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COME BACK
Eddy MITCHELL

  • Ref. NM5134
  • POLYDOR FRANCE, 2010.

Bien sûr que l'on pense à John Ford. Par-delà l'affection (admiration) que le chanteur professe pour le réalisateur, il est un parallèle évident à tracer entre un Américain, qui, dans le contexte très fixé du western, sut développer toutes les nuances d'une comédie humaine développée à travers le prisme d'un univers de pionniers, et un petit coursier du Crédit Lyonnais, qui, dans au sein du carcan de la chanson populaire (refrains faciles, situations immédiatement identifiables), sut développer une touche personnelle (un tiers d'ironie, un tiers de sophistication, un tiers de distanciation) qui en fait aujourd'hui l'une des signatures millésimées de l'Hexagone. Donc, Claude Moine célèbre son Come Back : faut pas pousser, son précédent opus (Grand Écran en 2009) n'étant pas si poussiéreux, on relèvera le second degré de l'intitulé, surligné par une iconographie pour mariachis d'opérette. En fait, ce trente-quatrième disque, nouvelle production franco-américaine du monsieur (on relève dans le casting les fidèles claviers de Jean-Yves D'Angelo, et l'incontournable Michel Gaucher au saxophone), surfe plutôt sur le principe élémentaire de la continuité. Pierre Papadiamandis (par ailleurs co-réalisateur de l'entreprise), signe la plupart des partitions, simplement relayé à trois reprises (dont la chanson-titre, dans laquelle Mitchell, homme public, lui rend un hommage que l'on espère sincère, à ce public) par Michel Aumsallem. Et l'opus abrite une rencontre au sommet, grâce à « L'Esprit grande prairie » (par ailleurs premier single extrait de la sélection), sur des paroles d'Alain Souchon et une musique de Laurent Voulzy. Mais ce qui exsude de ces treize chansons (et quatorze pièces, le Souchon/Voulzybénéficiant de deux versions) reste une profonde nostalgie, confinant à la mélancolie. Mitchell regarde ici énormément dans le rétroviseur, dans ses mots ou ceux des autres : l'enfance (« L'Esprit... »), le square de la Trinité des débuts (« Avoir 16 ans aujourd'hui »), une carrière de chanteur et ses vicissitudes (« Come Back »), et la douleur du temps qui passe (« Je suis vintage »). Le chanteur réserve ses coups de gueule (modérés) aux perversions del'époque (« L'Esprit rock 'n'roll »), et les brumes dans la voix à cette Amérique qu'il aime tant (« Ca ressemble à du blues », « Laisse les bons temps rouler »), mais on le sent ici moins concerné par les coups de griffe qu'il distribue généralement avec talent à nos travers (« En garde à vue », « Surmonter la crise »). On conservera une tendresse intime pour « Mes colonies devacances », tendresse sépia que n'auraient pas reniée Jean Nohain et Mireille, sur fond d'harmonie triste (et évocation swing légère des galets de la plage du Crotoy, en Picardie), et on établira un constat commode : à près de soixante-dixans, Eddy Mitchell nous salue d'une main toujours ferme. Et même si sa tournée 2010 s'avère la dernière (différence majeure, s'il tient parole, entre Les Compagnons de la Chanson et lui), Come Back, bulletin de santétout à fait roboratif, peut permettre d'attendre sereinement...le prochain album. (Christian Larrède sur www.music-story.com)

Interprètes

Pistes

  • 1 Avoir 16 ans aujourd'hui
  • 2 Laisse le bon temps rouler
  • 3 L'esprit grande prairie
  • 4 Je suis vintage
  • 5 Mes colonies de vacances
  • 6 En garde à vue
  • 7 Tu fermes les yeux sur tout
  • 8 Un garçon facile
  • 9 Ça ressemble à du blues
  • 10 Surmonter la crise
  • 11 Pas besoin de ça
  • 12 L'esprit Rock n' Roll
  • 13 Come Back
  • 14 L'esprit grande prairie