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SINGAPOUR
Frédéric BOBIN
- Ref. NB5660
- ABAO-BÉ, 2010.
Quatre ans après "Les choses de l'esprit", les frères Bobin sont de retour avec une nouvelle chronique de notre monde toujours aussi malade. Le prisme social qu'ils appliquent à chacun de leurs textes décompose toutes les folies dont semble éprise notre époque. Et depuis l'album précédent, les choses n'ont fait qu'empirer, donnant du grain à moudre à ces deux conteurs modernes. Le libéralisme financier a triomphé, délocalisant les emplois en Aise ("Singapour", "La vieille ouvrière"), détruisant la planète et les peuples pour qu'une minorité vive un rêve éveillé ("Les Zoulous les Apaches"). Il s'auto-dévore aujourd'hui dans une crise financière mondiale, alors que les ressources naturelles s'épuisent. Heureusement pour les patrons, il reste toujours l'option d'aller voler les dernières réserves pétrolières, et des pauvres hères - noirs si possible - pour tenir les fusils ("Joe de Géorgie"). Ce portrait de notre âge, si réaliste qu'il soit, ne parvient pas à faire de "Singapour" un disque morose. Les airs délicieusement jazzy et délicatement folk qui le composent cherchent bien au contraire à à inspirer, et même lorsqu'il s'agit de chanter la dépression, la scène s'éclaire toujours d'un petit rayon de soleil, d'une boutade, ou d'une intonation invitant au jeu de mot. Car comme le déclare Frédéric sur "Ce siècle avait deux ans", même si les tours de Manhattan fument encore au loin, le monde tourne toujours, des histoires d'amour naissent à chaque coin de rue, et c'est àcette beauté que s'attache également le poète. Qu'il s'agisse de "Ma vie de rechange", du "Convoi des limaces" ou de "La découverte", l'accent est mis sur le positif au quotidien, les petits riens qui font qu'un espoir subsiste encore pour l'humanité. Même pour le businessman qui expose son blues derrière les vitres de sa tour de verre : avec "Il faut plaindre les rois", on est loin de "Starmania" et des situations réelles comme le harcèlement sexuel ou la promotion canapé sont exposées sous un jour comique. Politique ce disque l'est assurément, sans jamais le dire ouvertement. Il y a fort à parier que les chansons de Frédéric Bobin ne ponctueront jamais les meetings du MEDEF, tant l'inquiétude sociale de l'auteur imprègne tout son univers. Si la mondialisation et les délocalisations ont épargné le le peu d'argent dont les dirigeants français veulent bien faire l'aumône à leursemployés, il s'en trouvera peut-être parmi les salariés pour investir une partiede leurs économies dans cet album. Grand bien leur fasse alors, car c'est à eux qu'il s'adresse, aux oubliés de la finance, à tous ceux qui assistent effarés à l'ouverture en grand des caisses de l'état pour sauver les ténors du CAC40 pendant que le peuple fait la queue aux Restos du coeur. Le coeur d'où proviennent les chansons de Frédéric Bobin; ce n'est pas une star, il ne passe pas sur TF1 entre deux coupures de pub, il se contente de chanter les contradictions du vingt-et-unième siècle. (ptit_boy sur www.thefrenchtouch.org)
Interprètes
- Frédéric BOBIN : Voix d'homme, Guitare, Arrangeur, Interprète, Ukulele, Auteur de la musique
- Jonathan MATHIS : Basse, Percussion, Harmonica, Arrangeur, Orgue Hammond, Ukulele
- Philippe BOBIN : Parolier
- Mikaël COINTEPAS : Batterie
Pistes
- 1 Singapour
- 2 Etrange bipède
- 3 Ce siècle avait deux ans
- 4 Le démon de midi trente
- 5 Il faut plaindre les rois
- 6 Joe de Georgie
- 7 La découverte
- 8 Les zoulous les apaches
- 9 Ma vie de rechange
- 10 Le convoi des limaces
- 11 Les maisons qui défilent
- 12 La vieille ouvrière