En se rendant sur les lieux historiques de "l'archipel du Goulag", Iossif Pasternak et Hélène Châtelain donnent voix et figure aux victimes anonymes de la terreur et de la déportation érigées en système. Ils ont choisi de limiter leur enquête aux grands camps du nord du pays, les plus extrêmes, les plus mythiques: ceux des îles Solovki, au milieu de la mer Blanche, au nord-ouest; et, à 5.000 kilomètres de là, ceux de la Kolyma, au nord-est polaire.

Deux temps marquent leur "voyage" dans ce présent de la mémoire: celui de la violence radicale des années 20 et 30 (1ère partie: "Le temps de l'eau"), et celui de la mise en exploitation, de la colonisation du goulag pendant les années 30 et 50 (deuxième partie: "Le temps de la pierre").

Le film mêle images d'archives en noir et blanc et entretiens en couleur avec des survivants des camps. On estime qu'un adulte sur sept est passé par les camps, soit quinze millions d'être humains. La moitié d'entre eux sont morts de faim, d'épuisement, sous les coups des gardiens ou les balles des policiers.

Compléments DVD: Interview de Iossif Pasternak et Hélène Châtelain - Filmographie des réalisateurs - "Le Génie du mal", film de Iossif Pasternak et Hélène Châtelain sur Alexandre Lazarevitch Lokchine.

"Le Génie du mal": Ce film s'articule autour du "Requiem" du compositeur Alexandre Lazarevitch Lokchine. Chostakovitch qui eut la partition entre les mains dit : "Celui qui a composé ce Requiem est de nous tous un des plus grands. C'est une oeuvre géniale". Jamais sa musique n'avait été jouée: Alexandre Lazarevitch Lokchine avait été banni de la communauté des intellectuels car soupçonné d'avoir collaboré avec le KGB et accusé d'avoir dénoncé. Quand en 1990 les archives deviennent accessibles, tous cherchent, cherchent à comprendre ce qui a pu nourrir ce climat policier. Les années 1990 furent en Russie celles des enquêtes, des demandes officielles déposées par les familles pour renouer les fils des destins dénoués. Le film est construit autour d'Alexandre Lokchine, de son histoire et de celle de son fils qui s'est battu pour sa reconnaissance, à la recherche de la vérité. Alexandre Lokchine n'a dénoncé personne et pourtant des preuves, des faits, des dossiers sont là - et les amis revenus ont été effectivement dénoncés. Nombreux sont ceux qui ont été confrontés malgré eux à la logique infernale: celle des interrogatoires, des interrogateurs et des interrogés.