Candide de Leonard Bernstein
Sommaire
Au commencement …
Maurice-Quentin de la Tour, Portrait de Voltaire, Détail
Voltaire. 1759 : à l’heure où il écrit Candide, un terrible conflit oppose les grandes puissances de l’époque sur trois continents : l’Amérique, l’Europe et l’Inde. C’est la troisième année de la guerre de sept ans, avec son cortège d’horreurs et de violence que Voltaire va fustiger dans son ouvrage. Il a aussi été profondément marqué par le tremblement de terre de Lisbonne qui, en quelques minutes, a détruit quasi l’intégralité de la ville et tué plus de 50.000 personnes. Dans cette ville meurtrie, Candide et Pangloss feront l’expérience de la Sainte Inquisition. Tout au long du conte, l’auteur fera référence à Leibniz et à son ‘principe de raison suffisante’ : rien n’arrive sans raison, et si elle nous échappe, Dieu en est l’origine. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Enfin, il s’insurge contre les excès du pouvoir, qu’il soit royal, commercial ou religieux.
Deux siècles plus tard…
L’impulsion est donnée par Lillian Hellman, au début des années 1950, qui propose à Bernstein de collaborer à l’écriture d’une comédie musicale sur Candide. Dans le climat de méfiance lié au pires heures du maccarthysme, c’est l’occasion d’exprimer sa colère vis-à-vis de la Commission des activités antiaméricaines dont son compagnon Dashiell Hammett et elle-même ont été victimes, accusés tous deux de collusion avec les communistes, dans une parodie de justice qui lui rappelle celle de l’Inquisition.
En 1954, Bernstein commence le travail sur Candide, parallèlement à celui de West Side Story. L’œuvre débute sa première tournée à Boston en octobre 1956 pour la terminer à Broadway, après 73 représentations. Contrairement à un opéra, une comédie musicale destinée à des scènes comme celles de Broadway doivent tourner plus de cinq mois pour faire la preuve de son succès. Pour les auteurs, c’est un relatif échec. Pourtant, l’œuvre possède de nombreux atouts : un tour du monde coloré émaillé de musiques inspirées des lieux, des aventures variées et burlesques, une ironie mordante, des dialogues comiques – aah, savoureuse description du mode de propagation de la syphilis par Pangloss ! – une histoire d’amour, le tout sur fond philosophique. Mais la difficulté de mettre en scène une pièce nécessitant de nombreuses scènes et un livret qui révèle certaines faiblesses ne facilite pas la vie des producteurs.
De 1957 à aujourd’hui
Mais Candide n’avait pas dit son dernier mot. Sans cesse remis sur le métier, son livret et sa musique ne cesseront d’être revus, augmentés, coupés puis réintroduits pour aboutir à une version de référence, celle retravaillée, sous l’impulsion de John Mauceri, par Bernstein. Le résultat final de ce « work in progress » retrouve l’esprit des origines, plein de vivacité, entraînant, comptant de nombreux numéros musicaux rythmés et laissant une belle part au texte de Voltaire. Cette représentation a été immortalisée en 1989 par le label Deutsche Grammophon.
Représentation scénique de la BBC 1988 :
Enjoy !