Partager
SUJET LIBRE
Art MENGO
- Ref. NM2898
- KABASSA PROD, 2009.
La modeste timidité d'Art Mengo est aussi avérée qu'inhabituelle, dans cet univers de paillettes et strass, où des chanteurs en perdreaux de l'année s'agitent tels des souverains auto-proclamés. Des premiers succès tel " Les Parfums de sa vie " (1988) aux improbables duos de la réconciliation (l'Allemande Ute Lemper et le Toulousain emportent tout sur leur passage en 1993 avec " Parler d'amour "), en passant par les compositions pour icône (" Ca ne change pas un homme ", offert à Johnny Hallyday en 1992), le garçon a toujours estimé que la pénombre lui seyait mieux que la vive lumière, et que travailler à son rythme (huit albums en vingt ans) valait tous les rythmes (ici plutôt en pont entre chanson et jazz). Après Guère D'Amour (1992) ou Entre Mes Guillemets (2006), Mengo creuse encore en intitulé la réminiscence de ces années d'école, où on apprend à aimer les mots des grands, et les belles notes. Mais là s'arrête le jeu dans un album de l'intime : après un instrumental rêveur, l'immigré évoque dans " Randonnée de famille " la douloureuse traversée des Pyrénées de ses républicains espagnols de parents, fuyant le fascisme de Franco, un petit garçon dans les bras, puis rend une sorted'hommage induit en fanfare triste au grand Claude de Toulouse ("Je me suis réveillé fragile "). Pour suivre, le citoyen du monde s'interroge sur la course de l'univers (" La Nouvelle arche "), et celle de l'apartheid (" Homo Sapiens Barnard "), sur la course de la haine (les femmes tondues à la Libération, de mèche avec l'occupant, dans " Ciao-Wiedersehen "), et celle, méprisable, d'un progrès sans conscience (" Sac à puces "). Pour le chapitre de l'amour, Michel Armengot convoque le souvenir de flonflons à la Charlélie Couture (" Bagatelle "), ou le regret d'histoires qui finissent mal, en général (" Si tu me licencies "), et développe, avec un coup de main de la part d'Anna de Noailles, le plus beau clair-obscur du moment (" Il fera longtemps clair ce soir "). Entouré de fidèles plumes (Marie Nimier, Marc Estève) et autres virtuoses de l'ombre (le percussionniste Nicolas Montazaud), Mengo ne mégote pas, ni la tendresse, ni la profondeur de son chant, de cette voix en papier de verre qui est devenue sa marque de fabrique. Et réalise le tour de force de, tout comme lesculpteur s'efface derrière la cathédrale, se dissiper dans Sujet Libre, comme un ami dont on est heureux des bonnes nouvelles qu'il nous apporte. (Christian Larrède sur www.music-story.com)
Interprètes
- Art MENGO : Basse, Piano, Parolier, Voix, Claviers, Auteur de la musique
- Marc ESTÈVE : Parolier
- Marie NIMIER : Parolier
- Lionel SUAREZ : Accordéon, Auteur de la musique
- Anna DE NOAILLES : Parolier
- Loïc PONTIEUX : Batterie, Sampler
- Nicolas MONTAZAUD : Percussion
- Philippe DESBOIS : Guitare
- Akim BOURNANE : Contrebasse
- Christophe GUIO : Violon
- Elisabeth PALLAS : Violon
- Françoise GNERI : Violon
- Jean-Luc BOURRE : Violoncelle
- Nicolas GARDEL : Trompette
- Lionel SÉGUI : Tuba, Trombone
- Ferdinand DOUMERC : Saxophone
- Philippe LÉOGÉ : Orchestrateur
Pistes
- 1 Sujet libre
- 2 Randonnée en famille
- 3 Je me suis réveillé fragile
- 4 La nouvelle arche
- 5 Bagatelle
- 6 Si tu me licencies
- 7 Ciao-Wiedersehen
- 8 Homo sapiens Barnard
- 9 En attendant Beckett
- 10 Il fera longtemps clair ce soir
- 11 Je prendrai sur moi
- 12 Sac à puces
- 13 Sujet libre