"Fukushima_Camera" est un ensemble de trois films consacrés aux images de la catastrophe produites par l'industrie nucléaire japonaise elle-même.

À la fois exploration à distance et immersion au coeur du désastre de Fukushima, ce triptyque brouille les frontières entre ce que nous voulons voir, ce que nous avons le droit de voir, ce que nous sommes capables de voir, et ce que nous aurons le temps de voir.

1. "4 bâtiments, face à la mer" (2012 - 45 min) - En juin 2011, l'exploitant de la centrale nucléaire de Fukushima a installé une livecam sur le site. Outil d'une transparence factice, cette caméra de propagande diffuse les images uniques d'une catastrophe sans fin. En un seul plan fixe ininterrompu, un paysage létal distille son invisible toxicité et le paradoxe de son étrange beauté.

2. "Machine to Machine" (2013 - 31 min) - À Fukushima daiichi, le ventre de la centrale nucléaire effondrée maintient pour encore très longtemps les humains à distance. Seules d'autres machines peuvent s'en approcher. Elles filment pour les hommes ce qu'ils ne peuvent plus voir.

3. "Fovea Centralis" (2014 - 48 min) - Sous la pression médiatique et politique, l'exploitant de la centrale de Fukushima a fini par rendre publique une infime partie des visioconférences tenues lors des premières semaines de la catastrophe. Ces enregistrements n'échappent pas au contrôle habituel : ici les visages sont flous et les paroles censurées. Mais par un simple effet de "floutage", des outils de communication bureautique deviennent proprement hantés.

Supplément : Entretien avec le réalisateur Philippe Rouy par Mélanie Pavy (43 min).

Un livret (16 pages) accompagne cette édition : "Outremondes", un entretien avec Philippe Rouy par Élise Domenach / Présentation des films / Un texte d'Antoine Thirion (revue Independencia) / Un entretien avec Philippe Rouy par Nicolas Féodoroff, FIDMarseille 2012 / Un texte de Charlotte Garson, Cinema du Réel.