URBNexpo | Portrait de Corinne Lecot
![photo - (c) Corinne Lecot](https://static.pointculture.be/media/images/photo_-_c_Corinne_Lecot_-_we.2e16d0ba.fill-1000x500-c100.jpg)
Corinne Lecot (1960 - )
Née en 60,
A étudié à l’Académie des Beaux-Arts
Vit et travaille à Bruxelles où elle pratique la photographie et la peinture
À la limite du pictural et du photographique, cette image a été isolée de la série « Travelling » à laquelle elle appartient. D’habitude, elle cohabite avec seize autres photographies qui s’emparent du quotidien et qui par leur répétition, font écho à la routine de nos vies humaines, de nos vies urbaines. Les habitués du métro bruxellois y verront quelque chose de familier, même si finalement, ces fenêtres sans angles, griffées, taguées, qui ici, servent de cadre à la composition, sont universelles et se retrouvent dans tous les chemins de fer métropolitains. Chaque jour, dans les souterrains urbains, ce sont ainsi des tableaux infinis qui se construisent et se déconstruisent au gré des passants et de leur va-et-vient.
Le jeu des regards est complexe, les personnages oscillent tous entre le statut de voyeur et celui de regardé. L’image met en exergue, dans le réseau souterrain des villes, les réseaux humains incessants qui se tissent, les rencontres fortuites et éphémères qui s’opèrent à travers le regard. En tant que spectateurs, nous n’échappons pas non plus à cette rencontre oculaire. Le personnage à droite, casque posé sur les oreilles, nous observe l’air absent. De notre confortable statut de voyeur, nous vacillons nous aussi. Nous sommes scrutés.
Si l’on a tendance à associer la représentation exacte du réel au médium photographique, ici, la poésie du quotidien l’emporte sur celle-ci. La mise en abîme, ce procédé plastique qui consiste à réaliser une œuvre dans une œuvre (ici, par la fenêtre à l’arrière-plan qui rappelle celle du premier plan), permet de donner de la profondeur à l’image et de démultiplier les cadres à l’infini. La surexposition, les personnages flous, bougés, autant de procédés techniques qui témoignent d’un temps d’exposition relativement long, finissent par servir l’espace qui se creuse entre réalité et fiction, nous transportant vers une sorte d’onirisme citadin. [AHD]
URBNexpo | Corinne Lecot expose au PointCulture Liège du 10 février au 27 mars 2018 et au PointCulture Bruxelles du 8 février au 17 avril 2018.
- PointCulture : Un lieu urbain qui vous inspire particulièrement?
J’aime les lieux de départ et de transit comme les ports et les gares, et parfois même les transports urbains. Ce sont des lieux qui m’inspirent et où je me sens toujours à ma place, comme chez moi curieusement. Sûrement parce que ce sont des lieux emblématiques de la ville, ouverts vers l’extérieur où tout commence.
- Une autre œuvre sur la ville, par un autre artiste que vous-même, éventuellement d’une autre discipline, importante à vos yeux?
Sans hésiter le dernier EP Zeppelin du groupe bruxellois L’Or du Commun, à l’incroyable énergie et aux textes très bien ciselés. Ces trois bruxellois savent parler de Bruxelles, la ville dans laquelle ils vivent. S’il fallait choisir un de leur morceau, ce serait 1000, un portrait d’un Bruxelles joyeux et poignant à la fois qui me touche particulièrement. A écouter !
- Une initiative citoyenne urbaine qui vous semble questionner la ville de manière pertinente?
Comment ne pas parler des citoyens bénévoles qui se mobilisent partout en ce moment pour les réfugiés ? Au Parc Maximilien de Bruxelles et ailleurs en Belgique, s’est créée une solidarité pour leur venir en aide dans leur détresse, et c’est remarquable. Quelques plateformes se sont créées spontanément dont celle de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés, qui organisent chaque soir, l’hébergement de près de 300 réfugiés. Ils sont accueillis et logés pour une nuit par des citoyens offrant une chambre, un matelas ou un canapé, mais surtout sécurité et humanité, le temps de souffler un peu.