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BESTIAIRE
Denis CÔTÉ
- Ref. TW1142
- Produit en 2012, Canada, France.
Il est difficile de définir un tel objet filmique, qui échappe aux critères habituellement rencontrés lorsqu'on connaît le sujet et son cadre. Tourné dans un zoo sur huit jours - répartis en trois saisons -, le film ne se positionne pourtant pas "pour" ou "contre" le zoo, et n'est pas une réflexion sur l'enfermement. Il ne s'agit pas non plus d'un film animalier bien que les habitants du zoo en soient son principal sujet. Quant au terme "documentaire", il est en partie inapproprié pour ce film qui introduit de la fiction dans les sons - des bruitages artificiels viennent quelquefois "dramatiser" ce qu'on voit à l'image - et dans le hors-champ (induit par la partie sonore fort travaillée).
Dans "Curling" (2010), apparaissait une scène avec un tigre dans un zoo. Les responsables ont proposé à Denis Côté de revenir quand il le voulait... Il les a pris au mot! C'est presque avec désinvolture que le réalisateur est revenu sur les lieux, en équipe réduite, n'étant pas particulièrement attiré par les animaux, mais avec l'intention de filmer et montrer les animaux pour ce qu'ils sont, rien de plus. L'animal devient objet d'observation dans un exercice qui veut rejeter l'anthropomorphisme.
Denis Côté explique que "la plupart des gens projettent tellement d'intentions dans le film... pensent qu'on a voulu, encore une fois, ramener ça à nous, les humains... Qu'est-ce qu'on fait aux animaux?... Alors qu'au départ, il y avait un désir purement esthétique d'aller faire du cinéma" et estime que "Bestiaire" peut être considéré comme "objet absolu pour redonner au spectateur sa fonction de spectateur, sa liberté de penser, sa liberté de projeter sur l'écran tout ce qu'il veut bien projeter."
Le film est conçu comme une expérience image/son/montage très libre, dans lequel Denis Côté enregistre ce qu'il voit: ses habitants (des animaux filmés de face, de profil, par fragments - cornes, pattes, toisons, etc.), des occupants (ouvriers et vétérinaires) et des visiteurs. Au-delà du zoo qui porte en lui quelque chose de cinématographique - et inspire le cinéaste -, et contrairement à un tel lieu "fermé", le film est "ouvert" et invite à une plongée contemplative sur l'animalité.
Complément: Entretien avec Denis Côté (11').
Intervenants
- Vincent BIRON - photographie
- Nicolas GAGNON - auteur de la musique
- Frédéric CLOUTIER - prise de son, auteur de la musique
- Daniel BISSON - prise de son
- Nicolas ROY - montage