été originellement produit par Laaps en vinyl et cd, et est remis à disposition du public en téléchargement. Plusieurs comparaisons sont tentantes pour décrire la musique de ce disque : les ambiances décadentes et fantomatiques de Leyland Kirby (sous son nom The Caretaker) ou encore les loops déliquescents du regretté Philip Jeck. On retrouve ici la même mélancolie de fragments minimalistes de mélodies tournant en boucle dans un chuintement de bruit de surface, un bruissement de souffle et de bourdon mécanique. Plus ouvertement mélodieux que les artistes cités, ‘t Geruis (le bruit en Néerlandais) joue d’ambiances crépusculaires néo-classiques aux accents lancinants et hypnotiques. Un disque dans lequel se laisser aller, et qui sait, s’endormir lentement et rêver peut-être. (BD)

L'album est disponible sur la page de't Geruis et sur la page de Laaps


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Cette playlist de printemps a été réalisée par Nathalie Ronvaux, Daniel Mousquet, Yannick Hustache, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle et Benoit Deuxant.

Photo by TOMOKO UJI on Unsplash

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