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ON EST PAS TENDRE !
LES TERRILS

  • Ref. NT2401
  • MATAMORE, 2009.

Les Terrils sont agités et concentrés. Par d'élargissement du propos par métaphores concentriques. Ils recherchent l'impact le plus frontal possible avec quelques fils d'effroi. Ces points d'agacement que l'on gratte et qui se transforment en gouffre. Leur poésie est noire et angoissée, lapidaire et politique, propulsée par un minimalisme rock monté sur ressorts, un dialogue guitare et batterie pugnace et inspiré, mijoté à l'ancienne, fermenté au blues d'origine, avec une connaissance affinée des répertoires. Un truc de connaisseurs. Côté message, alors qu'il est convenu de considérer que " tout a été dit ", " qu'il ne sert plus à rien de dénoncer quoi que ce soit tant les dès sont pipés ", Les Terrils régénèrent l'art joyeux de rentrer dans le lard. Les grandes questions, telles quelles dégringolent esquintées du haut des Terrils, ça fait du bien. Mine de rien, c'est valorisant : ah bon, on mérite quand même qu'on nous chante ça, ce n'est pas tabou. Ils s'engouffrent t^te baissée, sans illusion, avec un probité punk initiale, dans la tentative d'éveiller les consciences, d'abord la leur, ça sert à ça le rock. Posture apprenante qui évite le ton de donneur de leçon. Une Une fraîcheur, liée à une surprenante capacité à retrouver le sens des origines,rappelle les belles épopées de protest song, à la Woody Guthrie. A vrai dire, cen'est pas complètement chanté. Trop crispé. Plutôt des appels micros qui arrivent essoufflés, paumés. Sous forme de courtes histoires de paniques qui s'ignorent. C'est l'histoire d'un mec décalé qui expose ingénu les contrariétés dans lesquelles il s'empêtre, sans se rendre compte qu'il tire derrière lui de redoutables catastrophes dont, symptôme humain, il devient le propagateur ! Banqueroutes écologiques, sociales, économiques, politiques. Allez, hop, nous voici embarqués avec une petite famille qui veut mettre la ville dans son rétroviseur. Impossible, la ville ne disparaît jamais, elle a tout avalé, impossible d'en sortir et la nature n'est plus que souvenirs, images d'Epinal. Un contexte sans horizon qui contraint à ne respirer que par le petit écran et qui, forcément, conduira à la multiplication de faits divers de ce genre : " la télé a tué ma femme ". Un chef d'oeuvre de crime parfait avec la complicité jouisseuse de la zapette. Un texte au sens dramatique épuré, cinématographique. Les chansons engagées de jadis rimaient facilement les " coupables " dans un monde bien polarisé. Aujourd'hui, les responsabilités étant de plus en plus camouflées dans la mondialisation, cela devient casse-gueule. Mais qu'à cela ne tienne, nous vivons bien en télécratie et sommes dirigés par le grand télé-électeur qui brasse allégrement les réflexes primaires des replis sur soi. Comment voulez-vous, formaté d'une part par le " home-cinéma branché sur vingt écran de surveillance " et encouragé à jouer un rôle actif dans les politiques sécuritaires, contribuer d'autre part au grand défi de l'interculturel, autre sollicitation pressante de la nouvelle ? Quel casse-tête ! Ce n'est pas fini : "Je m'orientalise " , dramatique et drôle, est aussi une chanson de la désorientation, une manière non manichéenne d'aborder les problèmes d'identité et de partage culturels. Bon, au ras des pâquerettes, ce n'est pas édifiant, mais c'est pourtant à ce niveau-là que ça se vit. Epices, cuisines exotiques, jemange comme l'autre, je mange l'autre, l'autre me mange, qui est chez qui, qui est l'étranger, moi, lui ? Au secours, personne ne semble clarifier la cause de ces dérèglements. Voilà, et voyez comme tout s'enchaîne bien, puisqu'à propos debouffe, il est bon d'avertir les carnivores qu'un jour ils paieront leur manque de tendresse à l'égard des poulets, et de rappeler surtout qu'à force de creusern'importe comment la planète qui nous héberge, nous sommes assis sur poudrière de déchets, une cordillère volcanique de terrils de merdes qui. Jusqu'à présent la solution consiste à ne rien voir grâce au tout à l'égout. Les Terrils ne confient pas la narration aux seules paroles, la musique n'est pas qu'accompagnement du texte. Là où le texte ramasse et lisse le propos pour révéler l'os de la frousse, la musique dépeigne, strie, détrousse. Accélérations, glissades, compressions, décompressions, langueurs orientales, rythmes cassés, cabrioles et fioritures, traits mélodiques décochés crânement etaussitôt brisés, stress brut des élevages en batterie : ce qui n'est pas explicite dans les paraboles elliptiques, toute la charge d'urgence et de révolte se libère dans le jeu âpre, subtil et branché de la guitare et de la batterie. Tensions retenues ou libérées, élégantes ou ravagées, avec trois fois rien, le vocabulaire est étendu, imagé, éloquent. En direct, en live de proximité, c'est encore plus jeté, ça dégringole plus sec. (Pierre Hemptine - La Sélec)

Interprètes

Pistes

  • 1 -
  • 2 Quand s'arrête la ville ?
  • 3 La télé a tué ma femme
  • 4 Télé-électeurs !
  • 5 Je m'orientalise
  • 6 avec le poulet On n'est pas tendre
  • 7 -
  • 8 La merde
  • 9 On nous a fait une plaisanterie
  • 10 -