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Jack Treese

Jack Treese

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Jack Treese, encore un bougre de bonhomme qui nous a quitté trop tôt. Encore une guitare et un banjo orphelins d’une voix qui roulait sa bosse dans les petits coins d’une France profonde capable d’accueillir ce grand Américain.

 

Jack Treese, encore un bougre de bonhomme qui nous a quitté trop tôt. Encore une guitare et un banjo orphelins d’une voix qui roulait sa bosse dans les petits coins d’une France profonde capable d’accueillir ce grand Américain.
Il est né en 1942 dans le Minnesota. Son père était fermier et les travaux quotidiens étaient rythmés par la musique d’une famille de musiciens et chanteurs.
Treese baigne dans un univers de vieilles ballades, de piano, de violon et de hautbois. Il touchera lui-même, sans grande conviction, le clavier du piano. Puis il se tournera vers la guitare et le banjo. Il sert sous les drapeaux très jeune, échappe de justesse au Vietnam et passe des années à l’université, apprenant le russe, le français, la littérature… mais surtout la musique qu’il joue sur le campus et vers laquelle il se tourne définitivement en 1966. Il part pour la Californie où il est contraint de s’adonner à quelques petits métiers pour compléter les maigres revenus de ses concerts dans les coffee-houses. En 1968, il quitte les Etats-Unis pour Paris; il va y vivre d’expédients, guitare en bandoulière. Petit à petit, il noue des contacts avec une scène française en pleine effervescence poétique : Jean-Max BruaLuc Romann, Jean Vasca, Jacques Higelin, Steve Waring, David McNeil, Mama Béa Tekielski, Julos Beaucarne, Jean-Michel Caradec, Jacques Yvart… seront de ses amis.
Il part s’installer en Dordogne avec sa compagne en 1971, il y vit en symbiose avec la nature et en tire d’ailleurs de magnifique inspirations dont témoigne notamment l’album « Maetro the truffle man », repris aujourd’hui intégralement sur le double CD « Me and company ».
Pendant quelques années, il donne une sorte de conférence spectacle sur les musiques américaines avec son ami Jacques Vassal, journaliste spécialisé en folk song américain (auteur du livre « Folk song paru aux éditions Albin Michel).
Il enregistre quelques disques discrets, profondément sympathiques, finement artistiques. La guitare y fait dans la délicatesse, le banjo roule sur les vieilles pistes de la musique old time et la voix de Jack Treese raconte la vie, simplement. Tous ces disques sont aujourd’hui reproduits en deux CD dont le double déjà cité ci-dessus.
Et le musicien est apprécié de nombreux journalistes qui le font connaître. Sa réputation se fraie un chemin tranquille dans la France profonde. Il joue beaucoup, il tourne, il accompagne ses amis chanteurs et les amis de ceux-ci, comme Yves Montand lorsqu’il enregistre des chansons traduites par David McNeil.
Puis la santé se détériore; la petite famille s’en va vivre à Dunkerque où l’iode est meilleur pour les poumons de Jack. Mais il meurt le 18 novembre 1991.

Les CD qu’il nous laisse retracent une vie de chansons et de cordes à travers les trésors de Treese, tous ces morceaux de bandes sur lesquels traînaient son blues et ses ballades délicates. Il avait l’art de faire sonner une vieille Gibson ou un banjo cinq cordes. Il chantait comme ces folk singers américains qui ont traversé les siècles, sans concession, adossé à une certaine tradition de la chanson, avec sa poésie personnelle, avec un savoir-faire intemporel. L’écouter c’est retourner dans une chaumière, au fond de la Dordogne et l’entendre « jouer à la soirée entre poire et fromage avec ce petit vin qui lâche les esprits et fait courir les doigts sur les guitares » comme l’écrivait Julos Beaucarne lui-même en hommage à son ami. Il est parti en fumée, comme ce qu’il fumait, il a laissé ses chansons et ses superbes instrumentaux salués par tous les vrais amateurs, de José Artur à Renaud en passant par Eve Grilliquez, Jacques Vassal et Howard Buten. Jack Treese incarne la vraie marginalité musicale, celle qui fait la nique au top cinquante et au marché du disque. Mais il reste au moins ces CD pour s’en délecter.
Etienne Bours

Discographie :
- Jack Treese "Love Can Make It Work" - XT786E
- Jack Treese "Me and company" - XT786F (également en téléchargement).

On peut entendre la guitare ou le banjo, voire la voix, de Jack Treese sur de nombreux enregistrements :
- Mama Béa Tekielski "Je cherche un pays" - NT1908
- Jacques Higelin "Crabouif" - NH4006
- David McNeil "Les années Saravah" - NM2008
- David McNeil "Intégrale 1978-1982" - NM2009
- Luc Romann "La Liberté" - NR6205
- Brigitte Fontaine "Je ne connais pas cet homme" - NF6587
- Henri Gougaud "La dérive" - NG6384 (en LP uniquement)
- Steve Waring et Jack Treese "Onze voix" - LN6801 (uniquement en cassette)
- Jean-Michel Caradec "Portsall" - NC0695
- Julos Beaucarne "Mon terroir c’est les galaxies" - NB1493
- Julos Beaucarne "Le vélo volant" - NB1494
- Julos Beaucarne "L’univers musical de Julos Beaucarne" - NB1497