Chris Whitley
Chris Whitley
Le 20 novembre 2005, s’éteignait, des suites d’une leucémie foudroyante, le chanteur/guitariste Christopher Becker Whitley, né le 31 août 1960, à Houston, Texas.
À l’âge de onze ans déjà, il joue de l’harmonica dans un groupe qui fait des reprises de Dylan, Leon Russell et des Rolling Stones. Trois ans plus tard, il reçoit sa première guitare électrique, le déclic !
En 1977, il livre ses premiers sets dans des clubs et bars de New York. Pour la petite histoire, il résida, à partir de 1981, en Belgique, à Gand, et ce pendant presque dix ans !
On peut l’entendre sur un tube de Nacht und Nebel, Beats of Love datant de 1983. Ses débuts musicaux sont en fait, plus teintés electro/funk/pop.
Il faudra attendre l’orée des années 90, marquées par son retour à New York, pour qu’il signe enfin un contrat avec Columbia, suite à la rencontre heureuse avec le producteur et guitariste Daniel Lanois.
De cette « union » naîtra Living with the Law, un premier opus cinglant et original où sa fibre folk-blues transparaît pleinement. Dés lors, tout s’enchaîne très vite, il réalise la première partie de Dylan, de Tom Petty and the Heartbreakers, il est invité sur deux albums de Cassandra Wilson, Blue Light 'Til Down et New Moon Daughter et signe des compositions pour la B.O. de Thelma et Louise.
En 1995, sa deuxième gifle musicale, Din of Ecstasy, album intensément noir et électrique, à l’inverse du précédent.
Depuis, tournées américaines (dont une première partie de Warren Zevon) et européennes ont prouvé tout le talent et la générosité d’un interprète sincère qui a su démontrer qu’un blanc sait jouer le blues !
En 2000, l’album Perfect Day, constitué de reprises incroyables de Dylan, des Doors et de Robert Johnson, fut réalisé avec le concours du trio jazz Medeski-Martin-Wood, encore une réussite !
Toujours avide de fouler des terres neuves, l’année suivante, il mélange avec brio électronique, trip-hop et blues sur un Rocket House, détonnant.
Après un bref séjour à Dresde, en Allemagne, il revient, dans une formule trio, pour l’album Hotel Vast Horizon aux atmosphères quasi jazzy et dont le charme venin vous hante pendant longtemps… tout comme ses CD suivants, War Crime Blues, en solo acoustique, près de l’os, révélateur et Soft Dangerous Shores, sombre, intime, faisant le grand écart entre blues et trip-hop.
Ses deux derniers testaments musicaux ne dérogeront pas à la règle. D’abord, Reiter In, truffé de zébrures électriques mémorables qui vous tiraillent les tripes par le biais de relectures magistrales, parmi ses meilleures, telles Are Friends Electric ? (Gary Numan), I Wanna Be Your Dog (The Stooges) ou encore Bring It on Home (Willie Dixon). Ensuite, Dislocation Blues composé en duo avec l’épatant guitariste Jeff Lang, avec une fantastique reprise de Dylan When I Paint my Masterpiece, car il s’agit bien de son chef-d’œuvre, le dernier, malheureusement !
Un disque de blues où une âme en paix avec elle-même se dévoile, comme peu y arrivent, d’une voix au grain rauque si attachant accompagné par cette fidèle guitare qui vrille au plus profond du Delta et nous raconte l’Histoire, son histoire…
Comme à l’accoutumée (constat amer), peu de magazines ont répercuté la disparition tragique de ce musicien si talentueux, alors si cette « oraison » sert à la redécouverte d’un artiste aussi intense, son œuvre se perpétuera (elle le mérite amplement) et s’inscrira dans le temps, du moins, j’en fais le vœu ardent !
À visiter : www.chriswhitley.com
Discographie
- « Living with the Law » - XW536A
- "Din of Ecstasy" - XW536B
- «Terra Incognita » - XW536C
- « At Martyrs » - XW536D
- « Rocket House » - XW536F
- « Long Way-Around {an anthology} » - XW536G
- « Hotel Vast Horizon » - XW536H
- « Weed » - XW536I
- « War Crime Blues » - XW536J
- « Soft Dangerous Shores » - XW536K
- « Reiter In » (avec Bastard Club) - XW536L
- « Dislocation Blues » (avec Jeff Lang) - XW536M
- « Perfect Day » (avec Billy Martin et Chris Wood) - XW536E
Lionel Charlier