L'histoire de la famille Balatony, dans la Hongrie du 20ème siècle, Lajos la connaît bien. Et pour cause, puisqu'il en est l'un des derniers descendants. Il se souvient de son grand-père, aide de camp et souffre-douleur du capitaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Et puis, il y a eu son père, Kálmán, un sportif professionnel accompli sous l'ère communiste et qui ne pensait qu'à une seule chose: disputer et remporter les Jeux Olympiques de Los Angeles. Malheureusement, ceux-ci furent boycottés par les Pays de l'Est. Enfin, il y a lui, Lajos, le taxidermiste, qui se livre à d'inquiétants travaux et rêve de gloire et d'immortalité.

"Palfi a fait de l'outrance la substance même de son film. Il dit se défendre d'être un provocateur, mais voilà bien un manifeste déni d'évidence. Entre un premier sketch centré sur des actes sexuels pittoresques, certes, mais outrageusement explicites et pas toujours orthodoxes, un second fondé sur le mouvement perpétuel entre la boulimie et les vomissements, et un troisième qui finit en apothéose sur le plus extravagant acte d'automutilation de l'histoire du cinéma, il n'est pas difficile de se faire une opinion: Palfi est un pornographe doublé d'un "scatologue" aux intentions indéniablement suspectes. Mais il n'y a pas que de l'excès dans "Taxidermie". Il y a aussi du talent, et les preuves aveuglantes d'un instinct aigu du cinéma. Les images sont mémorables, travaillées avec un réel raffinement d'esthète pervers, et les situations ont toutes la force voulue pour se fixer durablement dans les esprits. Qu'elles soient choquantes et obscène peut passer pour un épiphénomène: elles servent à merveille le délire créatif d'un authentique visionnaire. De toute évidence, "Taxidermie" est un film à clés mais, comme souvent dans les cinématographies de l'Est, la métaphore n'est jamais transparente et laisse au spectateur une déconcertante marge d'interprétation. (...)" [Grand Angle n°311-312]

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