Un luxueux coffret proposant un DVD (reprenant de très nombreuses images d'archives photographiques et filmées des "actions", de 1962 à 2003 - 147') et un CD audio ("Das Orgien Mysterien Theater - 122. Aktion, 19 november 2005, Burgtheater Wien").

Complément : Interview d'Hermann Nitsch réalisé en 2005 (24').

Inspiré par les tentatives de l'oeuvre d'art totale et les approches par le culte et l'art de toute l'histoire de l'art, Hermann Nitsch (Vienne, 1938-2022) développa à la fin des années 1950 le projet du Théâtre des Orgies et Mystères dont le but était de pousser à son paroxysme l'oeuvre d'art totale. La violence archaïque de la tragédie grecque, la catastrophe affective et sensitive inaugurée dans le drame antique, étaient censés atteindre l'apothéose des excès dionysiaques par le biais d'une dramaturgie psycho-analytique. Les sources d'inspiration de Nitsch sont, entre beaucoup d'autres, les Passions de Schütz et Bach, l'oeuvre mythique et épique de Richard Wagner, ainsi que l'oeuvre de Scriabin, proche du culte et qui intègre les projections de peintures et les sensations olfactives.

En 1960, 61, 62 et 63 eurent lieu à Vienne les premières "actions". Ce qui comptait, c'était la substance, la matière de la peinture, pas tant la nuance chromatique. Selon la consistance de la peinture, elle était renversée, étalée, on la faisait gicler, ou bien dégouliner. Elle était répandue sur les sols et les murs. Le rouge monochrome fut utilisé en raison de sa ressemblance quasi parfaite au sang.

La peinture d'action a ouvert la voie au Théâtre des Orgies et Mystères. Cette peinture extatique, gestuelle, est un processus, c'est un événement dramatique qui se déroule dans le temps. Le procédé est aussi important que le résultat. La peinture d'action du Théâtre des Orgies et Mystères est la grammaire visuelle du théâtre d'action sur un support. Par l'action, on quitte le support. L'action s'approprie l'espace. La peinture devient du sang. On utilise de la chair, des viscères, des tripes. On se sert de corps humains dénudés.

Dans la Fête de l'orgue de sang d'Hermann Nitsch, on peut lire : "Avec mon art, j'assume une forme de la mystique existentielle de ce qui est apparemment négatif, répugnant, pervers, obscène, ainsi que l'excitation et l'hystérie expiatoire qui en résultent. Pour vous épargner la chute impure et honteuse vers l'extrême, je suis l'expression de la création toute entière. Je me suis dissous en elle et identifié avec elle. Tous les supplices et la volupté, mêlés en un état d'ivresse unique et décomposé, vont nous traverser, moi et donc vous."