Christine Jesperson, jeune artiste touchante et spontanée, mélange dans son quotidien art et réalité. Elle entre sur la pointe des pieds dans la vie de Richard, vendeur de chaussures, père de deux garçons et tout juste redevenu célibataire. Autour d'eux, Robby et Peter, les enfants de Richard, son ex-femme, la patronne d'une galerie d'art, les voisins et les voisines. Tous sont à la recherche d'un lien qui les connecte aux autres sur Terre... Une mosaïque de fragments de vie, un petit film ingénieux au ton personnel et gentiment décalé.

Avec ce premier long-métrage, récompensé par une Caméra d'Or (Cannes 2005), la réalisatrice Miranda July s'inscrit dans la lignée de l'actuel cinéma américain indépendant, celui qui ne brille pas dans les lumières d'Hollywood, mais s'illustre dans des festivals - jadis confidentiels - tels que Sundance ou Deauville. Un cinéma novateur, créatif, qui, souvent, pose un regard de biais sur la société américaine: sa crise identitaire, sa déviance adolescente et ses petites névroses ordinaires. "Moi, toi et tous les autres" est effectivement caractéristique de cette production, de moins en moins underground, mais il propose en même temps un univers singulier et personnel, qui correspond à la personnalité de Miranda July, performeuse vidéo très en vue dans le milieu de l'art multimédia et des nouvelles technologies. Elle a d'ailleurs écrit ce film dans le cadre de l'atelier d'écriture et de réalisation de Sundance. Il s'agit donc d'un essai, au résultat concluant, car résolument original. La cinéaste filme des fragments de vies croisées, des solitudes conjointes, des êtres paumés dans leur bulle de rêve ou d'incertitude, qui aimeraient bien se connecter aux autres autrement que par écrans interposés, et vivre des histoires ou des expériences exaltantes, qui les éloignent de la tristesse atone de leur quotidien. Film de collage à la mode arty, comédie romantique éthérée, à l'esthétique pop et cosy, à la fois fleur bleue et rose flashy, "Moi, toi et tous les autres" mêle agréablement tendresse et drôlerie, douceur et fantaisie, décalage et spontanéité.

Courts métrages - Interviews.