1890 dans le Wyoming. Les flots d'immigrants coulent vers l'Ouest mais se heurtent aux hommes de main des grands propriétaires de bétail. Il faut le dire très haut, le film de Cimino est remarquable. En suivant quelques personnages (un porte-flingue, une prostituée, un représentant de l'ordre, mais quel ordre?) nous pénétrons dans un Far West débarrassé des chromos de la bonne conscience. Cimino ne met pas à mal quelques légendes, ne rectifie pas telle ou telle erreur historique; il montre tout simplement que l'édification de la nation américaine est passée non seulement par le massacre des Indiens mais aussi par l'élimination de nombreux immigrants issus de minorités nationales. "La porte du paradis" est un vrai western lyrique où les destinées individuelles renvoient à une opposition de classes tellement peu hollywoodienne, d'où son infortune.