Histoire de l'orgue - Genèse et Moyen-Âge (L')
Sommaire
Genèse
Il fait sa première apparition au IIIème siècle avant Jésus Christ à Alexandrie où l’astucieux Ctésibios eut l’idée de faire sonner des tuyaux avec de l’air maintenu sous pression par un réservoir d’eau d’où le nom de l’instrument : hydraulos ou hydraule (hydre, l'eau et aulos, le tuyau). Pour envoyer l’air dans les tuyaux et produire un son, on utilisait des tirettes. Dans le monde romain, ces prototypes d’orgues accompagnaient les courses de char, les jeux du cirque et le théâtre. Cet instrument va disparaître du monde occidental avec les invasions barbares pour y revenir, via Byzance.
Reconstitution grandeur nature du premier orgue (hydraulos) de l'histoire, réalisé par le mécanicien grec Ktésibios à Alexandrie (Egypte), vers l'an 246 av. J.-C. site www.orgue.ch
Le Moyen Age
Constantin V, empereur de Byzance, offre une hydraule à Pépin le Bref lors d’une ambassade en 757. L’instrument est destiné à magnifier la splendeur impériale et ce n’est que plus tard que l’orgue fait son entrée dans la chrétienté d’abord pour guider le chant des moines, ensuite pour soutenir le chant de l’assemblée. Pour rendre l’instrument plus aisément transportable, le réservoir d’eau est remplacé par des soufflets actionnés à la main. Vers le XIIème siècle, apparait l’orgue portatif, muni d’un soufflet que l'exécutant actionne de la main gauche tandis que la main droite actionne les tirettes ouvrant les tuyaux. Cet instrument se révèle très pratique lors des processions.
Anonyme, dit Maître des Bartholomée: Sainte Cécile jouant de l'orgue portatif, retable, fin XVème siècle
Vidéo Youtube: orgue portatif joué par Martin Erhardt
Van Eyck: Les Anges musiciens, Gand, Eglise Saint Bavon
Le fait de poser l’orgue sur le sol (orgue positif) va permet à ce dernier de s’agrandir. Les tuyaux se multiplient, le soufflet grandit nécessitant l’intervention d’un aide. La puissance du son se renforce, la tessiture s’élargit surtout vers le grave qui demande des tuyaux plus hauts et plus larges.
Vidéo Youtube: Orgue du moyen-âge joué par Jankees Braaksma
Certains instruments deviennent si larges qu’ils requièrent deux organistes pour tirer les tirettes. Une amélioration technique permet l’introduction du clavier : l’abrégé. Par un système de vergettes et de rouleaux, le mouvement de la touche est transmis à la soupape. Dès lors les tuyaux ne doivent plus être disposés en vis-à-vis du clavier mais selon la commodité. L’air produit par les soufflets est stocké dans des réservoirs puis amené vers les tuyaux par l'intermédiaire du sommier. Cet appareillage complexe prend place dans un meuble qui le protège de la poussière et autres agressions.
L’orgue positif prend place dans le chœur des édifices pour accompagner la chorale (la schola). Avec l’élargissement des lieux de cultes (passage du style roman au style gothique), le positif va se déplacer vers le fond pour prendre place sur une tribune. De là, il peut diriger les voix de l’assistance ou les remplacer. Le meuble qui le contient prend une valeur architecturale et devient le buffet.
Orgue de la Cathédrale de Strasbourg
Orgue Rudy Jacques de l’église de la Chapelle, Bruxelles (grand positif transportable)
Renonçant à être déplacé, l’orgue s’élargit encore accueillant des tuyaux de plus en plus grands, étirant ainsi sa tessiture vers le grave. La multiplication des tuyaux appelle une multiplication des moyens pour les faire parler : clavier(s) supplémentaires et clavier actionné par les pieds : le pédalier. Ce grand orgue de tribune ne sonne pas le glas de l’orgue positif qui maintient sa présence dans le chœur : l’orgue de chœur.
Orgue de choeur, Lausanne Site: http://orgues-lausanne.ch/saint-francois/
Orgue de N.-D.-de-Valère à Sion (Suisse) c1430
Orgue de Notre-Dame de Valère, Sion, circa 1430