Bali (Indonésie) - URBNclassique # 9
Sommaire
Francis POULENC (1899 – 1963) : Concerto pour 2 pianos
C’est avec enthousiasme que Francis Poulenc, lors de l’Exposition Coloniale de Paris en 1931, fait connaissance avec le gamelan balinais. Il saura tirer parti de cette découverte dans son Concerto pour 2 Pianos composé l’année suivante et par lequel il veut rompre avec la forme traditionnelle. Dès le premier mouvement en effet, comme dans la coda finale du dernier mouvement, Poulenc ne manque pas, à côté d’autres citations de compositeurs, de suggérer le mode répétitif et chromatique du gamelan tel qu’il a pu l’entendre un an plus tôt.
Béla Bartok (1881-1945): Mikrokosmos Livre IV, n°109 "From the Island of Bali"
Parmi les 153 pièces à caractère didactique que Bartok rassemblera sous le titre « Mikrokosmos », la 109ème est une référence explicite à la musique de Bali. Il s’agit d’études mélodiques et rythmiques davantage qu’une réelle recherche d’authenticité et si l’échelle de huit notes rappelle les sept degrés du gamelan, le substrat hongrois n’en demeure pas moins perceptible.
John CAGE (1912 - 1992) HAIKAI, pour ensemble de gamelans
Le choix des instruments, leurs sonorités et l’hétérophonie de Haïkaï font clairement écho au gamelan balinais même si la structure obéit à des rapports de durée propres à John Cage. Ses compositions pour piano préparé (piano trafiqué avec des objets métalliques), comme « Bacchanales » (1940) ou « Music for Marcel Duchamp » (1947) témoignent aussi de cette influence, tant par la sonorité que par la structure obstinée en boucle.
Colin MCPHEE (1900-1964) : Tabuh-Tabuhan, toccata pour orchestre et 2 pianos
L’étude approfondie qu’il mena sur le terrain fait de Colin McPhee le premier spécialiste de la musique balinaise et un pionnier de l’ethnomusicologie. Son œuvre la plus célèbre, Tabuh-Tabuhan, composée en 1936, opère une synthèse entre traditions occidentales et balinaises.
Slamet A. SJUKUR (1935-2015) : Yu Taha, pièce pour piano
Elève de Dutilleux et de Messiaen, Slamet Sjukur introduit la musique contemporaine en Indonésie ; il évoluera vers une écriture épurée, s’appuyant sur des matériaux sonores simples, voire élémentaires. A la fois intense et contemplative, cette approche qu’il qualifiera de « minimax » veut restaurer le lien profond entre musique et nature.
Claude DEBUSSY (1862-1918): Estampes, 3 pièces pour piano : Pagodes
L’échelle pentatonique, l’ostinato et la résonance de la pédale sont autant d’emprunts au son du gamelan que Debussy découvrit avec enchantement lors des expositions universelles de Paris en 1889 et 1900. Composée en 1903, « Pagodes » reprend du gamelan une structure stratifiée où plusieurs motifs en ostinato se superposent de manière contrapunctique. Debussy trouvait dans la musique balinaise une palette de nuances à côté desquelles, pour le paraphraser, le système occidental des toniques et des dominantes faisait pâle figure.