Neuvième album et vingt ans de carrière pour Thomas Fersen qui ne se repose pas sur ses lauriers. Après son très bel album romantique façon dix-neuvième siècle JE SUIS AU PARADIS (2011), l'infatigable trouvère nous revient déjà avec une galette de onze titres inégale mais surprenante. Rien à voir avec le précédent opus. Le chanteur a confié cette fois-ci les arrangements à Cédric de la Chapelle du groupe The Ginger Accident qui a donné des couleurs étonnantes à l'ensemble oscillant entre chanson, pop et soul sixties et variété symphonique un peu kitsch. Un petit parfum de Bollywood aussi dans les envolées de violons grandiloquentes. Ce melting-pot tient la route sur la plupart des titres (« Donne-moi un petit baiser ») mais devient indigeste sur d'autres (« La boxe à l'anglo-saxonne »). On est souvent à la limite du mauvais goût. Heureusement, l'inventif Cédric de la Chapelle varie les plaisirs et ne tombe jamais dans la redite. Côté textes, c'est la veine délirante et fantaisiste d'un Fersen obsédé par les chaussures (« Joe-la-classe ») qui prend ici le dessus. Au frigo la galerie de personnages gentiment glauques et le pavillon des fous. L'auteur a préféré ressortir ici de son chapeau, pour notre plus grand plaisir, le looser de service (« Les femmes préfèrent », « La boxe à l'anglo-saxonne »), le frimeur («Joe-la-classe »), le souffre-douleur (« Jean »), le parano (« Viens mon Michel », « Qui est ce baigneur ? ») ou encore le glandeur (« Les pingouins des îles »,« Mes compétences »). Le renard a toujours le museau aussi fin, cultivant comme peu l'art de nous raconter de manière décalée les petits accrocs de la vie et les situations cocasses. Deux perles se cachent dans ce feu d'artifices poétiques : l'absurde « Mes compétences » vantant les aptitudes du chômeur par excellence qui s'avère ici être un véritable professionnel du babyfoot, et puis « Qui est ce baigneur ? », magnifique ritournelle au texte plus visuel que jamais. Enfin, n'oublions par la cerise sur le gâteau « Donne-moi un petit baiser », clin d'oeil plein d'humour dans le style pop soul du Nino Ferrer des débuts. Un disque frais trouvant facilement sa place dans une discographie dense et riche qui continue à interpeler. (GD)

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