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Les arts sonores à l'épreuve de l'espace

publié le par Jean-Grégoire Muller

Retour sur la journée d'études du 3 mai, avec Matthieu Saladin, Bastien Gallet, Pauline Nadrigny, Sébastien Biset, Julia Eckhardt et Carlotta Darò.

Sommaire

Introduction par Mathieu Saladin

 

Bastien Gallet, « Walking Sounds : de quelques marches sonores »

Il s’agira d’abord de reconstituer et d’examiner quelques marches sonores historiques : celle que Max Neuhaus proposa à des amis à New York en février 1966, inaugurant une longue série ; les Electrical walks prothétiques que Kristina Kubisch entreprit à partir de 2003 ; les Audio walks composées et à recomposer de Janet Cardiff (la première remonte à 1991).

Il s’agira ensuite de déterminer ce que ces marches font au marcheur et aux lieux qu’il traverse, dans quelle mesure elles modifient sa relation à l’espace, quelles nouvelles et changeantes spatialités s’esquissent alors.

Il s’agira enfin de mettre des hypothèses que l’on dira pour aller vite philosophiques à l’épreuve de ces cas, hypothèses quant à l’espace, aux lieux, aux corps qui s’y trouvent toujours déjà inscrits et auxquels ces marches viendraient offrir, ce serait là une de nos hypothèses, un certain « jeu » (dont il nous faudra bien sûr définir la nature).

 

Pauline Nadrigny, « Le field, entre espace et paysage »

Partant de la figure de Henry David Thoreau, emblématique pour de nombreux tenants du field recording, nous chercherons à envisager les conceptions concurrentes de l'espace sonore qui traversent ce courant artistique : de l'idée de paysage sonore, à laquelle s'attachent les défenseurs d'une pratique « écologique » de l'enregistrement, dans une perspective tout à la fois documentaire et esthétique, à une appréhension opérationnelle de l'espace sonore, conçu comme ce que l'enregistrement doit construire. Sans vouloir cliver cette pratique, nous déterminerons cependant quelques dichotomies éclairantes pour comprendre les enjeux esthétiques de ce courant. Ainsi, nous souhaitons examiner l'ambiguïté du concept même de field recording, entre naturalisme et constructivisme, empreinte et artefact, harmonie et anarchie.

 

Sébastien Biset, « La musique hic et nunc : un art de la situation (esthétiques musicales situationnelles) »

Le fait musical – et plus largement sonore – s’expérimente en acte, a priori. Les pratiques de l’écriture (notation) et les méthodes de captation (enregistrement) ont minoré sa valeur performantielle pour lui préférer la forme, abstraction faite du temps et du contexte de l’exécution. Si la musique a intégré en l’accompagnant en permanence notre quotidien, l’enjeu aujourd’hui est sans doute de préserver en elle ce qui nous rend disponible à l’expérience : l’écoute et la conscience de l’événement – se montrer disponible à l’immédiateté des situations vécues, expérimentées. Tel est probablement l’enjeu d’une esthétique de la situation, de la musique comme événement, de la musique comme instant et comme lieu. Cette présentation  abordera les pratiques variées de la performance (pratiques furtives, in socius, etc.), du field recording, du busking et de la musique in situ, pour lesquelles l’événement sonore se conçoit d’abord comme une « situation », hic et nunc.

 

Julia Eckhardt, « L’espace sonore comme laboratoire mental et concret »

Q-O2 est un laboratoire pour les musiques expérimentales et les arts sonores, situé à Bruxelles. Il a pour but d’accueillir et de permettre une recherche en développement sur ces domaines, prenant aussi bien la forme de résidences d’artistes, de performances, que de projets collectifs ou encore de festivals. Les projets débutent souvent par des questions relativement abstraites qui prendront ensuite corps pendant les résidences : ainsi des frontières du field recording, de la distinction entre improvisation et composition, de la musique du dehors comme objet trouvé, ou encore de l’inscription d’un projet dans l’environnement urbain, la vie sociale et l’architecture d’une ville. Cette intervention sera l’occasion de revenir sur certains projets amorcés à Q-O2, articulés à ma propre pratique de musicienne, notamment à travers le travail engagé avec des compositeurs comme Éliane Radigue et Manfred Werder ou les questions soulevées par Fluxus, afin d’interroger les enjeux et les modalités d’un espace expérimental dédié à la recherche sonore.

 

Carlotta Darò, « De la matérialité du son à l’architecture immatérielle »

À partir de l’étude de notions comme celles d’atmosphère ou d’ambiance, cette intervention explore deux processus de transformation issus de l’application des technologies modernes : l’un qui concerne le domaine du son et l’autre de l’architecture. Au cours du xxe siècle, plusieurs artistes et compositeurs de l’avant-garde ont approché le son en tant qu’objet manipulable, un type d’ameublement, ou plus spécifiquement une ornementation spatiale. D’autres architectes expérimentaux, à l’inverse, ont imaginé de pouvoir s’affranchir de la matérialité en architecture par l’utilisation directe des technologies de contrôle des environnements. Les modèles conceptuels conçus par les figures de l’avant-garde ont en quelque sorte annoncé les futurs changements issus du progrès technologique en préparant un terrain culturel favorable à leur réception.