Multi-instrumentiste, Jean-Daniel Botta a accompagné de nombreux musiciens de jazz de la scène parisienne en tant que contrebassiste avant de se lancer dans la chanson. On peut sans réserve affirmer qu'il est un adepte de la " chanson totale ", c'est-à-dire recherchée au niveau du texte et ambitieuse musicalement.Botta est un gourmand, un touche-à-tout. Il papillonne entre les genres, les formes et les sonorités pour créer son univers aux multiples couleurs et intentions. L'album Papillons de Paris est sorti en 2009 sous le label français Le Saule. Cequi est frappant dans ce disque, c'est la multitude de styles abordés - chanson,folk, jazz, pop, rock, funk, world - qui témoigne de l'ouverture d'esprit et de la science du maestro. Heureusement, Botta a su éviter les travers de la " variétoche ". Il a eu l'intelligence de s'entourer de musiciens qui ont su donner une homogénéité à l'ensemble. À la base, il y a bien sûr sa voix étrange et fragile qu'il n'hésite pas à écorcher de temps à autre. Le chanteur assure également les guitares acoustiques et la contrebasse. Inventifs et subtils, le batteur percussionniste Laurent Sériès et le pianiste Alexandre Saada, ses deux complices issus de la sphère jazz, nous ravissent de l'étendue de leurs palettessonores. Et puis, il faut saluer l'apport de Kaïs Saadi, merveilleux joueur de oud, qui nous fait voyager ailleurs, le temps de trois morceaux qu'on se languitde réécouter tant son jeu est envoûtant. Parmi les invités, il y a aussi David El-Malek au sax tenor et Clotilde Rullaud à la flûte, ainsi que les camarades dulabel Le Saule, Philippe Crab à la guitare électrique, Antoine Loyer au banjo etau chant et puis Léonore Boulanger dont la voix est plus mystérieuse que jamais.Sous des allures classiques, les textes de Jean-Daniel Botta nous entrainent dans des courants peu explorés. Son écriture est tantôt descriptive, tantôt poétique. Côté sentiments, il se demande ce qu'ont pu devenir ses amis d'hier, pose son regard chagrin sur les papillons parisiens et nous ouvre son coeur dont le tic-tac est des plus bancals. Il aime aussi dresser des portraits de personnages décalés : Arthur qui aurait voulu être un homme sans histoires et qu'on pointe du doigt car il n'est pas comme les autres, un cow-boy démotivé et à cran, un chanteur utopiste qui n'a pas la fibre populaire, une femme oisive aux allures de couleuvre. Enfin, l'auteur nous racontent des histoires oniriqueset/ou surréelles où il se retrouve confronté aux griffes de l'Ennui, perçoit un ami comme un train, se fâche avec l'Hiver, ou encore, est continuellement poursuivi par le bruit des pas d'une demoiselle. Avec Papillons de Paris, Jean-Daniel Botta a réussi un premier album des plus aboutis. C'est un réel bonheur que de se laisser prendre dans ses filets. Vivement la suite. (Guillaume Duthoit - La Sélec 14 - Décembre 2010)