URBNexpo | Portrait de Florence Dendooven
Florence Dendooven (1991 - )
Née en 1991,
A étudié à l’école supérieure des Arts de Mons Arts2,
Vit à Mons où elle exprime son art via différents procédés.
Une illusion parcourt l’histoire de l’architecture : tout bâtisseur croit construire une œuvre qui va durer. Elle semble s’inscrire dès son inauguration dans un patrimoine conçu pour survivre au temps. Acclamés ou décriés, immeubles et monuments deviennent des points de repère qui définissent une ville. Ils se voient protégés et classés afin de leur épargner la démolition par les spéculateurs. Mais ce rempart est loin d’être une garantie de préservation et l’Histoire collectionne les preuves de la mortalité des édifices célèbres.
Perspectives perdues est un ensemble de douze dessins de l‘artiste montoise Florence Dendooven dédiés aux architectures passées délibérément détruites par l’Homme. Que ce soit pour des raisons esthétiques, politiques, pour causes frauduleuses, de guerre, voire par manque d’estime ou pure inconscience, chacune de ces constructions fait partie pour elle d’un patrimoine gâché. Des édifices illustres comme le Palais d’été de Pékin ou les tours jumelles du World Trade Center côtoient des bâtisses plus modestes comme cette ferme bicentenaire du village d’Olme, dans le Pays de Herve, classée au patrimoine monumental de Wallonie et démolie illégalement en début d’année. Réalisées à l’encre sur pastel gras, chacune des œuvres de la série naît d’un même procédé créatif. Les bâtiments émergent en négatif, grattés de la surface noire du fond, comme « surgissant de l’oubli » selon les mots de l’artiste.
Florence Dendooven est coutumière du travail sous forme de série réunissant un concept systématisé déclinant textes, dessins ou objets, autour d’un même thème souvent architectural, mais aussi social. Ce nouveau travail est un magnifique catalogue de cas d’école, rendu encore plus fascinant par le traitement visuel choisi. [BD]
URBNexpo | Florence Dendooven expose au PointCulture Charleroi du 9 février au 30 mars 2018
et au PointCulture Bruxelles du 8 février au 17 avril 2018.
- PointCulture : Un lieu urbain qui vous inspire particulièrement?
- N’ayant pas grandi dans une grande ville, j’aime les espaces qui « respirent ». La nature est pour moi une bouffée d’air.
J’aime particulièrement les points de vues éloignés et surplombant une ville. À juste mesure, ça permet de prendre du recul mais aussi de rendre une dimension moins totalitaire à « l’oeuvre » humaine, de nous rappeler que nous ne sommes que de petits locataires. Durant ma jeunesse, j’ai notamment été marquée par les ascensions en montagne.
- Une autre œuvre sur la ville, par un autre artiste que vous-même, éventuellement d’une autre discipline, importante à vos yeux?
- -L’œuvre magistrale de Christo et Jeanne Claude est un fondamental. Réinventer et questionner l’espace publique, surprendre, créer une expérience, … C’est pour moi, un travail sensible, intelligent, où l’envergure crée l’impression et le souvenir.
- Une initiative citoyenne urbaine qui vous semble questionner la ville de manière pertinente?
- Cette année, de nouvelles fresques à caractère sexuel ou violent sont apparues sur les murs de Bruxelles. Pour moi, cette initiative remet en question notre rapport à ce type d’image qui remplissent notre quotidien. En effet, la société est saturée de telles représentations. Films, actualités, publicités, journaux télévisés, jeux vidéo, BD, œuvres d’art ; le sexe et la violence font partie du « paysage ». Sont-elles plus acceptables hors de l’espace public et urbain ? Ne démontrent-elles pas un problème plus profond ?