France, début du 18ème siècle. La guillotine n'a guère l'occasion de rouiller. Le Marquis de Sade, plusieurs fois condamné à l'horrible machine, est en sécurité à l'asile de Charenton. Loin de souffrir de l'enfermement, il continue à écrire et avec l'aide de Madeleine, une jeune blanchisseuse, fait publier ses textes à l'extérieur. L'une de ces publications remonte à Napoléon qui dépêche le docteur Royer-Collard à Charenton, afin de remettre un peu d'ordre dans l'établissement. Le sévère docteur y rencontre l'abbé Coulmier, responsable de l'asile et fortement influencé par Sade. Furieux, Royer-Collard utilise la manière forte. Privé de ses plumes, le Marquis écrit, frénétique, avec ce qu'il trouve. Et son dernier texte risque de ne pas plaire à tout le monde. Prenant des libertés évidentes avec la réalité des choses, ce film déconcerte un moment, avant de distiller ses nombreuses qualités: un ton très drôle, assez outrancier et une réalisation d'une nervosité rare pour un film "d'époque". Le soucis de Kaufman ne réside évidemment pas dans la véracité, mais dans le ton, qui n'aurait pas déplu au Marquis lui-même. L'affrontement moral du Marquis et de Royer-Collard est le lieu même du discours que tient le film: les premiers à être choqués sont les premiers à fauter... Si le film s'achève dans une surenchère, cela n'enlève rien au plaisir brut qu'il procure, enlevé par quatre formidables comédiens, dont le fragile et touchant Joaquin Phoenix.