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AVATARS
William SHELLER

  • Ref. NS3664
  • MERCURY FRANCE, 2008.

" Il y a des gens qui sont des génies de technique et qui n'arrivent pas à faire une mélodie qui touche. La mélodie est quelque chose qui arrive tout fait. C'est quelque chose qui est proche de la voyance. Quand on entend de la musique, on l'entend avant qu'elle soit sortie, avant qu'elle existe. Alors, après, on travaille pour que ça tienne debout... " nous dit William Sheller lors d'une interview récente réalisée par France 2. Par ces propos, le chanteur réaffirme sa volonté de se situer dans le registre de l'émotion. Pour lui, l'inspiration est au dessus de tout. Il laisse venir la musique en lui comme une fleur qui nous fera la peau. Et bonne nouvelle ! Ces mélodies à fleur de peau - de poésie aussi - sont au rendez-vous dans Avatars, un nouvel opus qui tranche avec le Sheller piano/voix bien connu du grand public. Cet album, le compositeur l'a conçu comme un voyage tous azimuts. De la musique variée mais jamais avariée qui relève plus de la manière de faire des années septante que de la 'musique assistée par ordinateur' qu'il avait exploré dans son album Les machines absurdes (NS3651). Avatars commence par une introduction qui sonne comme une musique de film intrigante d'où surgit tout à coup une électricité planante, générant une fusion qui n'est pas sans rappeler les tout premiers pas discographiques du maestro (Lux Aeterna, 1972). A première vue, le texte de cette première chanson peut paraître d'un idéalisme exacerbé. Mais si on le rattache à son titre " Avatar [Log in] ", les mots qui résonnent en nous sont tout de suite moins optimistes. Cette invitation à rentrer dans un monde où rêve et réalité se confondent fait référence à la nouvelle tendance qu'ont de nombreux internautes à se plonger corps et âme dans une vie virtuelle ; là où l'on peut choisir d'être un autre tout en restant soi-même, là où l'on peut s'inventer une kyrielle d'avatars. La chanson se termine dans une nuée d'applaudissements et des trompettes droites qui annoncent les cors de " La longue échelle ". Monsieur William voudrait tant voir revivre les personnages des contes d'autrefois qui sont enfermés dans un livre car ils ne trouvent plus de lecteurs. Dans ce bijou pop médiéval, il joue du mellotron à la façon de " Strawberry fields forever " et nous réjouit d'un contre-chant très beatlesien dans le refrain. " Tout ira bien " se rassure-t-il,le temps d'un autre morceau pop plus calibré radio. La nostalgie nous envahit dans " Félix & moi ", une ballade tendre-amère soutenue - chose rare chez Sheller - par des arpèges à la guitare acoustique. Les riffs rock de " Jet lag "décalent franchement le propos vers une histoire de rendez-vous amoureux qui a mal tourné. A la fin du morceau, des solos de guitare hauts perchés sont brusquement coupés pour laisser place à une pluie de cordes brumeuses qui traduisent à merveille la douleur de " Tristan ". Dans " Blackmail ", une histoire de chantage liée à la secrète Lady Eloïse, le chanteur passe d'une voix perdue dans les tréfonds d'un vieux piano (couplets) à un chant ouvert et pourtant chuchoté porté par un choeur de saxophones très bluesy (refrains). On enchaîne sur la douce euphorie de " Music Hall " dont la musique directe et jubilatoire donne envie de se remuer. Puis, c'est l'heure du " veilleur de nuit " qui cherche notre compagnie, histoire de conjurer son sort. Un morceau rock mélodique qui fait mouche. On ralentit le tempo avec " Spyder le Cat ", un slow transcendé par un orgue déchaîné qui nous fait entrer dans les pensées d'un chat jaloux. Suit l'efficace " Camping ", la chanson-défoule par excellence aux parfums très seventies. Après toute cette variété de styles, ce travail d'orfèvre sur les orchestrations et les arrangements, on n'imaginait pas que le final puisse encore nous emmener ailleurs. Car le symphoman sort encore de son chapeau " Avatar II [Log out] ", une musique à part dans la lignée des perles de l'album Ailleurs (NS3640), un texte déchirant d'une poésie des plus énigmatiques. Au début, on se retrouve dans la tête d'un homme - sa boîte à problèmes - qui vit sa peine dans un monde proche de la folie : " Mais depuis que je t'ai perdue dans ma tête où je vivais à deux / Entre clown et clone / C'est comme un monde où l'herbe s'arrête à hauteur des yeux / Je ne trouve plus ma zone ". La chanson bascule et nous voilà transporté dans un futur lointain où il est question de soldats-poètes. Pour terminer, notre héros confie qu'il a gardé des marques d'une certaine guerre des icônes. Entend-il par là qu'il y eut un conflit au sein de la communauté des avatars ? La chanson ne donne pas de réponses. C'est ce qui l'a rend encore plus belle. Au bout du compte, nous tenons là douze 'chansons-univers' qu'on n'est pas prêts d'oublier. A 62 ans, Sheller reste un artiste rare qui offre une chanson personnelle et plurielle, classique et farfelue. Toujours à suivre. (GD)

Interprètes

Pistes

  • 1 Avatar I (Log In)
  • 2 La longue échelle
  • 3 Tout ira bien
  • 4 Félix & moi
  • 5 Jetlag
  • 6 Tristan
  • 7 Blackmail
  • 8 Music-hall
  • 9 Le veilleur de nuit
  • 10 Spyder le Cat
  • 11 Camping
  • 12 Avatar II (Log out)