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New York (2) - URBNclassique #10

West Side Story affiche

New York, Leonard Bernstein, West Side Story

publié le par Nathalie Ronvaux

West Side Story - Roméo et Juliette à Manhattan

Sommaire

West Side Story – une genèse en deux temps

En 1949, Jerome Robbins, producteur et chorégraphe à Broadway contacte Leonard Bernstein pour lui proposer de composer la musique d’une comédie musicale. L’idée première est celle d’un amour impossible entre une jeune juive rescapée de l’Allemagne nazie et un Américain catholique d’origine irlandaise, thème inspiré librement du Roméo et Juliette de William Shakespeare. C’est l’écrivain Arthur Laurents qui est appelé à en écrire le livret. Enthousiasmés, Bernstein et Laurents le sont assurément, mais leur emploi du temps les pousse à ajourner le projet jusqu’en 1955.

The "West Side Story" creators were (left to right) Stephen Sondheim, Arthur Laurents, Harold Prince, Robert Griffith, Leonard Bernstein and Jerome Robbins.

West Side Story Creators

Six ans se sont écoulés et la société a évolué. Le phénomène des guerres de gangs s’est aggravé dans les grandes villes. Laurents, qui habite New York, suggère de réorienter le sujet de la comédie musicale sur le racisme et la violence entre bandes rivales sur le territoire ouest de Manhattan, aussi appelé « West Side ». Robbins accepte. Stephen Sondheim rejoint l’équipe pour l’écriture spécifique des lyrics. Le travail peut commencer.

Le spectacle de Broadway – première reconnaissance

Pour autant, tout n’est pas gagné. Les producteurs ne se bousculent pas au portillon. Et pour cause : Broadway n’a pas coutume d’inscrire à son programme des « musicals » aux thèmes noirs et aux fins tragiques. Hors, sans producteur fortuné, West Side Story est condamné. C’est Hal Prince, ami de Sondheim, qui sera l’homme providentiel.

La première a lieu à Washington D.C., le 20 août 1957. Quarante jeunes danseurs, n’ayant pour la plupart jamais chanté, se produisent sur scène devant un public transporté. Larry Kert joue Tony, ex-membre de la bande des Jets (les natifs américains) et Carol Lawrence incarne Maria, la Portoricaine de la bande des Sharks. Le 26 septembre, le show s’installe à Broadway où il triomphe pendant trois ans. Le spectacle recevra une nomination aux Tony Awards, sans pour autant remporter un prix.

Le film – l’œuvre entre dans la légende

L’adaptation du spectacle de Broadway fut confiée au réalisateur Robert Wise en 1961. Nathalie Wood et Richard Baymer interprètent les rôles des amoureux. George Chakiris et Rita Moreno incarnent les seconds rôles pour lesquels ils recevront un Oscar.

Tout au long du générique, une représentation stylisée de Manhattan occupe l’écran. Elle cède ensuite la place à la même vue en image réelle de l’île new-yorkaise. Tandis que des sifflements évoquent déjà les intervalles caractéristiques de la musique de Bernstein, laissant déjà planer l’ombre du drame, la caméra survole Manhattan jusqu’au quartier du West Side et descend lentement vers la cour de béton cernée de grillage dans laquelle débute l’action.


Le film devra son succès tant à ses acteurs qu’à la musique et ne recevra pas moins de dix Oscars et trois Golden Globes.

L’enregistrement Deutsche Grammophon – dernière consécration

Peu après la sortie du film, Sid Ramin et Irwin Kostal, sous la supervision de Leonard Bernstein, tirent de la comédie musicale les Danses symphoniques. West Side Story entre alors dans les salles de concerts classiques. D’abord dirigées par Bernstein lui-même, puis intégrées au répertoire d’autres phalanges orchestrales, l’œuvre gagne du terrain parmi un public toujours plus étendu, faisant valoir la frontière ténue qui sépare la musique de Broadway de l’opéra.

En 1984, la maison d’édition Deutsche Grammophon passe commande d’un enregistrement de West Side Story, en version opéra. Pour la première fois, Leonard Bernstein peut choisir les chanteurs sans tenir compte des obstacles imposés par la scène de Broadway. Nulle nécessité de pouvoir tout à la fois chanter, danser, jouer et paraître 17 ans !

Pour incarner Maria, le choix s’est porté sur la New-Zélandaise Kiri Te Kanawa, rôle qu’elle rêvait d’interpréter depuis plus de 20 ans. Tony est tenu par l’espagnol Jose Carreras. Il a dû accomplir un travail soutenu de prononciation pour masquer son accent hispanique qui aurait pu le faire prendre pour… un Portoricain ! Tatiana Troyanos, originaire du quartier où se déroule l’histoire de West Side Story, semble être taillée pour interpréter une Anita plus vraie que nature. Dans le rôle de Riff, le baryton américain Kurt Ollmann est un nouveau venu, une excellente surprise dans ce casting. Quant à l’orchestre, il est formé de musiciens new-yorkais, familiarisés au style jazzy de l’œuvre et à son style hybride.


Depuis, l’œuvre n’a perdu ni de sa force ni – hélas – de son actualité….

Nathalie Ronvaux




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