1958. La Radio Television News Directors Association (RTNDA) rend hommage à Edward R. Murrow pour l'ensemble de sa carrière. Cinq ans plus tôt, ce journaliste réputé et respecté de la chaîne de télévision CBS, dont l'émission passionnait les foules avec des sujets audacieux, s'était élevé contre le sénateur McCarthy et sa fameuse chasse aux sorcières anti-communiste. Dans cette lutte inégale, Murrow et son producteur Fred Friendly engagent l'honneur et la crédibilité de toute leur rédaction. Malgré les pressions du gouvernement et les menaces inhérentes à toute quête de vérité, Murrow parvient à informer le public sur les méthodes scandaleuses de McCarthy. Un travail déontologique et journalistique ambitieux qui va contribuer à faire chuter le sénateur.

Clooney impose une esthétique racée - dont un beau et franc noir et blanc -, passant par une réalisation inventive mais discrète et un casting audacieux de haut vol (dont un David Strathairn impérial et impressionnant de charisme), parfaitement dirigé, qui sait faire affluer ironie et sarcasme avec subtilité. "En racontant l'histoire de ces journalistes s'étant élevés contre le McCarthysme, Clooney parle avec tact mais férocité des États-Unis et du monde d'aujourd'hui. Pour saisir l'universalité et l'intemporalité de son film, il suffit de remplacer le mot "communistes" par "terroristes", "Juifs", "immigrés" ou "homosexuels", et prendre en plein visage l'horreur de toute persécution s'appuyant sur peurs primales et ignorance. En outre, Clooney rappelle avec une conviction quasi-lyrique que la télévision a pu servir au civisme, à la compréhension et à l'éducation. Des rôles aujourd'hui niés tout autour du monde, que ce soit par des informations partisanes et tronquées, ou des divertissements abrutissants. Un message tout aussi fort que celui politique. Une véritable leçon de classe et de sobriété, là où bon nombre seraient tombés dans la démonstration didactique ou l'émotion lacrymale. Autant d'audaces qui font de "Good Night, and Good Luck" un film captivant, inattendu, bouleversant parfois. Un des pamphlets les plus forts de ces dernières années, dont on ressort ébranlé." [monsieurcinema.com]. Un film puissant à l'austérité masculine dont les propos sont soulignés par les chansons interprétées par Diane Reeves, propos dont beaucoup n'ont pas pris une ride.

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