Les ferments du jazz West Coast

     - Birth of the cool

"Birth of the cool" est un album publié au nom de Miles Davis en 1957, réunissant des titres parus séparément et issus de sessions d'enregistrements bien antérieures datant de 1949 et 1950. L'album réunit des musiciens d'horizons différents qui se partagent les arrangements et compositions. Le disque impacte (et intrigue) le public par son titre annonçant la naissance du cool. Se présentant donc comme le manifeste d'un style, l'écoute révèlera cependant une hétérogénéité brouillant d'emblée une identification claire du style cool. Boplicity est un des morceau de cet album, probable réunion des mots bop et complicity, il est crédité Cleo Henry (nom de la mère de Miles Davis) et Gil Evans en tant qu'arrangeur. Une complicité et un mariage plutôt mal assumé par le trompettiste puisqu'il signe sous un nom d'emprunt... Ce morceau est pourtant le début d'une relation fructueuse musicien-arrangeur (Miles Davis-Gil Evans) de trois disques à venir Miles Ahead (1957), Porgy and Bess (1958) et Sketches of Spain (1960).

     - Le style décontracté de LESTER YOUNG

Le style aérien, décontracté et nonchalant du saxophoniste Lester Young influencera durablement des génération de saxophonistes, et plus largement de musiciens. Dénommé à juste titre "père du cool", Lester Young, le "prez" comme on le surnomme, mènera un parcours musical brillant faisant de lui un élément très influent et incontournable de l'histoire du jazz.

 

TAKE FIVE, morceau à 5 temps

Take Five est une composition du saxophoniste Paul Desmond écrite en 1959 pour l'albumTime Out du quartet de Dave Brubeck. Cet album est un des trois albums les plus vendus (et donc probablement écouté) de l'histoire du jazz avec Kind of Blue et Bitches Brew de Miles Davis.

Le titre vient d'un jeu de mot sur l'expression anglaise « take five », qui peut signifier « pause de cinq minutes » ou encore « cinquième prise (enregistrement) ». Il souligne le rythme à cinq temps (cinq noires par mesure, ou 5/4 choisi pour ce morceau), rythme rarissime dans le jazz des années 50, et dans la musique en général. Plus simplement, il désigne alors cette écriture musicale établie sur une mesure à cinq temps (cinq noires par mesure). Volupté de la mélodie et aisance rythmique en font un morceau manifeste d'une nouvelle écriture jazz.

STAN GETZ, figure centrale du jazz West Coast

Sonorité ample, et riche, immédiatement identifiable, le saxophoniste Stan Getz sera un musicien emblématique du style West Coast. Il combine une sonorité douce et feutrée apportées par le jeu novateur de son ainé Lester Young. Tendre, éthérée, élégante, sa musique contraste avec la rudesse des disciples de Coleman Hawkins. Embrassant un parcours musical de plusieurs décennie, sa musique influencera des générations de saxophonistes.

East of the Sun (and West of the Moon) est le morceau qui ouvre l'album West Coast Jazz enregistré à Los Angeles en Août 1955.

Stan Getz - Saxophone  Ténor / Conte Candoli - Trompette / Lou Levy - Piano / Leroy Vinnegar - Contrebasse / Shelly Manne. - Batterie

SHELLY MANNE, batteur mélodique

Autre figure emblématique du jazz West Coast, le batteur Shelly Manne oeuvrera à sortir la batterie de son rôle uniquement rythmique pour en faire un instrument aussi mélodique, déclarant "je ne développe pas les mélodies à l'aide des rythmes, je développe les rythmes en pensant la mélodie."

Morceau Parthenia extrait de l'album Swinging Sounds (1956)

Shelly Manne - Batterie / Stu Williamson - Trompette / Charlie Mariano - Saxophone alto / Russ Freeman - Piano / Leroy Vinnegar - Contrebasse

CHET BAKER, trompette romantique

Phrasés sinueux et sensuels, le trompettiste Chet Baker témoigne d'une délicatesse manifeste et d'une certaine fragilité. Entre éclats voilés et mélancolie assumée, sa musique est à l'image de sa vie qui oscille entre déboires et réussites. Chet Baker fait partie de ces musiciens qui alternent trompette et chant. Il excelle dans le registre de la ballade. Almost Blue est un morceau qu'il affectionnait particulièrement, poignant, intense et chagrin à la fois. Tout à son image.

GERRY MULLIGAN, saxophoniste baryton

Sessions historiques pour quartet atypique qui rassemblent le saxophoniste baryton Gerry Mulligan et le trompettiste Chet Baker rejoints pour l'occasion par le saxophoniste alto Lee Konitz. La formation est atypique dans le sens où elle réunit, chose assez unique à l'époque, pour un aussi petit groupe deux instruments au registre bas : le saxophone baryton et la contrebasse. Gerry Mulligan, sur la voie ouverte par son aîné Hary Carney, s'est attaché à désenclaver le saxophone baryton de son rôle secondaire, en faisant un instrument soliste de premier plan.

Ide's Side enregistré en 1953.

ART PEPPER, addict au West Coast

Art Pepper sera dans les années 50, avec Lee Konitz, le saxophoniste qui s'affranchira le plus de l'influence écrasante de Charlie Parker sur l'instrument. Partageant par ailleurs le point commun avec ce dernier d'être addict aux drogues dures... Son parcours sera chahuté et très esquinté par cette addiction.

Playlist réalisée par Bertrand Backeland (conseiller jazz PointCulture).

Image de la bannière : le jazz club The Black Hawk à San Francisco (photo : SF Public Library).