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Sun Ra

Sun Ra

publié le

Frise chronologique (pdf)

 

 

Les origines sur terre de cette entité musicale, en grande partie encore mystérieuse et non identifiée, se perdent dans les décors fantasmagoriques d’une cosmogonie pirate. Né aux alentours de 1914/1915, Herman « Sonny » Blount pose au milieu des années '50 les bases de l’odyssée exceptionnelle de Sun Ra avec une formation de plus ou moins 15 musiciens. Un groupe qui évoluera en communauté formative où l’on ne partage pas que le savoir musical, mais aussi un imaginaire africain qui doit réaffirmer la dignité culturelle des noirs. Ce groupe sera un organisme de passages et d’échanges avant de se fixer en big band plus ou moins fixe, soudé par une discipline créative et spirituelle durant toute la longue carrière de son créateur sous l’intitulé générique Arkestra.

Pierre Hemptinne

« Oui, je suis un medium. Je ne suis pas un philosophe, je ne suis pas un politicien, je suis dans une autre catégorie. Je suis un musicien, mais un autre genre de musicien. Je parle d’autres choses. La musique est un langage, vous voyez, un langage universel. Je me sers de la musique comme d’un moyen pour parler aux gens. (…) Je joue l’histoire obscure. Ca va au-delà du noir. Je traite avec les choses obscures du Cosmos. L’obscurité, c’est l’inconnu. Je traite avec l’esprit obscur de toutes les nations, dont elles ne connaissent d’ailleurs pas grand chose. Ce dont je traite est si vaste rt si grand qu’on ne peut pas l’appeler vérité. Ca va au-delà de la vérité. Je m’occupe du potentiel des gens. Je m’occupe de ce qu’ils devraient être et ce que je voie en eux qui n’est pas là, mais qui devrait l’être ».

Propos recueillis par Robert Franza lors d’une discussion avec Sun Ra.

 

Parcours Audio pour découvrir différentes facettes de la musique de SUN RA & HIS ARKESTRA.

Tel un capharnaüm la discographie de SUN RA recèle de nombreux trésors et la sélection qui suit se veut simplement comme une introduction essayant de représenter au mieux différentes périodes de l’ensemble.
Les morceaux dépassant un trop long minutage n’ont pas été retenus pour des raisons pratiques et dynamiques d’écoute.
Les morceaux choisis sont compilés suivant la ligne du temps.

 

 

00.00 Stranger in Paradise (1955) [Spaceship Lullaby]

Au sein d’une composition style doo-wop-easy listening Sun Ra incorpore un contenu subversif, germe de toute sa pensée. Les « étrangers dans le paradis » dont il parle sont les noirs américains sur terre. Condition de la  communauté noire-américaine sous le joug d’une société blanche ségrégationniste.

A partir de là Sun Ra va se réinventer toute une cosmogonie pour « foutre le camp » symboliquement du sort qui lui est réservé sur cette terre…

02.56 India (1956) [Super-sonic jazz]

Sur son label El Saturn l’endroit où il pourra graver en toute indépendance sa musique. Le morceau India: un certain groove hypnotique illuminé d’éclats de cymbales.

07.47 Space Aura (1960) [Music from tomorrow’s world]

Issu d’un enregistrement rare, ce morceau rend compte des débuts de l’Arkestra, ici enregistré au club Wonder Inn de Chicago en 1960, ce qu’on ne voit pas c’est que les musiciens commencent à se présenter sur scène en costumes d’apparat astro-futuristes avec touche rétro Egypte ancienne.

11.17 Celestial Fantasy (1963) [When Angels speak of love]

Morceau avec effet réverbérant issu d’une erreur de prise de son (branchements inversés) donnant un écho sur la bande. Aspects surréalistes et psychédéliques. Cette erreur sera largement exploitée au sein de la musique dub quelques années plus tard. Un effet que Sun Ra usera de façon sporadique.

17.11 Interplanetary travelers (1965) [Heliocentric Worlds Vol. 3]

Morceau typique Free Jazz. Jeu massif et exalté. C’est ce genre de morceau qui marquera la réputation de l’Arkestra comme groupe Free Jazz. A noter que l’ensemble est capable de faire ce genre de morceau mais ne s’en tient pas que à ça. Le groupe pouvait dans un même concert enchainer avec des morceaux plus « composés ».

Les disques Heliocentric Worlds sont publiés par le fameux label ESP-Disk dont l e producteur laissait carte blanche aux musiciens (un autre lieu de musique indépendante).

22.16 Abstract «I» (1965) [The Magic City]

Composition de facture plus « musique contemporaine ». Démonstration d’un certain savoir-faire de composition. Dynamique et narratif. Cordes frottées annonçant le disque Strange Strings l’année d’après.
Avec utilisation par moment d’un effet réverbérant apportant profondeur et texture 3D.

26.25 MU (1968) [Atlantis]

Incorporation pour la première fois de percussions africaines dans l’ensemble.

30.59 The Satellites are spinning (1970) [SOLAR-MYTH APPROACH, VOL.1 & 2]

Première apparition de la voix de June Tyson. La chorale sur ce morceau est étonnement terne… Une volonté du maestro mais pourquoi ? A creuser.
Sur les enregistrements suivants les voix seront de manière générale plus enjouées.

34.34 Ancient Ethiopia (1970) [SOLAR-MYTH APPROACH, VOL.1 & 2]

Toujours les racines africaines. Voire aussi l’Ethiopie considéré comme le berceau de l’humanité…

37.22 Enlightenment (1971) [HORIZON]
40.00 Love in outer space (1971) [HORIZON]

Enchainement classique des prestations de l’Arkestra à l’époque. Chant & swing chaotique.
« Enlightenment » serait une certaine incantation « pour recevoir la lumière » ce qui vaudra à Sun Ra la réputation de gourou…

47.59 Solar Ship Voyage (1971) [NIDHAMU + DARK MYTH EQUATION VISITATION]

Un exemple parmi beaucoup d’interludes-solos-expérimentations d’ordre bruitiste de Sun Ra aux claviers. Il explorera de cette manière une quantité impressionnante de synthétiseurs différents. Suivant systématiquement les nouveaux modèles proposés par les différentes marques.

49.47 Under different stars (1972) [SPACE IS THE PLACE]
53.43 Space is the place (1972) [SPACE IS THE PLACE]

Morceaux issus du film (mi documentaire-mi fiction) décrivant les péripéties de l’Arkestra. Dans un imaginaire futuriste la musique propulse un vaisseau explorant le cosmos.
« Space is the place » est probablement le morceau le plus connu de l’Arkestra.

58.05 Astro Black (1973) [WHAT PLANET IS THIS?]
1.01.12 Discipline 27 (1973) [WHAT PLANET IS THIS?]

Enchaînement typique de l’Arkestra à l’époque.
Les morceaux « Discipline » comme leur nom l’indique sont issus d’un travail rigoureux de répétitions. Alchimie de sons pour « exprimer la vérité » d’après Sun Ra qui se considéré plus comme physicien/chercheur que musicien.

1.08.41 Friendly Galaxy 2 – I am the Brother of the wind (1975) [LIVE IN CLEVELAND]

Jazz & Poetry sur fond groove hypnotique à la sauce Sun RA. Grande époque de cette façon de faire (Cf. The Last Poets, The Watts Prophets…)
« I am the brother of the wind » pourrait être traduit par « je suis le frère de la folie ».

1.21.31Drop me off in Harlem (1982) [NUCLEAR WAR]

Une composition de Duke Ellington.
Sun Ra à l’époque (les années 80) revient de plus en plus à un répertoire de jazz traditionnel (swing/middle jazz, new-orleans, boogie woogie…). Un bel exemple ici en hommage à l’un de ses maîtres.

1.26.35 Kingdom of not (1956) [Super-sonic jazz]

Pour finir la boucle un petit retour au disque SUPER SONIC JAZZ de 1956.
Son royaume ce n’est pas rien, son royaume c’est la musique !

 

 

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Pochette original d’un disque vinyle du label El Saturn.
Production « homemade » réalisée à la main au stylo-feutre de couleurs.

 

Bertrand Backeland