Le saltimbanque revient ! Près de trois ans après la sortie de son dernier album Mr Lézard fait sont retour dans les bacs avec ce nouvel opus, Loin des strass et des paillettes, confirmant sa position de valeur sûre du reggae français. Il nous avait habitués à prendre son temps, et c'est ce qu'il a fait de nouveau. L'activiste du reggae underground français après nous avoir fait longuement patienter revient et de bien belle manière. Il nous avait en effet déjà ravis avec son précédent opus Saltimbanque qui rassemblait quelques vingt titres de très bonne facture. Notons entre autres l'excellent Si faire de la musique est un crime, déjà sortit plusieurs années auparavant sur le label Belleville International et qui l'avait propulsé sur le devant de la scène reggae underground française. Ce chanteur issu du milieu sound system a toujours été incisif dans ses textes, contribuant activement à la dénonciation du système dans lequel nous vivons. Dans ce nouvel album il garde évidemment sa plume fine et aiguisée mais l'impression arrivant après la première écoute se résume en un mot : maturité. Monsieur Lézard aborde ici des thèmes qu'il avait plus ou moins laissés dans l'ombre jusqu'à présent. Ainsi l'album débute par un My youthtouchant où Lézard se pose en père protecteur se retournant pour regarder en arrière. Le chanteur débute par « Il faut que je te le dise my youth il faut quetu le saches my youth, tout n'est pas drôle dans la vie » et de poursuivre « méfie-toi des gens que sur la route tu vas croiser, tous ne sont pas là pour t'aider à avancer » passages qui font certainement référence aux moments difficiles que l'artiste a du traverser au cours de sa carrière, et notamment à ses débuts. Son album Dans ce monde, édité par l'immense Charles Aznavour, s'était vu retirer des bacs à peine deux mois après sa sortie. Cette chanson rassemble bien des phrases que le jeune chanteur a dû se répéter dans ces moments là. Mais comme il le dit lui-même « rien n'est impossible pour quelqu'unqui croit en lui ». Dans cet apaisement qui semble ressortir de ce nouvel opus, Monsieur Lézard se tourne beaucoup plus vers les siens avec une jolie déclaration à celle qu'il aime dans le morceau Loin de moi mais surtout avec le bel hommage rendu à ses parents dans Maman, papa. Ce genre de thème de chanson, récurrent dans le reggae jamaïcain, est plus rarement abordé en métropole. Entrant dans la sphère intime du chanteur on est touché par un Monsieur Lézard se livrant totalement à son public. Mais même s'il apparaît apaisé sur ce nouvel album, le Saltimbanque n'a pas perdu la flamme. Toujours aussi conscient il se pose une nouvelle fois contre cesystème qu'il combat depuis ses débuts. Lassé d'interpeller nos dirigeants sur les maux de notre société il va chercher cette fois ci beaucoup plus haut, s'adressant directement à Dieu dans Regarde ce qu'ils font. Mais ce qui séduit surtout c'est sa façon de dénoncer les mauvais comportements. Dans coco par exemple il revient sur le fléau de la cocaïne, drogue de plus en plus répandu. Il garde sa volonté de rester droit, évitant les ennuis, ce qu'il nous confie dans Badman où il précise ce que nous soupçonnions déjà il « préfère rester au vert avec sa familia ». Loin des strass et des paillettes est donc un très bon album montrant un autre visage de Monsieur Lézard. Apaisé et se livrant beaucoup plus facilement sur dessujets parfois délicats à mettre en musique il n'en est pas moins fidèle à ses convictions et reste droit dans ses propos. Retour réussi donc pour celui qui se revendique artiste underground (Illégal) préférant rester loin des strass et des paillettes. (www.reggae.fr)