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Disponibilité et classement

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RAYMOND QUENEAU, VOL.2
DIVERS INTERPRÈTES

  • Ref. NX7816
  • GALLIMARD, 2009. Enregistrement 1957-2005.

Raymond Queneau évoque inévitablement Zazie dans le métro et son célèbre incipit : "Doukipudonktan..." Cette facétie phonétique qui ouvre ce roman publié en 1959 renvoie à l'idée de Queneau de 1932 selon laquelle il y a danger à laisser la langue littéraire se séparer de la langue parlée. Si les critiques s'accordent pour affirmer que Queneau n'aura de cesse de rapprocher ces deux extrêmes dans son oeuvre, les premières pages de Zazie dans le métro offrent un malicieux et goûteux mélange de ces deux langues : "... le ptit type prit le temps de fignoler la réponse que voici : «Répéter un peu quoi ?» Pas mécontent de sa formule le ptit type. Seulement, l'armoire à glace insistait : elle se pencha pour proférer cette pentasyllabe monophasée : « Skeutadittaleur» Le ptit type se mit à craindre"... Ah, cette "pentasyllabe monophasée" ! Elle nous rappelle que Queneau est un écrivain inclassable au style corrosif et inventif, mêlant caricature et fantaisie malicieuse, satire et trouvailles phonétiques... Si Queneau put faire la preuve de sa liberté d'esprit dans nombre d'activités intellectuelles (le roman, l'essai, mais aussi dans la direction de L'Encyclopédie de la Pléiade), dans son engagement qui l'amena à s'associer à nombre de démarches initiées par les communistes, cette liberté d'esprit est éclatante aujourd'hui dans sa poésie. Une poésie qui peut se lire dans sa modernité qui remet sans cesse en cause les codes du moment. Ainsi ses Cent mille milliards de poèmes, un ouvrage de 1961, reste-t-il une fabuleuse fabriquede poèmes qui prouve, d'une certaine façon, que la poésie peut être faite par tous. Imaginez un instant dix sonnets (quoi de plus classique ?) écrits selon les règles et ayant la même structure grammaticale. Mais Queneau place chaque vers sur un volet indépendant des autres (il faut ouvrir le livre pour comprendre !) si bien que chacun peut composer son propre sonnet en mélangeant les vers des dix sonnets en respectant l'ordre de départ. Mathématiquement, celadonne cent mille milliards de poèmes : "En comptant 45 secondes pour lire un sonnet et 15 secondes pour changer les volets, à 8 heures par jour, 200 jours par an, on a pour plus d'un million de siècles de lectures et en lisant toute lajournée, 365 jours par an, pour : 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles..." L'ouvrage a été réédité en 2006 mais je doute fort qu'il soit dans de nombreuses bibliothèques. C'est dommage car c'est un livre à avoir entre les mains pour combiner à sa manière les vers... (Je suis prêt à présenter ce livre-objet de visu et à montrer comment chacun peut composer son propre sonnet à partir des dix sonnets originaux). Mais il existe une version électronique surInternet, très simple d'utilisation, qui permet au lecteur d'écrire son poème... Tout cela - mais je bats la campagne ! - pour présenter le CD qui vient de paraître chez EPM : vingt poèmes de Queneau mis en musique et chantés par cinq interprètes (Paul Braffort, Michèle Buirette, Juliette Gréco, Jean-Marie Hummel et Isabelle Bonnadier), les trois hommes étant par ailleurs compositeurs des musiques de leurs chansons... Si J. Gréco et I. Bonnadier n'ont droit chacune qu'àune chanson, les autres interprètes offrent un éventail plus large... Ce CD donne un bon aperçu de la poésie de Raymond Queneau dont les caractéristiques les plusapparentes ici sont la fantaisie, voire la facétie, le dynamitage du bon goût (ainsi ces vers : "Et les pigeons chient dessus / Sur le petit peuple des statues" ou "Auprès de la fontaine / Y avait un chevalier / Qui avait envie d'chier / Pour l'amour de ma belle / Avez-vous du papier...". On le voit, Queneau ne méprise pas la scatologie, mais cette fantaisie par ticulière est toujours sauvée par l'humour et même parfois par une franche satire de la poésie. RaymondQueneau ne se prend pas au sérieux ; qu'on en juge : "Comment peut-on écrire / de telles conneries / et même les publier / Suffit d'avoir un ptit bout de papier / une belle écritoire / et des WC". Et voilà pour notre chevalier ! Le ton est donné. La tonalité musicale d'ensemble du disque - si l'on excepte Juliette Gréco (sa Complainte est plutôt un classique du style "Saint-Germain-des-Prés" ou "rive gauche"...) et Isabelle Bonnadier (elle interprète sa Chanson de Gervaise sur une musique de Georges Auric) - est plutôtjazz avec Paul Braffort, jazz manouche avec Michèle Buirette. Jean-Marie Hummel dont les musiques ont aussi à voir avec le jazz joue à fond la carte de l'humour, voire du pastiche. Si l'humour est bien présent dans les textes de Queneau, il est aussi dans les musiques (orchestration et arrangements) : ici untrombone souligne la facétie verbale de Queneau, là les instruments jouent à imiter les bruits d'un cheval... Les interprètes s'amusent et leur plaisir est communicatif... Bref, cette petite anthologie sonore est une réussite. Mais il faut tendre l'oreille et écouter plusieurs fois certaines chansons pour saisir toute l'inventivité verbale de Queneau : c'est le prix à payer en ces temps où l'industrie de la variété encourage ses "chers auditeurs" à la paresse ! J'aurais aimé avoir les textes sous les yeux mais il n'y a malheureusement pas de livret... (Lucien WASSELIN - La Tribune de la Région Minière)

Interprètes

Pistes

  • 1 Ixatnu siafnut avay
  • 2 La complainte des ouatures
  • 3 Le voyageur
  • 4 Complainte
  • 5 Lumières
  • 6 Bataclan (suivi de) Bataclan II
  • 7 Le petit peuple des statues
  • 8 Petits cinémas
  • 9 Sous les toits
  • 10 S'amuser sans se fatiguer
  • 11 Chanson de Gervaise
  • 12 Chanter comme un cheval
  • 13 Il pleut sur la bergère
  • 14 Auprès de la fontaine
  • 15 L'herbe
  • 16 Il pleut
  • 17 Sourde est la nuit
  • 18 Renfort I (suivi de) Renfort II
  • 19 Tout est cru
  • 20 Si la vie s'en va