JP Nataf
JP Nataf
Grâce au podcast ci-dessus, vous pouvez écouter notre interview de JP Nataf. Vous y découvrirez un artiste libre et libéré du passé qui nous explique sa démarche musicienne et poétique et nous parle de son processus créatif.
Entretien réalisé par Guillaume Duthoit en mars 2010
Compte-rendu du concert au Botanique
Aux Nuits Botanique, ce mercredi 17 mars, la Rotonde était bien remplie pour le concert de JP Nataf. L’ex-Innocents défend sur scène, depuis novembre 2009, son deuxième album solo « Clair » qui a été encensé à juste titre par la critique. En effet, s’il a fallu attendre cinq ans et demi* pour les découvrir, c’est difficile d’être déçu par ces douze nouvelles chansons qui possèdent un charme fou qu’on ne retrouve dans aucune autre production française. Mais, aujourd’hui, « bonne presse » ne signifie plus forcément « grande tournée ». C’était donc la seule date, pour l’instant, proposée au public belge.
Sur scène, Jipé est entouré de ses « gusses » comme il dit : Philippe Entressangle à la batterie, Bernard Viguié à la basse et au ukulélé et une violoniste-chanteuse qui remplace au pied levé le claviériste Ludovic Leuleu retenu en France pour des raisons familiales. Dès sa première apparition sur les planches, on sent l’artiste bien dans sa peau, prêt à vivre un moment fort avec les gens. Les titres de « Clair » s’enchaînent pour atteindre un premier sommet avec la chanson phare de l’album « Viens me le dire ». A cet instant, le public a la chair de poule et se met à swinguer chaleureusement. Ensuite, le chanteur alterne nouveautés et chansons de son précédent album « Plus de sucre », en se gardant bien de reprendre l’un ou l’autre succès des Innos. Et personne ne s’en plaint. Preuve que Nataf, libéré de son passé, peut avoir confiance dans son répertoire solo. Ce qui fait la différence avec un grand nombre de chanteurs pop d’aujourd’hui, c’est que ses chansons, merveilleusement bien écrites, possèdent une réelle profondeur et qu’elles ont des structures originales et des suites d’accord souvent surprenantes. Et puis, la marque de Jipé, c’est aussi sa voix unique et reconnaissable entre toutes. Un autre grand moment de la soirée fut la version à quatre voix de « Seul Alone », terrible chanson fleuve, avec Jil Caplan comme invitée de dernière minute. Le public, à cet instant, est en transe. Et quand les musiciens quittent la scène, c’est l’ovation. Jipé et ses gusses reviendront encore une bonne demi-heure, jouer, entre autres, l’inédit « Escobar » (qu’on retrouve chanté par Thomas Fersen sur la double compilation de duos de Tôt ou Tard), « Un monde parfait » (seule reprise des Innos) et une version très post-rock de la chanson « Le consentement ». Après le concert, on pouvait lire sur tous les visages (ceux du public mais aussi ceux des musiciens) le plaisir intense partagé.
Guillaume Duthoit
* Durant ces années, JP Nataf n’a pas chômé. Il a offert des chansons à Eddy Mitchell et à Hubert-Félix Thiéfaine. Il a endossé le rôle de René dans la pièce chantée « Imbécile » de Olivier Libaux. Il a enregistré deux reprises sur le tribute à Dick Annegarn « Le grand dîner ». Sur la compilation-hommage à Boris Vian « On n'est pas là pour se faire engueuler », il a mis en musique un texte inédit et truculent du maître : « La ballade du lapin » (à écouter d'urgence). Il a roulé sa bosse aussi un peu partout en France avec Les Red Legs (duo de choc avec Jeanne Cherhal où ils faisaient des reprises de manière peu conventionnelle) et s’est amusé à mélanger son répertoire à ceux de Bastien Lallemant, Bertrand Belin et Albin de la Simone, lors de soirées mémorables.