Tourné en France en 1975, le dernier film du réalisateur-démiurge Orson Welles. Un film-essai avec lequel une fois encore (comme dans le cas de "Filming Othello"), Welles invente son propre genre cinématographique. À la lisière entre documentaire et mise-en-fiction, entre la réalité et l'illusion de celle-ci, "Vérité et mensonges" (alias "F for Fake") est un étonnant patchwork pirandellien qui prend pour point de départ un documentaire de François Reichenbach sur le peintre-faussaire Elmer de Hory. Par jeu de miroirs, le film devient un autoportrait d'artiste par faussaire interposé. Welles s'y met en scène lui-même - entre autres sous la forme d'un illusionniste -, multiplie les aphorismes sur le vrai et le faux, se souvient de sa jeunesse et de la fameuse version radiophonique de la "Guerre des mondes" qui fit croire aux Américains à une véritable invasion martienne... Ce film, parfois fragile et bancal, est d'une densité exceptionnelle et aborde tous les grands thèmes de l'oeuvre du cinéaste, toutes ses obsessions et les examine avec un mélange de sérieux et de malice.