Thomas Louise a 28 ans et travaille dans l'animation, le social. Bercé tout môme par la chanson française, il fait longtemps violon au conservatoire du Havre. Mais la guitare prend le pas, par nécessité, parce que c'est plus facile pour chanter. Il épluche des recueils de chansons et tente de mettre en musique des poètes comme Prévert et Verlaine. Une conscience politique accentuée l'amène vite à l'écriture, poèmes hyper révoltés, tantôt sombres, parfois idéalistes. Vient la rencontre avec un guitariste autodidacte avec lequel Thomas se met à travailler. Il se nomme Costard. Répétitions et arrangements sont de vrais plaisirs musicaux, sans penser pour autant à la scène. C'est là une autre paire de manches : pour cela il faudrait un choc, un tremblement de terre au moins... Un tsunami ! Une soirée organisée au bénéfice des sinistrés et voilà que nos compères s'exposent, en février 2005, aux Yeux d'Elsa, café littéraire havrais : « Ça a été une évidence, une jouissance, avec l'envie d'y revenir, très vite, tout le temps... » Suivent d'autres scènes. Et la rencontre avec Julia Grapin, clarinettiste qui d'emblée propose sa collaboration. C'est presque un costard pour trois. L'idée de professionnalisation germe en Thomas mais ses deux compères souhaitent conserver une pratique amateur. Tous trois enregistrent néanmoins une maquette, simple démo pour démarcher les cafés-concerts et s'ouvrir à l'extérieur. Ça devient leur premier disque, un CD 7 titres, Pourvu qu'on ait l'ivresse, salué en 2006 par Chorus [cf. n° 58, p. 54]. Les concerts se présentent : d'enviables premières parties comme de petitessalles parisiennes. Tant et si bien que le premier opus est vite épuisé. Faut dire qu'il contient un titre qui, sur scène, fait l'unanimité : irrésistible portrait en bretzel du président Bush dans sa Maison blanche. On fait des tubes pour moins que ça. (Michel Kemper - Chorus 67)