À l'heure où le foot business gangrène l'image du sport le plus populaire au monde, Éric Cantona, ex-star du ballon devenue acteur, entreprend de réveiller les consciences à travers les parcours courageux de cinq grands joueurs, tous internationaux, qui n'ont pas hésité à risquer leur carrière et leur sécurité au nom de leurs convictions. Seul dans un théâtre vide, "King Éric" convoque un à un ces "rebelles du foot" qui ont obéi, selon lui, aux valeurs profondes de ce sport : "solidarité, fraternité, liberté".

C'est ainsi qu'en 2004 l'attaquant de Chelsea Didier Drogba, star de l'équipe ivoirienne des Éléphants, ignore les mises en garde de son club et de ses agents pour lancer un appel à l'unité de son pays et demander aux deux parties qui s'affrontent de déposer les armes. Le Chilien Carlos Caszely, lui, membre de l'équipe nationale mais sous contrat dans un club espagnol, refuse en 1974, un an après le coup d'État du général Pinochet, de serrer la main de ce dernier. Sa mère sera arrêtée et torturée en représailles, et tous deux s'engageront, en 1988, en faveur du "Non" au référendum sur le maintien au pouvoir du dictateur. Trente ans plus tôt, en 1958, l'Algérien Rachid Mekhloufi, l'un des espoirs de l'équipe française, qui joue à Saint-Étienne, n'hésite pas à passer clandestinement la frontière française pour rejoindre à Tunis la jeune équipe du FLN.

Et en 1993, l'attaquant Predrag Pasic, Serbe de Sarajevo et ex-membre de l'ex-équipe yougoslave, choisit de rester dans sa ville bombardée et assiégée par les snipers pour y fonder une école de football multiethnique, plutôt que d'accepter le contrat que lui propose Stuttgart. Enfin, au début des années 1980, Sócrates, le capitaine de l'équipe des Corinthians, à São Paulo, est la figure de proue d'un mouvement qui défie ouvertement la dictature militaire. "Le Docteur", disparu en 2011, remporte alors des victoires spectaculaires à la tête d'une équipe autogérée qui s'est rebaptisée "Démocratie corinthiane". Et qui entre sur le terrain porteuse d'une banderole proclamant : "Vaincre ou perdre, mais toujours avec la démocratie"...

Compléments : Cantona et la Fondation Abbé Pierre (6') - Entretien avec Ken Loach (5') - Entretien avec Lilian Thuram (5').