Grand Corps Malade est né à Midi 20, avec un succès aussi inattendu que phénoménal. L'introduction de ce 3ème temps, « 1er janvier 2010 » revient sur cette aventure. Mais l'artiste n'a pas oublié le sens de son engagement, « Ma seule vraie place est sur scène » rappelle-t-il. Le morceau est énergique, le swing des mots répond à celui de l'harmoniciste Fred Yonnet. Le slameur fait une pause sur l'évocation de la banlieue. C'est toute la société qu'il passe en revue, avec son sens de l'analyse. Il a enregistré « Education Nationale », un morceau qu'il fait depuis longtemps sur scène. Un titre ultra-minimaliste sur le manque de moyens et de professeurs. Avec son écriture imagée, l'enfant de St-Denis reprend les filières scolaires à son compte dans l'excellent « A l'école de la vie ». Le domaine où l'on « se démerde pour le cours de bonheur ». Le mixage met toujours en avant la voix du slameur, mais la mise en musique est particulièrement soignée. L'album réalisé par Patrice Blanc-Francard, a été enregistré dans les conditions du live, avec des musicienspointus, dont Denis Benarrosh à la batterie. « Romeo kiffe Juliette » est habillé d'une jolie robe, et de choeurs fournis. « Rachid taxi » est une ballade teintée d'Orient. L'artiste évite ainsi le son répétitif de ses précédents albums. Il élargit son horizon avec la chanteuse lyrique Elise Oudin-Gilles qui reprend « Summertime » sur « L'heure d'été ». Le pudique Grand Corps Malade, dégaine aussi des rimes sur sa vie d'homme. On pouvait alors craindre qu'il fasse comme ses petits camarades, une ode à la paternité. C'était oublier l'humour du slameur. En piano-voix, « Définitivement » est la chronique d'un futur père, remué par l'idée des couches et par les émotions. L'introspectif « Nos absents » est l'un de ses plus beaux textes. Après avoir écrit pour des artistes aussi divers que les Hallyday père et fils, Idir ou Line Renaud, le poète pouvait bien s'offrir un duo avec le Maître des mots, Charles Aznavour. « Tu es, donc j'apprends », sur une musique de l'Arménien n'est pas le morceau le plus marquant. Mais il fait entrer définitivement Grand Corps Malade dans la cour des grands. Le slam, « ça peut chémar ». (Paula Haddad sur www.music-story.com)