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CONTRETEMPS
Léonore BOULANGER

  • Ref. NB6544
  • LE SAULE, 2010.

Léonore Boulanger faisait du théâtre. Puis elle s'est tournée vers la chanson. Rien d'étonnant à la trouver photogénique sous son parapluie, et à lui reconnaitre une voix sensuelle et expressive. Comme une comédienne qui enlacerait les mots, pour les dérouler, les déclamer comme des tirades ou les réciter comme des poésies. Poésie qui parcourt le disque avec l'évocation de Guillaume Apollinaire. D'une part avec "La chanson d'Apollinaire" qui reprend "Les Cloches" paru dans le célèbre recueil "Alcools", et en filigrane les fameuses "Lettres à Lou" grâce à la charmante chanson "Mademoiselle Lou". Poésie ensuite grâce à des textes en rimes, aux mots peu courants, à une écriture qui à notre époque paraît désuète. Poésie enfin grâce à des univers vaporeux et souvent oniriques. Cet album révèle un amour particulier pour les mots ainsi que pour la littérature. Aucune surprise de découvrir un clin d'oeil à l'Antiquité avec "Eros s'étrangle" ou encore l'utilisation du poème le "Vin perdu" de Paul Valéry. Léonore Boulanger chante donc à partir d'une écriture bien spécifique. Mais de quoi nous parle-t-elle au juste ? De la nuit, du "sommeil" qui ne vient pas comme pour les insomniaques du "Boulevard Ménilmontant". Et pourtant elle rêve, de lieux étranges comme "Au pavillon des peut-être" où l'on croise des muses et des singes, elle rêve à son histoire d'amour sauvage ("Nous sommes 2"). Elle peint aussi des scènes aux images floues ("Le temps des métamorphoses") ou un conte moqueur ("Capricieux comme une femme"). Cette écriture en vers et singulière, fort heureusement Léonore Boulanger la délivre avec tout autant d'originalité. Grâce à une voix qui sait se faire lascive, violente ou plus douce, qui parfois s'étrangle en fin de phrase, la qualité de son interprétation est à souligner. Sa prononciation claire et distincte rappelle presque le talent de Juliette Gréco, un petit côté nasillard et érailléen plus. Pour la soutenir, l'instrumentation du disque est variée : guitare, piano, contrebasse, et, moins souvent utilisés, saxophone et flûte traversière. A l'image des textes, les compositions sortent de l'ordinaire de la chanson française, notamment avec les atonalités de "Eros s'étrangle" ou l'orchestration très classique du "Pavillon des peut-être". La flûte et le saxophone servent souvent d'illustrations sonores, en écho aux situations décrites, comme le montrent les brêves notes du saxophone à la fin de "Capricieux comme une femme".Les ambiances sont parfois plus folk comme les deux premiers titres, mais l'ensemble reste une musique travaillée qui éloigne le disque de la chanson française la plus commmune. Ou tout du moins plus commune il y a trente à quarante ans. Cet album, produit par un collectif d'artistes parisiens qui ont épaulé Léonore dans cette aventure, révèle un goût particulier pour le travail vis à vis de l'écriture, qu'elle soit textuelle ou musicale. Réutilisant des textes déjà existants et en y ajoutant un monde très personnel, la jeune artistepeut se féliciter d'avoir fait naître un disque mature et sensible. Ce dernier doit donc être découvert rapidement pour passer un agréable moment en chansons; même si au premier abord ce n'est pas évident, il ne s'agit que d'un léger "Contretemps" avant de pouvoir profiter du charme de ces compositions. (www.thefrenchtouch.org)

Quelques titres en écoute sur www.lesaule.fr. Le Saule, un label à découvrir d'urgence !

Pistes

  • 1 Le temps des métamorphoses
  • 2 Mademoiselle Lou
  • 3 Eros s'étrangle
  • 4 Le Sommeil
  • 5 Nous sommes 2
  • 6 Au pavillon des peut-être
  • 7 Capricieux comme une femme
  • 8 La chanson d'Apollinaire
  • 9 Boulevard Ménilmontant
  • 10 Le vin perdu