Jeu vidéo et cours d'histoire : 4 questions à François Hardy
- Thierry Moutoy (PointCulture) : Les étudiants en sciences humaines de la Haute École Charlemagne de Liège, futurs enseignants en histoire, ont travaillé sur le développement des villes au Moyen Âge en en jouant à Assassin's Creed - Valhalla. Est-ce la première fois que tu utilises le jeu vidéo comme outil pédagogique ?
- François Hardy : Non, j’utilise régulièrement le jeu vidéo comme outil dans mes cours. J’ai actuellement six séquences pédagogiques, avec des jeux différents, qui intègrent ce média. J’ai développé ma propre méthodologie que j’ai appuyée sur les travaux d’autres chercheurs. Les étudiants sont donc rapidement habitués à l’architecture générale de ces scénarios pédagogiques.
- On reproche souvent au principe du Discovery Tour d'Ubisoft et aussi à Minecraft depuis son rachat par Microsoft d'être des outils de marketing et « de laisser entrer les marchands dans le temple »… Quel est ton avis ?
Certes, je suis bien conscient de laisser entrer le marchand dans le temple. Mais mon temple n’est pas fermé au monde réel, à la réalité extérieure à la classe. — François Hardy
- Cela permet aussi aux élèves de pouvoir émettre des jugements critiques sur les contenus de ces jeux et la manière dont ils nous présentent les contenus historiques. Nous travaillons aussi à l’éducation aux médias dans ce sens. Par ailleurs, ces marchands ont les moyens de nous proposer des reconstitutions réellement époustouflantes, d’une qualité inégalée par les artisans du temple éducatif. Je pense que nous aurions tort de nous priver de leurs marchandises.
- Le pédagogique et le ludique se mélange de plus en plus, que ce soit le discours de Martin Luther King dans Fortnite, la série de jeux stratégique Total War. Est-ce que pour toi ces différentes approches ont la même valeur ?
- On apprend en jouant, c’est prouvé depuis la nuit des temps. Ce n’est pas le seul moyen d’apprendre et en réalité, on se balade plus qu’on ne joue dans mes séquences. Pour moi, l’approche sera bonne si l’enseignant a bien inspecté et décortiqué le jeu qu’il utilise, qu’il se focalise principalement sur les contenus qui correspondent à l’état actuel de nos connaissances.
Le danger est que l’élève confonde les contenus fiables et fictifs. Il est important de bien les identifier, au risque de produire un mélange contre-productif entre le ludique et l’éducatif. — F. H.
- Peux-tu nous parler de ton projet avec, entre autres, Julien Annart ?
- Julien Annart rédige un manuel à destination des enseignants qui présente les plus-values du jeu vidéo ainsi que des séquences d’enseignants. C’est dans ce cadre qu’il m’a demandé de décrire mon utilisation du jeu A Plague Tale : Innocence. La sortie du manuel est prévue pour début 2022.
Interview par e-mail : Thierry Moutoy
Le lien vers le site de François Hardy, qui a pour vocation de proposer un ensemble de ressources pouvant alimenter la création de séquences pédagogiques en histoire : http://francoishardy.weebly.com/
http://artemis-histoire.weebly.com/
Un reportage de RTC – Télé Liège :
https://www.rtc.be/cours_a_consoles_ouvertes-1510710-999-325.html