Tony Wilson
Tony Wilson
Boss of the Factory, King of Madchester
La semaine passée, les drapeaux de l’hôtel de ville de Manchester étaient berne à mi-hauteur de leur hampe... A qui rendait-on ainsi hommage ? A un homme politique, un footballeur ? Non, à la cheville ouvrière d’un mythique label indépendant post-punk : Anthony « Tony » Wilson, créateur en 1978 du label Factory Records.
Ex professeur d’anglais et de théâtre - à l’âge de dix-sept ans - à la Blue Coat School de Oldham (ville du « grand Manchester », à onze kilomètres au nord-est de la ville-mère), Wilson entame au début des années septante sa carrière d’homme de télévision - reportages, actualité régionale, culture, talk shows… - sur la chaîne Granada. En juin 1976, impressionné - comme sans doute 98,7% des spectateurs présents - par leur concert au Manchester Lesser Free Hall, Tony Wilson accueille les Sex Pistols dans son émission So It Goes. Il s’agirait de leur première apparition télévisée. Autour de ces premiers ressacs mancuniens de la tempête punk londonienne, il entre en contact avec les futurs acteurs locaux de la scène post-punk locale. Un peu moins de deux ans plus tard, en mai 1978, avec son complice Alan Erasmus, il donne le nom de Factory à un club éphémère où joueront ce mois-là Joy Division, Cabaret Voltaire, Durutti Column et le comédien John Dowie. Un disque, le premier de Factory, reprenant ces quatre groupes documentera à l’automne 1978 la frénésie fugace de ce printemps fertile. Encore plus que d’autres labels fondamentaux du post-punk britannique tels que Rough Trade de Geoff Travis ou 4AD de Trevor-Ivo Watts et du graphiste Vaughan Oliver, Factory propose une sorte de "triangle d’or" capable d’accompagner sur tous les terrains les musiciens chéris : Wilson lui-même à la relation de confiance (aucun contrat écrit, une simple poignée de mains, partage 50 / 50 des bénéfices éventuels… - et, vingt-cinq ans plus tard, un Wilson pauvre, mais soutenu par ses groupes pour payer ses médicaments non remboursés contre le cancer), Martin Hannett à la prise de son (à l’architecture sonore, serait-on tenté d’écrire) et Peter Saville au graphisme (cf. la pochette en papier émeri de "The return of Durutti Column"). On connaît plus ou moins la suite : Joy Division, le suicide de Ian Curtis, Factory Benelux (en collaboration avec Les Disques du Crépuscule), Les Names, New Order, l’ouverture de la boite de nuit The Haçienda (n° de catalogue : FAC 51, le matou hantant les lieux étant quant à lui baptisé FAC 191…), le succès de « Blue Monday » (FAC 73), le sous-label de musique classique, les Happy Mondays, les T-shirts « Just Say No To London »… Le label mis officiellement la clé sous le paillasson en 1992 même s’il y eu encore quelques soubresauts ultérieurs (les pseudopodes Factory Too, Factory Once et F4 ou les n° de catalogue FAC 401 et FAC 433 encore accordés au film « 24 Hour Party People » et à son site).
Tandis que Tony Wilson se consacrait de plus en plus aux médias (télévision et radio) et à la politique locale (le soutien d’un référendum d’obédience régionaliste entendant créer une assemblée représentative, dotée de compétences propres, pour le Nord-Ouest de l’Angleterre), une partie significative des anciens disques Factory étaient réédités, soit par Factory Once, soit par les fans et complices de LTM (Les temps modernes, archivistes les plus dévoués de cette scène du début des années quatre-vingt autour de Factory et des Disques du Crépuscule). La Médiathèque propose environ 90 références du label, principalement CD mais aussi LP ou 12 inches non réédités, VHS et DVD. Nous en avons sélectionné une bonne dizaine comme premiers jalons de l’exploration de ce labyrinthe luxuriant:
Médiagraphie sélective Factory Records :
En CD :
JOY DIVISION : UNKNOWN PLEASURES - (FACT 10, Jun 79) - XJ849A
JOY DIVISION : CLOSER - (FACT 25, Jul 80) - XJ849C
DURUTTI COLUMN (THE) : LC - (FACT 44, Nov 81) - XD971C
THICK PIGEON : TOO CRAZY COWBOYS - (FACT 85, Oct 84) - XT349B
SECTION 25 : FROM THE HIP - (FACT 90, Mar 84) - XS197E
STOCKHOLM MONSTERS: ALMA MATTERS - (FACT80, 1984) - XS815B
WAKE (THE): HERE COMES EVERYBODY - (FACT 130, Nov 85) - XW033E
A CERTAIN RATIO : THE OLD & THE NEW - (FACT 135, Jan 86) - XA091M
NEW ORDER : BROTHERHOOD - (FACT 150, Sep 86) - XN415R
NAMES (THE) : SWIMMING + SINGLES - C (FBN 9CD, 1991) - XN047C
Cath CARROLL : ENGLAND MADE ME - (FACT 210, Jun 91) - XC124A
HAPPY MONDAYS : BUMMED - (FACT 220, Nov 88) - XH143B
ANTHOLOGIES GENERALES : PALATINE (The Factory Story 1979-1990) - (FACT 400, Nov 91) - X 662A
En DVD :
Michael WINTERBOTTOM : 24 HOUR PARTY PEOPLE - VT0012 (biographie romancée)
THE NEW ORDER STORY - TB6121 (avec une interview de Tony Wilson)
UMBRELLAS IN THE SUN - X 919B (avec Section 25, Names, Durutti Column, Thick Pigeon, Stockholm Monsters, etc.)
Philippe Delvosalle et Benoit Deuxant
août 2007