Jérôme Minière a plusieurs cordes à son arc. Il a fait de la chanson franchement électronique à ses débuts. Son ami imaginaire, Herri Kopter, lui a servi d'alibi, en 2001, pour pousser plus loin le filon électro. C'est aussi avec ce personnage qu'il a mis de l'avant un concept amusant autour de l'économie de marché. Au travers tout cela, il a également écrit des mélodies très accrocheuses pour le film Du pic au coeur et d'autres tout aussi classiques sur son disque Le petit cosmonaute. Son plus récent CD, Coeurs, reprend ce fil tendu en 2002, où l'artiste présente des chansons sans artifices. D'ailleurs, les pochettes intérieures de ces albums sont apparentées en couleurs et en formes. En couverture de Coeurs, on voit Minière se bricoler un titre avec un enfant dans les parages. Or, si le multi-instrumentiste continue à toucher à tous les joujoux à musique, de riches contributions aux cordes, aux cuivres et aux guitares rendent le tout plus organique. Le récipiendaire du Félix de l'auteur-compositeur en 2003, qui a souvent privilégié des titres longs pour ses chansons, s'en tient à un ou deux mots pour baptiser chacune de ses 15 nouvelles ritournelles. De toute évidence, il cultive la simplicité et affine son

ouvrage. Même si le père de famille se veut plus personnel que jamais dans ses propos (Petit homme ou Poussière d'or), il continue d'avoir ce regard d'observateur aux yeux perçants. L'hiver ne cesse de l'inspirer. Après L'air du dehors et La fonte des glaces (Lepetit cosmonaute), il signe Hivers et Étincelles où " la neige fond sur la joue de celle que tu aimes ". Mais surtout, il recherche la brindille dans la botte de foin, le mouvement du coeur dans les populations ou les solitudes qui disparaissent dans la foule. Car même en présentant sa facette plus classique, Jérôme Minière a " un côté qui pique ", comme le dit une de ses chansons. Le Québécois d'adoption fait vibrer, sur ce 7e album, la corde plus grand public deson arc. On a donc l'impression que le musicien aux allures de timide maladroit sort un petit peu de sa coquille, tout en continuant d'écrire de belles chansonsavec l'air de ne pas y toucher. Ce qui est certainement une façon toute personnelle d'être encore plus touchant. (François Blain sur www.radio-canada.ca)