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Sound in Motion (1) : les sons 'free' d'une ville en mouvement

Koen Vandenhoudt et Christel Kumpen - Sound in Motion
Depuis pas mal d'années, Christel Kumpen et Koen Vandenhoudt programment avec détermination et persévérance d'excitants concerts de "musiques aventureuses" (free jazz et musiques improvisées en tête, mais pas que) dans la ville de Fred Van Hove, Cel Overberghe, Dennis Tyfus et Joachim Badenhorst. Le premier volet d'une longue conversation.

Sommaire

Une géographie des musiques aventureuses

- Comme cette interview se place dans le cadre d’un portrait artistique, culturel et associatif de la ville d’Anvers, je voulais d’abord vous interroger sur votre rapport à la ville… Vous êtes nés à Anvers ? Vous y avez grandi ? Ou vous êtes arrivés plus tard ?

- Christel Kumpen : Je ne suis pas née à Anvers ! J’ai grandi dans un petit village du Limbourg et je suis arrivée ici en 1985 pour étudier. Et… je ne suis jamais repartie. Donc, en fait, j’habite depuis plus longtemps à Anvers que je n’ai habité dans mon village d’origine !

- Koen Vandenhoudt : Moi, j’étudiais à Bruxelles. Je devais faire mon service militaire puis on s’est rencontrés et assez vite on a habité ensemble…

- C. K. : En fait, au début, on n’a pas vraiment choisi spécifiquement Anvers par rapport aux autres villes mais j’avais un appartement très bon marché ici et j’étudiais à l’université d’Anvers pendant que Koen était à l’armée. Ça aurait pu être Bruxelles ou Gand mais ça s’est fait comme ça, sans vrai choix conscient.

- Toi non plus, Koen tu ne venais pas d’Anvers, alors ?

- K. V. : Non, je suis originaire de Diest – encore dans la province de Brabant, mais pas très loin de Herk-de-Stad [entre Leuven et Hasselt].

- Vous avez grandi dans des familles de musiciens ?

- C. K. : Moi, pas du tout mais Koen, oui.

- K. V. : On était quatre à la maison, deux sœurs, un frère et moi. On devait tous s’inscrire à l’école de musique. Ma sœur ainée est chorégraphe : elle donne des cours de ballet à Heist-op-den-Berg et des initiations à l'opéra pour les enfants à La Monnaie à Bruxelles. Mon frère faisait aussi de la musique mais s’est plutôt tourné vers le théâtre. Mon autre sœur est singer-songwriter.

- Cela vient de tes parents ?

- Oui, ma mère s’est toujours intéressée à la musique classique, au ballet, etc. Elle chantait aussi. On devait aller à l’école de musique mais mes parents voulaient aussi qu’on joue d’un instrument. Quand j’ai voulu jouer de la batterie, j’ai pu le faire. Et ça m’a permis d’être batteur dans un groupe punk.

- J’ai l’impression que votre contact avec les musiques (improvisées, post-free jazz, expérimentales, aventureuses, etc.) que vous défendez dans vos concerts surtout à Anvers (mais pas que) s’est passé d’abord via un détour géographique via Hasselt et la Zaal BELGIE…

- C.K. : En fait, ça avait déjà commencé avant.

- K. V. : Oui, ça s’est passé dans le sens inverse, en fait. Avant même d’étudier à Bruxelles, on allait à la capitale avec des amis pour acheter des disques. On s’intéressait déjà à des formes de musiques alternatives. Cet intérêt est passé assez vite d’une sorte de rock alternatif à des formes plus expérimentales et au free jazz. Quand on est arrivés à Anvers on est tombés sur Tom De Weerdt de Lowlands qui vendait des disques, par correspondance et… chez lui.

- C. K. : On passait tous les vendredis soirs dans la chambre de Tom à écouter – et parfois à acheter – des disques.

- K. V. : Un ami à lui qui étudiait le japonais est parti six mois au Japon et est revenu avec tous les disques du label P.S.F. : Fushitsusha, Keiji Haino, etc. On habitait aussi dans la Wetstraat et à la fin de cette rue il y avait un magasin de disques légendaire : le Jazz Corner. Le disquaire est mort et il y a eu une grande vente que des amis m’avaient conseillé de ne pas rater. Il y avait presque tous les CD du label ESP Disk à 100 FB. Il y avait aussi une cave pleine de vinyles incroyables mais des Japonais ont fait une offre sur tous ces disques-là…  Hugo De Craen par exemple était souvent dans le magasin et il me conseillait : « Ah, tu prends ces disques ESP ? Prends aussi ce Fred Anderson ou ces disques du label Moers Music, alors ! ».

- Dans tout ce que tu racontes jusqu’ici tu es encore un amateur de musique, qui découvre des disques, qui va aux concerts, etc. mais comment es-tu passé du côté actif de la scène, alors ?

- À la fin des années 1980, on a essayé d’organiser des choses à Anvers mais c’était très très compliqué à l’époque.

- C. K. : C’était difficile de trouver une salle et encore plus une salle avec une bonne acoustique. À un moment on a essayé d’organiser des concerts à Lier. Le nom Sound in Motion tire son origine de cette époque là. Mais cela n’attirait quasi pas de public parce qu’on organisait ça dans une ville et dans un contexte dans lesquels on ne connaissait presque personne. Quelques personnes se déplaçaient d’Anvers – comme nous ! – mais ça n’avait pas beaucoup de sens… Et peu après cette expérience-là, Koen s’est mis à parler avec les gens du Kunstencentrum BELGIE à Hasselt…

Anvers et Hasselt, de la banque au 'kunstencentrum'

- K. V. : Pascal Cools qui fait encore notre graphisme aujourd’hui était un bon ami de Jo Lijnen et Marc Borgions qui jouaient dans le groupe wave électronique Philadelphia Five et Jo venait de commencer le K.C. BELGIE.  Nous, on allait toujours au Germinal à Herk-de-Stad où il y a eu de très bons concerts (Bitch Magnet par exemple) mais où la dynamique a aussi fini par un peu retomber… Du coup, on était obligés de se déplacer plus loin, au Effenaar à Eindhoven aux Pays-Bas. Pascal savait que je faisais une émission radio et que j’étais toujours à la recherche de nouvelle musique. Il avait dit à Jo de me demander des noms de groupes à éventuellement faire jouer. Les tourneurs et agents avec lesquels ils étaient en contact ne connaissaient pas trop les groupes et musiciens de mes premières listes… mais six mois plus tard ceux-ci jouaient à Bruxelles ! Du coup, on s’est mis à envoyer des fax directement aux musiciens… Ou j’abordais des musiciens après leur concert à Londres en leur parlant… de Hasselt ! Et ça a marché ! ça a commencé comme ça, sur base bénévole, dans mon temps libre, vers 1997.

C. K. : Aussi en 1997 , on a organisé le premier festival Sound in Motion. Et sur base du dossier de subsides du festival, on l’adapté pour rentrer une demande de reconnaissance de la Zaal BELGIE comme centre d’art (kunstencentrum). Et ça a marché : ils ont été reconnus et Koen a pu y travailler comme programmateur – payé cette fois !

K. V. : C’était un peu fou ! Je travaillais à la banque – j’imprimais des bons de caisse ! – et tout d’un coup, je pouvais transformer mon hobby en travail rémunéré ! On n’avait pas de subventions gigantesques mais quand même assez pour penser une programmation très cohérente qui s’est vite fait remarquer en dehors de Hasselt. On avait même des gens d’Anvers qui venaient ! Alors qu’on dit que les Anversois ne sortent jamais de leur ville. On comblait un vide. De bonnes salles de concert du début des années 1990 s’étaient un peu essoufflées à la fin de cette décennie comme par exemple le Vooruit à Gand ? D’après nous, il y a eu d’environ 1997 à 2004/2005 un grand vide dans l’offre musicale dans les grandes villes. Les festivals Kraak attiraient à l’époque 600 personnes à Hasselt pour des programmations quand même bien pointues.

C. K. : Pendant que Koen travaillait à Hasselt, des gens m’ont demandé ici à Anvers si je ne voulais pas programmer un cycle de concerts de jazz. On a réanimé Sound in Motion comme asbl et on a organisé six à sept concerts par an. On a parfois fait jouer les mêmes musiciens à Anvers et à Hasselt et les deux concerts ne se déforçaient pas l’un l’autre : il y avait plus de 100 personnes des deux côtés. Puis, à un moment (quelques années plus tard) on s’est demandés si on pouvait essayer de vivre sur mon seul salaire et organiser à deux plus de concerts à Anvers.

Les pièces du puzzle

- Koen, tu as déjà parlé de disquaires et d’une émission de radio… Il y a souvent cette idée que pour qu’il y ait une scène musicale vivante et dynamique dans une ville il faut qu’on y trouve au moins un bon disquaire, une bonne radio, quelques bonnes salles, etc. et que ces différentes pièces du puzzle s’emboitent, travaillent bien ensemble. Qu’en est-il à Anvers ? Quand vous avez commencé et aujourd’hui ?

- K. V. : Il y a une énorme différence entre nos débuts et aujourd’hui. C’est « le jour et la nuit ». Les pièces du puzzle existaient : Radio Centraal, les disquaires Brabo, Metrofoon, Jazz Corner, Tom avec Lowlands Distribution, mais au niveau de l’offre en concerts, c’était vraiment moyen.

- C. K. : C’était aussi, surtout, très fragmenté. Tout se passait sur bases d’initiatives individuelles, des fans qui organisaient un concert de leur groupe fétiche mais sans suite, sans que quelque chose ne perdure. Et ça, ça ne permet pas vraiment à une scène de se construire… Le Pacific a eu une importance certaine à un moment donné mais…

- K. V. : Il y avait un passé de bonne musique à Anvers, dont certaines initiatives existaient encore comme le Free Music Festival mais nous on se disait « Ce n’est quand même possible que des musiques aussi passionnantes ne soient proposées qu’une fois par an… Et à chaque édition aux mêmes 150 personnes. ». Ca, ça a été notre moteur : ouvrir cette scène, élargir les propositions et le public.

- C. K. : Puis il avait existé une scène de musique improvisée tellement vivante et dynamique ici à Anvers à la fin des années 1960 et au début des années 1970 ! Quand on en parle, encore aujourd’hui avec un musicien comme Peter Brötzmann, pour lui, Anvers c ‘était « le Valhalla de la bonne musique » à l’époque !

K. V. : C’est en partie pour ça que Brötzmann est tellement braqué contre la musique électronique : parce que pour lui c’est une musique de chambre qui fait que les gens ne sortaient plus de chez eux. En tout cas, c’est ce qu’il racontait lors d’une discussion au milieu des années 1990 au Free Music Festival. Mais aujourd’hui, la nouvelle génération a à nouveau la bougeotte. Ils ne restent pas à Anvers, ils vont à Helsinki, à Oslo, etc. Les joueurs de banjo Frederic Leroux et Ruben Machtelinckx partent jouer avec Tetuzi Akiyama à Tokyo.

Récemment, comme tu les dis, les pièces du puzzle ont vraiment commencer à s’emboiter : le Forbidden City, Table Dance le club de Roman Hiele, Het Bos issu du milieu des squats, etc. C’est aussi lié au manque qui régnait jusque là.

- Tu as une idée de ce qui a fait s’emboiter ces pièces dispersées ?

- C. K. : De nouveaux disquaires qui se consacrent vraiment à fond à ces musiques expérimentales ont ouvert, de nouveaux clubs aussi…

- K. V. : Des personnalités fortes comme Dennis Tyfus du label Ultra Eczema aussi.

- Peut-être aussi une nouvelle génération qui n’est pas 100% free jazz, qui vient du rock mais qui est curieuse, qui fait des liens entre différents styles de musique ?

- C. K. : En termes d’écoute, c’est clair que l’écoute est plus large, plus ouverte qu’avant. Quand on pense par exemple à la musique que font eux-mêmes les musiciens qui viennent régulièrement dans le public à nos concerts, c’est tellement disparate, varié et contrasté !

- K. V. : Mais, même quand je programmais à Hasselt, je n’ai jamais proposé du jazz sous un angle univoque ou monolithique, ça a toujours été replacé dans le cadre plus large des musiques alternatives ou aventureuses. Mais cela fonctionne par cycles. Tout récemment, j’ai l’impression qu’on doit de nouveau convaincre un public que les musiques improvisées c’est quelque chose de chouette. (rire) Des connaissances me disent « La noise néozélandais c’est chouette, mais le free jazz… pfff… ».

- C. K. : Quand on programme notre festival Summer Bummer on a droit à la réaction « Il y a quand même un peu de musique électronique ? pas que du free jazz, hein , »

- C.K. et K. V. [ensemble] : Et pile l’inverse, aussi ! (rires)

- C. K. : Mais tous viennent à nos concerts quand même… Et ce n’est pas négatif qu’ils se posent des questions sur ce qu’on programme et qu’ils réagissent…

- K. V. : Mais on prend cette dénomination de « musiques improvisées » parce que de nos jours plus personne ne s’en revendique, ne propose ça.

- Sur votre site, c’est « musiques aventureuses »…

C. K. : Pour ne pas se limiter à un genre, à une approche.


"Anvers, Valhala des musiques improvisées"

- Pour vraiment revenir au lien avec Anvers et à cette scène bouillonnante de la charnière entre les années 1960 et 1970 dont parle encore Peter Brötzmann, quand on pense à Anvers et aux musiques improvisées, on pense immédiatement au pianiste  Fred van Hove (même si bien sûr il n’était pas le seul). L’an dernier vous avez organisé plusieurs concerts (au Singel à Bozar) pour ses 80 ans. Comment avez-vous rencontré ce grand monsieur qui n’était pas juste musicien mais qui organisait aussi le Free Music festival et s’occupait du WIM, le Werkgroep Improviserende Musici?

- K. V. : Quand j’étais à Hasselt, j’ai organisé le festival Hard Gaan #1 avec Dennis Tyfus (Ultra Eczema) et Carlo Steegen (Freaks End Future). Dennis voulait absolument Fred au programme du festival. Il avait contacté son batteur Ivo vander Borght qui lui avait donné un prix que Dennis trouvait trop élevé. Je lui avait expliqué que Fred Van Hove avait 70 ans et que la moitié du cachet partirait en taxes… « Oui, oui, tu as raison » me dit Tyfus « Apelle-le ! ». Je téléphone à Fred qui décroche et me dit « Ah ! Enfin ! je me demandais comment ça se faisait que tous mes amis et collègues jouent chez vous à la Zaal BELGIE et pas moi ! ». « C’est pour ça que je t’appelle. Veux-tu venir pour ce montant ? ». « Oui, OK. Mais… il y aura un piano, hein ? ». « Oui, Fred : on va louer un piano à queue. ».

Je ne sais pas si tu étais à ce concert ? C’était fou ! De la noise pure et dure toute la soirée ; Fred un peu nerveux et soucieux… Puis son concert, solo dans la « zwarte zaal » bourrée à craquer de jeunes gens, de jeunes fans de noise qui ne le connaissaient pas. Puis, un concert phénoménal et une standing ovation ! C’est à cette occasion que j’ai eu mes premières discussions avec Fred. Puis, il est revenu avec le contrebassiste Peter Jacquemyn et le batteur Tatsuya Nakatani, un concert que le label Kraak a ensuite sorti en CD. Puis on l’a fait rencontrer la vibraphoniste Els Vandeweyer avec laquelle il a formé – aux côtés de Paul Lovens et de Martin Blume le beau quatuor Quat

- C. K. : Ce concert-là, de Quat, a eu lieu à Anvers et à Hasselt et les deux étaient complets.

- K. V. : Puis, presque dix ans plus tard, on nous a demandé si on voulait s’occuper du côté pratique des concerts de son 80e anniversaire. Au final, on a fait… « beaucoup plus » que ça dans l’organisation de ces concerts !

- C. K. : On s’est retrouvés à écrire nous-mêmes le dossier de subsides, à aller rencontrer les responsables de la salle de concert du Singel, etc.

- K. V. : Fred a choisi tous les musiciens et tous étaient tellement contents de pouvoir jouer au festival, pour lui. Evan Parker et Hamid Drake par exemple. Et Fred était ravi aussi ! Aujourd’hui, nos liens sont tels que dès qu’on peut faire quelque chose pour lui, on lui donne un coup de main.

- Et au cours de ces dix ans, entre la première fois à Hasselt et aujourd’hui, quand vous le rencontrez, est-ce qu’il vous raconte des choses sur cette première période culte ?

- C. K. : (rires) On a été manger quelques fois avec lui. Et quand il se met à raconter tout ça, c’est très drôle ! Mais c’est aussi lié au fait qu’on a des très bons contacts avec Peter Brötzmann et qu’on entend les deux versions des mêmes histoires. Les anecdotes sur « Freddy ». Peter Brötzmann dit toujours « Freddy ».

- Les deux versions des anecdotes sont très différentes ?

- Non, non. Pas trop. Fred et Peter s’entendent encore bien. Ils racontent par exemple qu’avec Han Bennink ils tournaient dans une vieille ambulance. Et qu’aucun des deux n’avait de permis de conduire et que c’était tout le temps à Han de prendre le volant…


K. V. : C’est quand même un trio légendaire, avec un Belge. À l’époque ils jouaient beaucoup dans le triangle Berlin / Anvers / Amsterdam. Et, comme je le disais, je trouve que cette mobilité est en train de revenir avec la jeune génération. La jeune bassiste liégeoise Farida Amadou tourne avec le groupe rock Cocaïne Piss ou va jouer avec le batteur Steve Noble à Londres, par exemple.

C. K. : L’an dernier au Summer Bummer, ces jeunes musiciennes – Farida ou la saxophoniste Hanne De Backer ne sont pas restées dans leur coin mais elles ont discuté avec tous les musiciens. Pourquoi Steve Noble contacte Farida aujourd’hui ? Ou pourquoi le saxophoniste suédois Martin Küchen contacte Hanne pour jouer avec elle au lendemain d’un concert à Malines ? Il n’y a pas de hasard. Mais c’est nouveau. La génération précédente de musiciens belges restait dans son coin.

K. V. : En organisant ces concerts non pas dans l’arrière-salle d’un café mais dans de bonnes salles, on offre un forum, une visibilité à ces musiciens. Cela prouve aussi que les musiques improvisées ou expérimentales peuvent « marcher » si les concerts sont organisés convenablement.

C. K. : L’an dernier, le guitariste Elko Blijweert qui avait ouvert avec le saxophoniste Frans Van Isacker la deuxième journée du festival, devant déjà 80 personnes au milieu de l’après-midi, nous avait dit « Jusqu’à aujourd’hui, je ne savais pas que le public pouvait vraiment écouter cette musique ! ».

- Désolé, mais je voudrais brièvement revenir en arrière à cette période historique et aux autres personnes autour de Fred van Hove, par exemple au saxophoniste Cel Overberghe ou a label Vogel d’Edmond Devoghelaere. Êtes-vous en contact avec eux ? Ou avec des gens du public de l’époque ?

K. V. : Cel joue encore. Ou plus exactement, il joue à nouveau.

C. K. : Il a fait un quartet avec son fils Tom et Joe McPhee et Paal-Nilssen Love et un duo avec Niels Van Heertum.

K. V. : Cel a aussi beaucoup apprécié jouer au Stadslimiet de Dennis Tyfus avec Chris Corsano. Mais à côté de la musique, il est aussi plasticien et poète.

C. K. : Pour le festival des 80 ans de Fred Van Hove, ils avaient ressorti et exposé toutes les vieilles affiches du Free Music Festival et là, tout d’un coup, on voyait à quel point ils avaient beaucoup organisé au cours de toues ces années. C’était fou ! Là, on se rendait compte à quel point cette histoire est riche.

K. V. : Mais, c’est vrai qu’on a récupéré une partie de leur public et des musiciens parmi eux. Mais ce n’est pas non plus comme si au sein de cette génération tout est rose et qu’ils s’entendent tous encore bien… (rires) Il y a aussi des musiciens plus jeunes comme Bert Dockx de Flying Horseman par exemple qui a grandi dans ce contexte : à seize ans il allait aux concerts et aux festivals de la génération de Fred, Cel, etc.

C. K. : Cette histoire vit aussi parce que certains des plus jeunes s’y intéressent et veulent savoir… Puis, il y a les enfants des « pionniers ». Gino… Gino Coomans (de Sheldon Siegel), le fils de Georges Coomans et de Vera Coomans. Ou alors, Sara Anke… Avec elle on a beaucoup rigolé ! Son père faisait partie du WIM et pour elle c’était hor-ri-ble ! Elle n’a jamais rien voulu savoir « de ce free jazz » et de cette musique improvisée… Et puis aujourd’hui, son amoureux est… le saxophoniste John Dikeman ! Elle ne pouvait pas trouver plus free jazz ! (rires)


- à suivre... -

Une deuxième partie de cet entretien abordera les projets futur (festivals, concerts, disques) de Koen Vandenhoudt et Christel Kumpen.


interview et retranscription : Philippe Delvosalle



Summer Bummer festival 2018

Samedi 25 et dimanche 26 août

De Studio
4 Maarschalk Gerardstraat
2000 Anvers

avec entre autre Limpe Fuchs, Mette Rasmussen, Joe McPhee, Dennis Tyfus, Giovanni di Domenico, Gerard Herman, Craig Leon... et beaucoup d'autres!

 

 

 

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