UNE BANDE D’HUMANIPULATEURS

Commençons par deux chansons récentes qui pointent du doigt, plus généralement, la manipulation dans le monde politique.

Manipulez-nous mieux par Didier Super

Avec l’humour provocateur et cynique qui le caractérise, Didier Super affirme ici, en 2015, que plus personne n’est dupe et demande aux politiques de mieux nous manipuler.

Même les vieux ils ont capté / Qu’en fait notre président c’est pas lui qui dirige vraiment / Que nos vrais chefs, c’est des banquiers qui ont réussi mieux que lui / Et c’est pour ça droite ou gauche: bah ça reste plutôt à droite / […] /Alors vous les beaux costards qui décidez de notre sort / Ne nous laissez pas comme ça, ça fais trop peur, faites un effort ! / Manipulez nous mieux

L’humanipulateur par Thibor

Dans ce premier clip de 2016, le groupe belge Thibor dresse le portrait de l’humanipulateur, une catégorie  d’hommes qui peut contenir aussi bien les hommes politiques que les hommes d’affaires, les pervers narcissiques, ou, tout simplement, ceux qui cherchent à gagner du terrain en manipulant leur entourage.

Il prend toutes les couleurs qui passent / Politicien caméléon / Il s'installe aux meilleures places / Pour figurer au Panthéon / Il prône les lumières franches / Mais, ses yeux sont rouges-néon La nuit / Il troque sa mitre blanche / Pour le chapeau de Napoléon

LES PRÉSIDENTS FRANÇAIS DANS LE COLLIMATEUR

Ecoutons voir maintenant les points de vue de certains auteurs-compositeurs-interprètes sur les différents présidents qui se sont succédé en France de Valéry Giscard d’Estaing à François Hollande. On aurait bien voulu créer une playlist vidéo similaire pour la Belgique. Mais, dans nos recherches, aucune grande chanson sur nos premiers ministres ne s’est pointée à l’horizon.

Le Président et l’Eléphant par Gilbert Laffaille

Nous sommes en 1977 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Et Gilbert Lafaille raille la France de l’époque et sa politique.

J'ai dit à mes enfants / Mes bébés éléphants : / Regardez l'homme blanc / Ça, c'est un président / C'est celui qui sourit / Et qui tient un fusil / Il dirige un pays / Où y a pas d'éléphants / Qu'est-ce qu'ils ont donc là-bas ? / Ils ont pas d'éléphants / Mais ils ont des moutons / Des troupeaux de moutons / Et puis un président / Qu'est-ce qu'ils font ces moutons ? / Ils ont jamais le temps / Et lui, qu'est-ce qu'il fait là ? / Il vient pour tuer le temps

Le vrai changement c’est quand ? par François Béranger

C’est la question que pose François Béranger qui, déjà en 1982 (un an après l’élection de Mitterrand), craint fort que le changement annoncé n’aie jamais lieu !

Le bruit et l’odeur par Zebda

Dans Le bruit et l’odeur (1995), Zebda s’adresse directement à Jacques Chirac :

« Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui ensemble gagnent environ 15 000 FF et qui voit sur le palier à côté de son HLM entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosse et qui gagne 50 000FF de prestation sociale sans naturellement travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n'est pas être raciste que de dire cela. Nous n'avons plus les moyens d'honorer le regroupement familial et il faut enfin ouvrir le débat qui s'impose dans notre pays qui est un vrai débat moral pour savoir si il est naturel que les étrangers puissent bénéficier au même titre que les Français d'une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu'ils ne payent pas d'impôts. »

La Débâcle par Mano Solo et les Frères Misère

Pour Mano Solo, en 1996, Chirac rime avec débâcle.

Ne perds pas ton temps / A vouloir deviner le rêve de Chirac / Chirac ne rêve pas / Pourtant il dort à poings fermés / Quand dans la rue les poings se ferment / Chirac nous parle dans sa télé / Du social des grandes priorités / Comme investir dans Euro Disney / Aux exclus il leur préfère Mickey / De gros avions il faut bien ça / Pour ses week-ends à Mururoa

La France a peur par Mickey 3D

En 1999, Mickaël Furnon exprime toute la peur ambiante qui règne dans la France policisée de Jacques Chirac.

Ensuite ils font parler un type / Qui a pas l'air de manquer de fric / Il me dit que si je veux respirer / Ben c'est pour lui qu'il faut voter / Prendre ma carte du parti / Lui filer quelques billets / Il me dit que si l'air est pollué / Si les français sont stressés / C'est la faute des immigrés, des clochards et des pédés / La France a peur / Tous les soirs à vingt heures / La police vous parle

Au départ par Alex Beaupain

Voici ce que dit Alex Beaupain de sa chanson Au départ (2011) : « C’est une chanson d’amour de gauche qui dit qu’en amour comme en politique, tout commence par un immense espoir pour finir par une cohabitation ».

Le pingouin par Carla Bruni

On dit que Carla Bruni n’aurait pas supporté lors de la passation de pouvoir, le 15 mai 2012, de ne pas être raccompagnée, avec son époux, à sa voiture par les nouveaux locataires de l'Élysée. La chanson Le pingouin (2013), bien qu’elle le nie, serait une réponse à ce comportement de malappris du pataud François Hollande.

Il prend son petit air souverain / Mais j’le connais moi, l’pingouin / N’a pas de manière de châtelain / Hé le pingouin! / Si un jour tu recroises mon chemin / Je t’apprendrai, le pingouin / Je t’apprendrai à me faire le baisemain

Mon Raymond par Carla Bruni

Juste après cette première vidéo qui a créé la polémique, Carla sortait le clip de la chanson  Mon Raymond (2013) qu’elle confirme avoir écrite pour Nicolas Sarkozy. Hum, hum ! Difficile de ne pas voir de liens entre ces deux chansons !

François sous la pluie par Mickey 3D

De François sous la pluie (2016), Mickaël Furnon  nous dit : « Ce n’est pas de l’empathie, c’est une chanson ni gentille, ni méchante, que j'ai voulu faire sur ce gars qui prend la pluie sur la tête le jour où il devient Président de la République. On a l’impression que le nuage le suit tout au long de son mandat et lui ne fait rien pour ramener le soleil, il se fourvoie. Moi, je fais partie de ceux qui sont très déçus par la politique du Parti socialiste et d’un autre côté, je n’arrive pas à le détester. Il y en a d’autres que je trouve beaucoup plus détestables. »

Moi, je te revois, François sous la pluie / Est-ce que tu pleures sur Paris ? / Seul, avec effroi, et sans parapluie / Les yeux blanchis par l’envie d’en rester là

MISE EN GARDE CONTRE LA MONTÉE DU FRONT NATIONAL EN FRANCE

On ne compte plus les chansons qui s’inquiètent de la montée du FN. En voici six qui frappent fort et juste.

Commençons par les réactions à Jean-Marie Le Pen.

La jeunesse emmerde le Front National par Bérurier noir

Le Front National atteint 14% à la présidentielle de 1988, avant de passer à 9% aux législatives, puis enfin à 10% aux Européennes. Ce qui a le don d’énerver les Bérus qui chante en 1989 « La jeunesse emmerde le Front National ! ». Chanson qui sera remise en avant par le groupe quand Jean-Marie Le Pen arrive au second tour de la présidentielle en 2002.

La bête par Zebda

Zebda fait le portrait, à peine caricaturé, de la bête en 1995.

Il est dangereux / Il a toutes les dents pointues / Il a pas de molaires / Il a que des canines / Les commères disent de lui / Qu’il est né par le cul / J’ai vérifié l’info, il a pas de racines

La Bête est revenue par Pierre Perret

Et puis, il y a Pierre Perret qui, en 1998, se fend aussi de quelques couplets  bien troussés qui invitent à la méfiance :

Attention mon ami, je l’ai vue / Méfie-toi, la bête est revenue ! / C’est une hydre au discours enjôleur / Dont les cent mille bouches crachent le malheur / Y a nos libertés sous sa botte / Ami, ne lui ouvre pas ta porte

Sans oublier les réactions à Marine Le Pen.

Le 20.04.2005 par Philippe Katerine

En 2005, Philippe Katerine raconte un de ses cauchemars où il est poursuivi par Marine Le Pen dans la rue.

Elle est facho par Renaud

Référence à peine déguisée à Marine Le Pen ou portrait d’une de ses électrices, Elle est facho (2006) est un des derniers très bons textes du chanteur énervé.

Jamais Nationale par La Canaille

Dans ce rap hypnotique datant de 2014, La Canaille décrète l’état d’urgence face à la montée des Nationalistes et fustige l’outil principal de Marine :

Mais écoute là cette voix dégueuler sur les ondes /Cette voix venue tout droit du territoire des ombres / Cette voix immonde qui prend du poids et des galons / Qui sait comment se faire mielleuse pour séduire dans les salons / Cette voix aux multiples gorges qui se décharge / Habitée d'une haine si virulente qu'elle en est barge / Du cadre à l'ouvrier jusqu'au commissaire / Cette langue de vipère s'accommode très bien de la misère.

REGARDS SUR QUELQUES POLITICIENS DANS LE MONDE

Et pour terminer, voici trois titres de chanteurs qui sortent de la France pour regarder ce qui se passe ailleurs.

Allende par Léo Ferré

Dans Allende (1977), Léo Ferré exprime ici toute la haine qu’il a envers les politiciens et autres hommes de pouvoir. Seul  Salvador Allende (président du Chili de 1970 à 1973) trouve grâce à ses yeux.

Quand les voteurs votant se mettront tous d'accord / Sur une idée sur rien pour que l'horreur se taise / Même si pour la rime on sort la Marseillaise / Avec un foulard rouge et des gants de chez Dior / Alors nous irons réveiller / Allende Allende Allende Allende

Miss Maggie par Renaud

Déjà en 1985, Renaud s’insurgeait contre les femmes de pouvoir en la figure de Margaret Thatcher surnommée « La dame de fer ».

Femme je t’aime, surtout, enfin / Pour ta faiblesse et pour tes yeux / Quand la force de l’homme ne tient / Que dans son flingue ou dans sa queue / Et quand viendra l’heure dernière / L’enfer s’ra peuplé de crétins / Jouant au foot ou à la guerre / A celui qui pisse le plus loin / Moi je me changerai en chien / Si je peux rester sur la Terre / Et comme réverbère quotidien / Je m’offrirai Madame Thatcher

Il aurait dû par Gabriel Yacoub

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, Gabriel Yacoub a écrit cette chanson qui pointe le manque de sagesse du président des États-Unis George W. Bush.

  Il laisse derrière sous une couche de poussière / Laisse derrière parmi des foules ordinaires / La colère c’est ce qu’il laisse derrière / Je voudrais tant sans être mage ni savant / Je voudrais tant dire que certains de mes parents / Au Liban auraient instruit le président