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XIAO WU
Zhangke JIA

  • XIAO WU, ARTISAN PICKPOCKET
  • Ref. VX5078
  • Produit en 1997, Chine.
  • Langue CH st. FR, NL. Durée :105'.

Xiao Yong et Xiao Wu étaient deux grands amis. Enfants, ils étaient frères d'armes dans les bagarres de rues et, adolescents, pickpockets associés. Aujourd'hui, à Fenyang, ville perdue de l'intérieur de la Chine, Xiao Wu est toujours pickpocket, avec un dévouement d'artisan, tandis que Xiao Yong voit beaucoup plus grand. Grâce à son trafic de cigarettes, il est à présent un nouveau riche de premier plan. Xiao Wu se sent un peu trahi mais il continue de penser qu'ils resteront amis jusqu'à la fin des temps. Mei Mei aime Xiao Wu à temps partiel. Il a rencontré cette forte femme du nord de la Chine dans un bar karaoké. De temps en temps, Xiao Wu éprouve l'envie de retourner dans son village natal de montagne pour y revoir Liang Chang, son père et sa famille...

"La suite de sa carrière l'a prouvé, le cinéma de Jia Zhang-Ke entretient une étroite relation avec le rock: si ses deux film suivants se caractérisent par une coloration New Wave, l'art de son premier film serait tout autant à chercher du côté de la pop. Pop qui inonde d'ailleurs de façon approximative, bricolée, comme un bruit de fond révélant des conditions d'élaboration de type série B la bande son de cette première oeuvre déjà chargée d'un désir urgent de capter. Capter Fenyang, ses trafics, ses petites frappes, l'état policier qui contrôle la ville. Figer sur pellicule une solitude urbaine, un pickpocket qui tente de se donner une contenance en fumant, un instant de bonheur éphémère à tenir compagnie à une fille dans sa chambre. Bref livrer une sorte d'instantané d'une époque, ce que peuvent faire les grandes pop songs. La caméra semble parfois avoir été placée dans le cadre afin de saisir un détail révélateur, le style caméra à l'épaule n'est pas ici ce nouvel académisme festivalier qu'il est devenu depuis mais est animé d'une vitalité synchrone de l'univers en plein changement qu'elle tente de saisir. Par moments approximatifs, les cadrages rapprochés du film participent d'ailleurs de son urgence à capter la réalité environnante. Lorsque la caméra se pose pour dilater (parfois un peu trop) les plans afin de souligner la solitude des personnages, la rigueur des cadrages annonce l'approche que le cinéaste développera dans ses films suivants aux ambitions plus romanesques. Ceci dit, lorsqu'un haut-parleur scande la rétrocession de Hong Kong, on sent déjà l'ambition de grand roman de l'histoire récente de la Chine développée par la suite par le cinéaste pointer le bout de son nez. Mais une pop song n'est-elle pas supposée être insouciante? Faux parce qu'elles figent un moment de bonheur, un air du temps justement parce qu'elles savent que ce qui suit, c'est la solitude et la fin de l'insouciance. D'où le double rôle des karaokés et de la bande son dans le film: moment d'évasion d'un morne quotidien mais aussi moment où l'on fait exploser sa solitude, promesse de bonheur en même temps que mirage trompeur à l'image de la future Chine prospère promise par le régime. Quand on danse dans " Xiao Wu " (moments que le cinéaste sait déjà saisir avec talent bien avant la superbe scène du flamenco dans " Platform "), c'est avec l'énergie du désespoir. Pas un hasard d'ailleurs si le cinéaste déroule la bande son de " The Killer " en plein milieu d'un moment d'ennui pesant de Xiao Wu: la petite frappe de Fenyang et les héros " wooiens " [référence à John Woo] partagent une impuissance face au changement (historique dans le premier cas, mort des codes d'honneur des gangsters dans le second), impuissance qui les fait se sentir encore plus seuls. Figure néoréaliste révélant ce qu'est Fenyang et par extension un autre visage de la Chine de son temps, Xiao Wu est d'ailleurs tout autant une figure de cinéma renvoyant au pickpocket bressonien, mais un pickpocket dont les tourments seraient plus terre à terre que métaphysiques. Comme les héros bressoniens, les chemins qu'arpente Jia Zhang-Ke sont tortueux mais au bout se trouve la grâce. Grâce qui touche le film par moments et le rend précieux. La rupture avec les figures de l'explosion festivalière du cinéma chinois dans les années 80/90 (Yimou/Kaige) était en route." [www.cinemasie.com]

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