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Ecoféminismes : la réactivation des joies énergiques

Avec Myriam Bahaffou, Isabelle Stengers et Benedikte Zitouni

Où étaient donc passés les écoféminismes en Europe occidentale ? Pourquoi avoir un peu perdu de vue les révoltes joyeuses, les cercles de sorcières et autres luttes malicieuses ? La radicalité, l’anticapitalisme, l’anarchisme au sens premier du terme constituent, entre autres, l’essence même de ce vaste mouvement qui n’est jamais réellement parvenu à s’implanter chez nous alors qu’il est de plus en plus vivace dans de nombreuses régions du monde. L’écoféminisme libéral, l’écologisme réformiste et la récupération académique et théorique de ces mobilisations militantes n’ont plus rien à voir avec ce qui caractérise les premiers combats écoféministes que furent le camp pour la paix de Greenham Common, la Women’s Pentagon Action ou encore plus éloignée de nous, la Convention de Seneca Falls.

C’est de l’héritage de ces luttes qu'il s’agit aujourd’hui de s’inspirer pour se réapproprier notre pouvoir d’agir. Avec pour seules armes leur corps, leur colère et leur joie de vivre, passant au mieux pour des hurluberlues, au pire pour des hystériques, les femmes se sont mises en action pour ouvrir une brèche qu’il nous faut aujourd’hui agrandir. Notre déconnexion du vivant porte encore davantage à conséquence de nos jours, nous l’expérimentons violemment entre extinctions de masse, dévastation forestière, dérèglement climatique et COVID-19.

Au cœur de la plupart des militances écoféministes, on retrouve une certaine idée du collectif. Avec, pour citer la philosophe Isabelle Stengers, comme condition pour réactiver le sens commun face au désastre, la joie de penser et de résister ensemble. La sociologue Benedikte Zitouni ne dit pas autre chose lorsqu’elle évoque l’humour et la gaieté que suscitent chez les femmes de Greenham leur combat contre la menace nucléaire. Quant à la chercheuse Myriam Bahaffou, elle convoque notre imagination afin de faire fleurir des mobilisations alternatives pour provoquer un changement à la racine des oppressions, qu’elles soient de genre, d’âge, de classe, de race ou de la nature et des êtres vivants non humains.

En leur compagnie, nous tenterons de partager quelques outils et idées pour refuser la sidération et se mobiliser de plus belle contre les pensées tristes et impuissantes.

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Myriam Bahaffou est doctorante en philosophie féministe et militante écoféministe. Elle vient de coécrire une préface joyeusement radicale au « Le Féminisme ou la Mort » de Françoise d’Eaubonne.

Isabelle Stengers est philosophe. Son dernier ouvrage, « Réactiver le sens commun : Lecture de Whitehead en temps de débâcle », constitue tout un programme pour affronter l’air du temps.

Benedikte Zitouni est professeure et chercheuse en sociologie à Saint-Louis. Elle est la co-auteure de « Terre des villes » (L’éclat, 2018) et a préfacé l’ouvrage « Des femmes et des missiles » (Cambourakis, 2016).

Passeuse de parole : July Robert (la Maison du Livre)

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Lectures par Maïa Chauvier.

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