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DILLINGER EST MORT
Marco FERRERI
- DILLINGER È MORTO
- Ref. VD0047
- Produit en 1969, Italie.
- Langue FR, IT st. FR. Durée : 90'.
Glauco rentre chez lui après la classique journée de travail d'un cadre traditionnel dont l'appartement, les meubles, les gadgets électro-ménagers sont typiques d'un mode de vie ou d'une vie à la mode. Sa femme est couchée; elle souffre d'une migraine tout aussi caractéristique que l'ennui qui va, alors, imprégner tous les gestes de Glauco, livré à la solitude et à l'oisiveté dans son appartement rempli de beaux objets inutiles. Manger d'abord, parce qu'il le faut, mais aussi bien que possible car on en a les moyens et le goût. En cherchant les épices, Glauco découvre un pistolet dans un vieux journal qui annonce la mort de Dillinger, l'ennemi public numéro un. Télévision, films de vacances lui permettent de "passer" quelques minutes d'une soirée interminable. Mais il s'absorbera plus longtemps dans le démontage, le nettoyage et le remontage du pistolet qu'il finira par peindre en rouge, avec des points blancs. Puis il s'offre un intermède érotique avec la bonne qu'il a rejointe dans sa chambre. Glauco joue avec le revolver: devant un miroir, il fait mine de se tuer; puis il met en fuite des cambrioleurs imaginaires. Mais c'est le plus sérieusement du monde qu'il tire trois balles dans la tête de sa femme endormie. Il ne lui reste plus alors qu'à prendre sa voiture, gagner le bord de la mer et se faire engager comme cuisinier à bord d'un yacht en route pour Tahiti.
C'est le second des trois films interprétés par Annie Girardot sous la direction de Marco Ferreri, et c'est le début d'une longue collaboration entre Ferreri et Michel Piccoli qui, dans son livre "Dialogues égoïstes", cerne avec précision la signification profonde du film: "Mon personnage s'efforce d'habiter le temps qui le provoque. Je balise les secondes qui passent. Comme un nageur en train de sombrer, je griffe le décor pour mieux laisser la trace de mon présent. Pour exister en attendant que se matérialise dans mon futur le voilier libérateur, je déplace les objets, tue des rituels". Car, ainsi que le définit le comédien: "Ferreri n'envisage pas l'avenir. Il se contente de mettre en scène des êtres sans passé ni avenir qui se débattent dans les pièges du temps présent". Le film a été présenté à Cannes, lors du Festival 1969, un an après l'interruption de la compétition cannoise par les événements de Mai 68. La critique y a vu une dénonciation de la "société de consommation", alors que Ferreri en a dit: "C'est encore un film bourgeois pour les bourgeois. Nous n'avons pas de dialogue révolutionnaire avec le public. La révolution se fait en faisant la révolution, pas en faisant des films." Ce qu'il précisera encore, de manière provocatrice, en déclarant: "Dillinger ne sert à rien, il plaît au ghetto de la culture. Et on s'en fout...".
Documentaire: "Seul" (par Jean Narboni - 50') - Filmographie.
Intervenants
- Mario VULPIANI - photographie
- Teo USUELLI - auteur de la musique
- Mirella MERCIO - montage
- Nicola TAMBURO - direction