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IL ÉTAIT UNE FOIS... LE CINÉMA - UN FILM & SON ÉPOQUE
IL ÉTAIT UNE FOIS... LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE
Anne ANDREU
- Ref. TD9435
- Produit en 2011, France.
Appartenant à un même cercle de notables mondains, six personnages tentent à plusieurs reprises de partager un même repas mais chaque tentative échoue, du fait de l'intrusion d'inconnus ou d'événements imprévus. Pas d'intrigue ni de psychologie, et des archétypes de personnages (un ambassadeur, deux couples de bourgeois, un évêque, un colonel, un ministre, des terroristes, des truands) pour un film entre passé et présent, entre mémoire et fantasme, entre rêve et réalité. "Le Charme discret de la bourgeoisie" obtint l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en 1972.
Malgré son côté surréaliste, c'est un film très ancré dans le début des années 1970. L'ambassadeur se livre à du trafic de drogue, il échappe à un attentat terroriste, un évêque joue au prêtre-ouvrier, il est question de la création du "Mouvement international des femmes", la police torture un jeune gauchiste au commissariat.
Buñuel, qui n'a jamais caché ses sympathies pour l'esprit de Mai 68, ne fait pas un film militant mais tourne en pleine agitation gauchiste une fable ironique et satirique : tous les représentants de l'ordre, du pouvoir économique et politique sont des meurtriers et des criminels. Il y a une sorte de jubilation dans la provocation. En 1972, Bunuel, né en Aragon avec le siècle, a 72 ans. Jean-Claude Carrière est alors son scénariste attitré, qui signe aussi "Le Journal d'une femme de chambre", "La Voie lactée", "Le Fantôme de la liberté" et "Cet obscur objet du désir", le dernier film. Celui qui a commencé par deux coups de maître ("Un chien andalou" et "L'Âge d'or"), chefs-d'oeuvre à scandale du surréalisme, est resté un homme solitaire, fuyant les micros, marqué par l'exil, et dont l'oeuvre sent toujours le soufre. Antifasciste, il n'a remis les pieds en Espagne qu'en 1960 pour tourner "Viridiana", Palme d'or à Cannes mais interdit (comme une grande partie de ses films) par Franco. Buñuel meurt en 1983 à Mexico.
Intervenants
- Hervé LODÉ - photographie
- Thierry BLANDIN - prise de son
- Isabelle MARTIN - montage