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Il était une fois Morricone

Ennio Morricone

Ennio Morricone (1928 - 2020)

musique de film, hommage, Ennio Morricone

publié le par Anne-Sophie De Sutter

Le compositeur de musiques de film italien Ennio Morricone est décédé le 6 juillet 2020. Retour sur l’homme et son œuvre avec une playlist et une discographie.

Sommaire

Une courte biographie

Ennio Morricone était un compositeur, orchestrateur, chef d’orchestre et trompettiste italien, né en 1928. Il est décédé le 6 juillet 2020 suite à une mauvaise chute, à l’âge de 91 ans. Il est resté actif jusqu’à la fin de ses jours, donnant encore l’année passée des concerts face à un large public. Ces événements permettaient de découvrir les nombreuses facettes du compositeur. Tout le monde connaît l’air à l’harmonica d’Il était une fois dans l’Ouest, un de ses morceaux les plus célèbres, ainsi que ses partitions pour d’autres westerns de Sergio Leone, pour Cinema Paradiso, The Mission ou encore The Hateful Eight de Quentin Tarantino pour lequel il recevra son premier Oscar. Mais Morricone a commencé sa carrière dans les années 1940 comme trompettiste dans des groupes de jazz, puis il a été arrangeur de chansons pop avant de se lancer dans une carrière de compositeur de musique. Il a écrit des partitions pour plus de 500 films et émissions télévisées et a composé des œuvres classiques. Il a également fait partie d’un collectif de musique expérimentale, Il Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza, dans les années 1960 et 1970. Ses compositions sont extrêmement diverses, allant du rock psychédélique au jazz improvisé, de la musique électronique à des scores orchestraux très classiques. Il a inspiré de nombreux artistes et est un des compositeurs les plus connus et les plus prolifiques de la seconde moitié du 20e siècle.

Une playlist

Cette playlist présente quelques morceaux moins connus d’Ennio Morricone, tous composés pendant une courte période allant de 1966 à 1971. Il existe évidemment bien d’autres musiques intéressantes et importantes dans son répertoire.

« Come Maddalena » (1971)

Film obscur du réalisateur polonais Jerzy Kawalerowicz, Maddalena raconte l’histoire d’une jeune fille sensuelle tentant désespérément de séduire un prêtre torturé. Morricone a composé l’un de ses meilleurs thèmes avec cette plage, « Come Maddalena », débutant par un solo de batterie joué par Vincenzo Restuccia, puis continuant avec une superposition de couches orchestrales et vocales.

« Guerra e pace pollo e brace » (1968)

Écrit pour la bande-son d’un polar érotique intitulé Grazie Zia, réalisé en 1968 par Salvatore Samperi, ce morceau établit un contraste étonnant entre la musique endiablée de Morricone et l’ambiguïté perverse du film. L’atmosphère cruelle et délétère du scénario est soulignée par le contrepied qu’a choisi le compositeur de proposer des pièces drôles et enlevées, interprétées par un chœur d’enfants dirigé par Renata Cortiglioni, et accompagnées d’une rythmique frénétique.

« Dies Irae Psichedelico » (1968)

Composé pour le film Escalation de l’italien Roberto Faenza en 1968, « Dies Irae Psichedelico » est un genre de kyrie transgressif, combinant chœur pseudo-religieux et musique psychédélique. L’action se déroule dans le « swinging London » des années 1960 et la musique reflète cette ambiance.

« Piume di cristallo » (1970)

L’uccello dalle piume di cristallo est un film réalisé par Dario Argento en 1970, le premier de sa « trilogie animale », dont les musiques ont été composées par Ennio Morricone. D'abord comptine à la ligne mélodique simplissime, accompagnée de sons cristallins, le morceau évolue vers un ensemble plus complexe, interprété par un ensemble vocal qui semble parfois bien maladroit, accentuant le côté inquiétant du film.

« Uccellacci e uccellini » (1966)

Pour cette fable de Pier Paolo Pasolini, dans lequel celui-ci met en scène le célèbre comique triste Toto, ainsi que son protégé Ninetto Davoli, Morricone a choisi de réaliser un générique inattendu. Pendant que défilent sur l’écran les crédits du film, le chanteur Domenico Modugno s’époumone à les réciter en musique.

« Alla luce del giorno » (1969)

Morceau pop issu du film Metti, una sera a cena de Giuseppe Patroni Griffi, « Alla luce del giorno » est une mélodie sensuelle, typique de la période post-Mai 68 et du Summer of love, interprétée par Edda Dell’Orso. Il n’y a pas de paroles, une constante dans les chansons de Morricone composées pour la chanteuse.

« Invenzione per John » (1971)

Ennio Morricone est mondialement connu pour ses compositions pour le film Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone, mais les deux artistes ont collaboré pendant de nombreuses années. « Invenzione per John », écrit pour le film Il était une fois la révolution (Giù la testa), commence également par les très typiques sifflements, et se poursuit par une musique orchestrale qui laisse présager le souffle épique du film.

« La Bambola » (1971)

Film réalisé par le photographe de mode Franco Rubartelli en 1971, Veruschka est un portrait, entre fiction et documentaire, du mannequin du même nom, se focalisant sur la relation passionnelle avec son photographe attitré. Sur « La Bambola », un des morceaux délicats et oniriques de la bande sonore composée par Ennio Morricone, on retrouve la voix éthérée d’Edda Dell’Orso et une musique mêlant guitare et sonorités cristallines.

« Folle Folle » (1971)

Extrait du film Gli occhi freddi della paura, un giallo réalisé par Enzo G. Castellari en 1971, le morceau « Folle Folle » présente une facette différente de l’œuvre d’Ennio Morricone. Il s’agit en effet d’une composition d’avant-garde, mêlant jazz improvisé et guitares psychédéliques, sons métalliques grinçants et cordes dissonantes. Elle est interprétée par le Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza, dans lequel le compositeur a joué un rôle fondamental en tant que trompettiste.

Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza (The Group) - The Feed-Back (1970)

Formation italienne active entre 1964 et 1980, le Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza interprétait des compositions et improvisations aux confins du jazz, du sérialisme et de la musique concrète. Ennio Morricone en a fait partie pendant les années 1970 et a contribué à divers albums et à des musiques de film.

Une discographie

Ennio Morricone a composé plus de 500 musiques de film et pour des émissions télévisées ainsi que des œuvres classiques. Comment s’y retrouver dans son immense discographie ? Une manière de l’aborder est de s’intéresser à certaines compilations de très bonne qualité, évitant les clichés et rassemblant des morceaux selon des thèmes précis.

Io, Ennio Morricone

Ce coffret de quatre disques a été réalisé avec la collaboration d’Ennio Morricone. Il présente différentes facettes du compositeur. Le premier disque rassemble les plus beaux thèmes des musiques de film, de The Mission à Cinema Paradiso. Le second propose des retranscriptions pour piano de scores, mais aussi des compositions pour piano solo. De la musique de chambre et des œuvres symphoniques (les concertos n°1, 3 et 4) sont compilées sur les deux autres disques. Le livret reprend toute la discographie de l’artiste.

Ennio Morricone Happening. Acid Sides of the Maestro

Ce disque est un « montage psychédélique » (ce sont les notes de la pochette) à partir des partitions de Bluebeard, Burn ! et The Serpent, composées à la fin des années 1960 et au début des années 1970. La musique associe voix, guitares, orgue quasi-religieux et percussions insolites.

Edda Dell'Orso Perfoms Ennio Morricone

La chanteuse italienne Edda Dell’Orso a maintes fois collaboré avec Ennio Morricone. Celui-ci a composé pour sa voix comme s’il s’agissait d’un instrument de l’orchestre. Cette compilation rassemble 35 plages enregistrées à la fin des années 1960 et dans les années 1970.

Musique de chambre

Ennio Morricone a aussi composé de nombreuses pièces classiques, de la musique symphonique et de chambre. Cet album propose quelques œuvres mais ne précise pas par qui elles ont été interprétées.

Morricone High: The Trippier Side of the Morricone Genius

Cet album édité par le label Cherry Red compile des compositions de la fin des années 1960 et du début des années 1970 pour des films d’art italiens, souvent psychédéliques. La chanteuse Edda Dell’Orso intervient sur de nombreuses plages.

Super Gold Edition

Les éditions GDM, spécialistes dans l’édition des musiques du cinéma italien, ont édité un sextuple album qui contient principalement des enregistrements originaux de partitions pour films et émissions télévisées, ainsi que quelques extraits de concerts.

Morricone 60: 60 Years of Music

Ennio Morricone dirige lui-même l’Orchestre symphonique national tchèque sur cet album de 2016, présentant ses plus grands thèmes. L’album contient en bonus un DVD documentaire sur la session d'enregistrement dans les studios d’Abbey Road (Londres) de la musique du film Les Huit salopards de Quentin Tarantino, en présence du réalisateur.

The Remix Album

Les compositions d’Ennio Morricone ont inspiré de nombreux artistes actuels. Cet album rassemble des remix par Terranova, Apollo 440, Nightmares... D’ailleurs, ses musiques ont été très souvent samplées : voici une liste.

Deux albums en bonus :

Aida degli alberi

Ennio Morricone s’est librement inspiré de l’opéra Aïda de Giuseppe Verdi pour Aida degli alberi, un film d'animation musical de Guido Manuli (une production Lanterna Magica pour Medusa Film).

Focus

Focus est un album qui rassemble le compositeur Ennio Morricone et la chanteuse portugaise Dulce Pontes. Ce n’est pas leur première collaboration, ils avaient déjà travaillé ensemble pour la musique du film La luz prodigiosa (2002). Certains morceaux sont liés à des films, d’autres sont des hommages, comme « Amália por amor » qui est dédié à la célèbre Amália Rodrigues, grande chanteuse de fado.


Sélection de la playlist : David Mennessier

Sélection de la discographie : Thierry Moutoy

Crédit photo: LucaChp, Ennio Morricone à Cannes en 2012 (wikicommons)

Textes : Anne-Sophie De Sutter et Benoit Deuxant

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