Sur tous les continents, de l'Inde au Pérou, du Yémen au Burkina Faso, de petites filles jouent à la marelle, parcourant à cloche-pied les géométries variables (rectangulaire, en collimaçon, sous forme de "basilique"... ) d'univers toujours symboliques. Le parcours est semé d'embûches et plein de contraintes: bien viser, ne pas marcher sur les lignes, garder l'équilibre quoi qu'il advienne, passer son tour, recommencer... En joignant la terre et le ciel, on comprend qu'il s'agit d'apprendre à vivre, d'affirmer sa résistance face aux obstacles de l'existence.

Du coup, la marelle peut s'observer comme un reflet de la vie des femmes - même les plus jeunes d'entre elles - à travers le monde. Chacune des petites filles filmées témoigne ainsi d'une forme particulière d'oppression: les corvées domestiques, le travail dégradant, la réclusion, le mariage forcé, l'excision, l'esclavage, la prostitution... La réalisatrice réussit à capter chez ses petites interlocutrices cette dialectique entre la Terre (l'enfer serait plus juste) et le Ciel, entre la mort lente et l'espoir, entre la gravité et l'insouciance rieuse.