Yan Caillasse porte bien son nom. Non pas qu'il se prenne pour le petit poucet en semant des cailloux afin de retrouver son chemin, mais tout simplement parce que sa musique s'apparente à une véritable chute de pierres. Violente et poussièreuse. Yan aime jeter des pavés dans la mare, tailler des accords de guitare comme on taillerait un roc, il lance ses mots comme des galets dans une rivière. Après un premier album remarqué ("Un chien de ma chienne"), l'artiste qui a commencé sa carrière en 2002 signe ici quatorze titres au rock musclé et à la rage insidieuse. Les guitares électriques sont lancées comme une meute de chiens, à grand renfort de violon ou d'accordéon, et elles portent des refrains acérés; poésie contemporaine, tableau noirci du quotidien, Yan ne laisse pas indifférent, il frappe fort, et il frappe là où ça fait mal. Evoquant le monde politique avec "Welcome in Youpiland", le pillage de la terre ("Ils cassent le monde") ou tout simplement des errances amoureuses ("Mon coeur balance"), Yan trace sa vision du monde qui l'entoure, avec âpreté et tendresse, nous entraînant avec lui dans son "Slpeen". Invitant Kemar de No One is Innocent pour un duo ("Os contre béton") ou encore Denis Leonhardt des Weepers Circus ("No vision", "Mon coeur balance"), le chanteur s'inscrit dans une scène rock française déjà bien remplie; mais avec son grain de sel en plus, Yan Caillasse a son univers, subtil et explosif à la fois. Cet album sombre, à la rage qui rappelle celle des Frères Misère, mais plus proche de l'univers de Benoît Dorémus, ce "(remuer) ciel et terre" secoue profondément. Attention aux éboulements. (www.thefrenchtouch.org)